Son expérience pour la défense des droits de l’Homme est reconnue au-delà des frontières. Le ministre sénégalais de la Justice, ex-président d’honneur de la Fidh, s’appuie sur cet atout pour briguer le fauteuil de président de l’Assemblée des Etats parties de la Cour pénale internationale. Il motive sa candidature dans un texte intitulé «Mon ambition pour la Cour pénale internationale».
Le ministre de la Justice postule pour la présidence de l’Assemblée des Etats parties de la Cour pénale internationale (Cpi). «La candidature de cet ancien président de la Fédération internationale des droits de l’Homme (Fidh) a déjà reçu le soutien de plusieurs pays d’Europe, d’Amérique et d’Afrique», lit-on dans un communiqué. Cette candidature de Me Sidiki Kaba a été soutenue par Macky Sall.
Distingué sur le plan national et international pour «son combat sur tous les fronts concernant la défense et la protection des droits humains», Me Sidiki Kaba décline déjà ses ambitions. Dans un document intitulé «Mon ambition pour le Cour pénale internationale», le Garde des Sceaux partage sa volonté de «réconcilier toutes les régions avec la Cpi, notamment l’Afrique et l’Union africaine», «développer la coopération entre les Etats et la Cpi», «renforcer la complémentarité» et «travailler à l’universalité du statut de Rome».
Chez les Africains, il y a «une certaine perception de deux poids deux mesures dans l’administration de la justice internationale et cela a créé un raidissement donnant l’impression (inexacte) que la Cour est contre l’Afrique et qu’elle est une institution partiale, sélective, voire discriminatoire». La Cpi connaît des dossiers dans huit pays d’Afrique alors qu’en Syrie ou en Afghanistan où des crimes sont commis, elle n’intervient pas, relève Me Kaba. Cependant, défend-il, «la réalité est aussi de dire que la Cour a ouvert des analyses préliminaires sur d’autres situations comme en Colombie, Honduras et en Géorgie».
Un mandat sous le signe de la pacification
Me Kaba veut placer son mandat convoité «sous le signe du dialogue et de la pacification des relations entre celle-ci et l’Union Africaine, et avec tous les autres Etats de toutes les régions du monde». Il vise une meilleure synergie d’actions dans la lutte contre l’impunité et la recherche de la paix. La coopération étant pour l’avenir de la Cour pénale internationale un défi majeur et un pilier fondamental pour son bon fonctionnement, Me Kaba estime que «seuls les Etats parties peuvent combiner leurs efforts pour faciliter l’arrestation et le transfèrement des suspects devant la Cour». Pour y arriver, le juriste veut s’appuyer sur la coopération horizontale entre les Etats parties et la Cour pénale internationale, la coopération avec les Etats non parties, et la coopération multiforme.
Il compte faire en sorte que la coopération soit «effective, pratique et mesurable dans le but d’avoir une Cour pénale internationale qui, tout en continuant à utiliser de manière rationnelle et efficace les moyens qui lui sont annuellement alloués, disposera des ressources nécessaires pour accomplir son mandat». Me Sidiki Kaba veut aussi que le personnel de la Cpi, choisi selon la représentation géographique et du genre, ait les plus hautes qualités professionnelles et éthiques. Il compte aussi relever le défi de la participation des victimes, gage de la crédibilité de la Cpi et tient à ce que les Ong et associations de société civile puissent travailler librement et en sécurité dans les zones de conflits.
Sur le rôle de complémentarité de la Cpi, Me Kaba rappelle que «la Cour ne peut et ne doit être qu’un recours ultime contre l’impunité». «En effet, en ratifiant le traité de Rome, les Etats n’ont ni abandonné ni limité leur souveraineté», explique-t-il. Il compte donc proposer avec le concours des membres du bureau des stratégies de prévention et d’alerte précoce. «Je veillerai, sur la base des dernières résolutions de l’Assemblée des Etats parties, à ce qu’une assistance permanente soit assurée aux pays émergents, et en développement, qui le solliciteraient», promet-t-il. Il projette aussi le renforcement des capacités des acteurs de la Justice en Droit international humanitaire et en Droit pénal international.
L’autre chantier du candidat, c’est l’universalité du Statut de Rome. «Je travaillerai au quotidien à l’universalité du Statut de Rome en m’appuyant aussi bien sur les Etats parties que sur les Etats non parties. Il en sera de même avec les organisations intergouvernementales, les organisations de la société civile, pour atteindre l’objectif de ratification universelle du Statut de Rome par le plus grand nombre d’Etats et dans toutes les régions du monde», promet-t-il. Il a déjà un plan d’action articulé autour de réunions de coordination, l’élaboration d’une stratégie d’action pour les deux prochaines années et associer tous les acteurs étatiques et non étatiques.