Les femmes et les filles représentent la moitié de la population mondiale. L’égalité des sexes, devient ainsi un droit humain fondamental, essentielle à la mise en place de sociétés dotées de potentiel humain et de développement durable.
L'autonomisation des femmes participe à la productivité et à la croissance économique de chaque État. Dans un souci de mettre fin aux multiples formes de violences basées sur le genre, d'assurer aux femmes une éducation et une santé de qualité, d'assurer l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi et aux postes de direction et de prise de décision à tous les niveaux, entre autres, la CEDEAO a créé le centre de développement du genre, une agence spécialisée de la Cedeao créée en 2003 pour doter l'institution de mécanismes nationaux de promotion du genre.
Le Sénégal est un bon élève dans ce cadre. "Le Sénégal a ratifié tous les instruments, et la loi sur la parité, a permis de domestiquer ces lois. Et je pense que l’égalité des genres est l’une des meilleures dans la sous-région, dans l’Afrique d’ailleurs. Donc, le Sénégal est en avant dans la ratification, la domestication et la mise en œuvre des instruments », informe Awudu Ahmed Gumah, responsable de la planification –recherche –suivi et évaluation du centre de développement du genre de la Cedeao, basé à Dakar.Il explique que dans chaque État membre, il y a ce mécanisme qui existe tant au niveau gouvernemental qu’au niveau de la société civile. "Donc, un de nos rôles c’est de renforcer les capacités institutionnelles de ces mécanismes et on a des programmes qui nous permettent d’assurer ce renforcement des capacités", dit-il.
Toutefois, il estime que beaucoup d'efforts restent à faire pour arriver à la pleine égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes. Le premier obstacle à la mise en œuvre de ces mécanismes, assure Awudu Ahmed Gumah, "c’est d’abord le manque de volonté politique".
"Même si les États ratifient et assurent la domestication, il reste la mise en œuvre. Et à ce niveau, il faut une grande volonté politique. Et au-delà de ce volet, il y a le problème des ressources, parce que pour mettre en œuvre, il faut des ressources. Et beaucoup de pays n’arrivent pas à assurer la mise en œuvre de toutes ces lois qui ont été domestiquées à cause d’un manque de ressources", a affirmé M. Awudu, qui s’exprimait à l’occasion d’un atelier organisé par Equality Now.
Selon le responsable de la planification, recherche, suivi et évaluation du centre de développement du genre de la Cedeao, beaucoup de pays ne maitrisent pas la ratification et la domestication, même s’il existe beaucoup d’instruments. D'où la pertinence de cette rencontre organisée par l’organisme Equality Now pour permettre aux acteurs concernés de plancher sur le problème de l'égalité.
En effet, des études ont révélé qu'un large éventail de facteurs, dont les barrières socioculturelles, les croyances sociales, économiques, politiques et religieuses conservatrices, les pratiques traditionnelles néfastes et le manque de volonté politique, entravent la réalisation de l'égalité des sexes sur le continent africain. La promotion et la réalisation des droits des femmes et de l'égalité entre les sexes en Afrique est limitée par des systèmes normatifs formels et informels discriminatoires et les capacités insuffisantes des institutions régionales.
Dans le souci d'accélérer la réalisation de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes en Afrique, Equality Now en partenariat avec la Coalition SOAWR et avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), met en œuvre un projet visant à faire progresser l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes en Afrique.
"Le projet vise à renforcer la capacité des quatre communautés économiques régionales (CER) et de leurs partenaires régionaux à plaider et influencer leurs États membres pour qu'ils respectent leurs engagements en matière d'égalité des sexes et d'autonomisation des femmes, afin de contribuer à la réalisation de l'Agenda 2063 de l’Union Africaine (UA). Nous sommes sur la bonne voie parce que tous les États ont déjà ratifié et il y a pas mal de pays qui ont domestiqué. Donc, maintenant on cherche à créer un partenariat tant au niveau régional qu’au niveau national pour permettre d’avancer sur la mise en œuvre de ces instruments dans les États membres", a soutenu M. Gumah.