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Pour l’abandon de la pratique des MGF: la Stratégie nationale et le Plan d’action lancés
Publié le jeudi 22 decembre 2022  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
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Il y a un fort engagement mondial pour l’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines (MGF). Le Sénégal n’est pas en reste. La ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants, Fatou Diagne Guèye, a procédé, hier, au lancement d’une nouvelle Stratégie nationale pour l’abandon de la pratique des MGF (2022-2023) assortie du troisième Plan d’action (2022-2026).

Le Sénégal s’engage davantage dans le cadre de la lutte contre les mutilations génitales. La ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants a procédé, hier, au lancement de la Stratégie nationale et le Plan d’action pour l’abandon des MGF. Il s’agit, souligne Fatou Diagne Guèye, de ‘’procéder à une synthèse lucide et méthodique’’ de l’ensemble des propositions et des mémorandums en vue d’asseoir un paquet de mesures préventives sur les menaces spécifiques pouvant peser sur les femmes et les jeunes filles.

‘’Nous sortons de la campagne des 16 jours d’activisme pour l’élimination des violences basées sur le genre (VBG). Et une campagne sera initiée par la ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants, afin de sensibiliser, mais aussi de mettre en œuvre des lois pour dire non aux violences VGB’’, a salué la présidente nationale du Comité de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, Penda Seck Diouf.

En effet, la stratégie a pour but de proposer un cadre de référence et une synergie des actions visant l’abandon des MGF pour les huit prochaines années (2022-2023). Il s’agit aussi d’améliorer l’impact de l’action du gouvernement et des acteurs non étatiques, avec l’appui des partenaires pour permettre aux filles et aux femmes du Sénégal de garder leur intégrité physique intacte. La Stratégie nationale et le Plan d’action pour l’abandon des MGF au Sénégal viseront particulièrement les secteurs qui ont un rôle important à jouer dans cette lutte : Santé, Éducation, Justice, Action sociale et Acteurs non-étatiques comme les leaders religieux et traditionnels. La société civile et les ONG ont aussi un rôle primordial à jouer.

Cette synergie d’actions se concentrera sur toutes les régions du Sénégal. Il faut noter que le taux de prévalence des MGF chez les femmes âgées de 15 à 49 ans au Sénégal est de 25,2 %, selon les données de l’EDS 2019, et de 16 % chez les filles de moins de 15 ans. La prévalence de l’excision des filles a connu une diminution entre 2012 et 2014.

En effet, elle est passée de 18 % en 2012 à 13 % en 2014. Néanmoins, de 2016 à 2018, elle s’est stabilisée à 14 % et a augmenté jusqu’à 16 % en 2019 chez les filles de moins de 15 ans. La même tendance a été observée pour la catégorie de femmes âgées de 15 à 49 ans. D’après l’Unicef/Unfa, les résultats au cours de ces 30 dernières années montrent que, sauf changement de politiques et d’approches, la prévalence de l’excision sera encore de 19 % à l’horizon 2030.

Kolda, Sédhiou et Matam ont connu une progression

L’âge de l’excision a beaucoup varié ces dix dernières années. Chez les femmes âgées de 15 à 49 ans, il se situe à moins de 5 ans pour la majorité, d’après le document relatif à la Stratégie nationale pour l’abandon des mutations génitales féminines. Qui note que près de 67 % des femmes excisées l’ont été en 2015 contre 84,9 % en 2019, passant par 72,2 % en 2016, 79,6 % en 2017 et 82,7 % en 2018. Chez les filles de moins de 15 ans, plus de 9,8 % ont été excisées à l’âge de 1 an en 2019, contre 8,5 % 2018 et 7,5 % en 2017.

En ce qui concerne la prévalence de l’excision selon les régions, d’après les données de l’EDS, le taux national chez les filles qui ont moins de 15 ans cache de grandes disparités régionales. Matam est la région la plus affectée, avec 77 %, suivie de Kolda (57 %) et de Sédhiou (48 %). La région de Ziguinchor suit avec un taux de prévalence de 37 %.

Une comparaison a été faite, de 2015 à 2019, sur les régions les plus affectées. Kolda, Sédhiou et Matam ont connu une progression non négligeable durant ces trois dernières années.

Raisons de la persistance

À noter que les mutilations génitales féminines (MGF) sont définies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme des interventions incluant ‘’l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes généraux féminins pratiquée pour des raisons non médicales’’.

Différents facteurs contribuent à la persistance de cette pratique. Les populations qui pratiquent les MGF considèrent cela comme une obligation religieuse, une aide à l’hygiène féminine ou encore un moyen de contrôler ou de restreindre la sexualité des femmes. Dans de nombreuses régions, cette pratique est souvent assimilée à un rite de passage marquant l’accès à l’âge adulte et au statut de femme.

Les MGF fonctionnent comme une convention sociale auto-imposée. Et elles assurent également une source de revenus aux praticien(ne)s communautaires qui effectuent les interventions, même si la pratique est surtout motivée par un soubassement cultuel et religieux. La réticence des femmes elles-mêmes à abandonner la pratique s’explique par le fait qu’elles la considèrent comme une tradition ancestrale transmise de génération en génération

Pourtant, cela n’est pas sans conséquence. ‘’Les MGF ne présentent aucun avantage pour la santé et sont préjudiciables, à bien des égards, à la vie et à la santé des femmes et des filles’’, selon les acteurs qui luttent contre ce phénomène.

Pour l’OMS, ‘’leurs conséquences immédiates et à long terme dépendent du type de MGF pratiquée, de l’expérience des praticien(ne)s, des conditions d’hygiène dans lesquelles l’intervention est réalisée, de la résistance et de l’état de santé de la personne qui subit l’intervention. Des complications peuvent survenir quel que soit le type de MGF, mais sont particulièrement fréquentes avec l’infibulation’’.

Ainsi, les MGF sont reconnues comme une violation des droits humains, des filles et des femmes comme l’indiquent nombre d’instruments internationaux et régionaux relatifs aux Droits de l’homme.

BABACAR SY SEYE
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