L’ambassadeur américain, Lewis Lukens, en fin de mission au Sénégal, a, en marge de son discours d’adieu prononcé hier, vendredi 23 mai au centre de recherche ouest africain (Warc), abordé un certain nombre de questions, sur lesquelles, il a estime que le Sénégal doit faire des progrès.
En marge de sa conférence d’adieu tenu hier, vendredi 23 mai au centre des recherches ouest africain (Warc), l’ambassadeur américain en fin de mission au Sénégal, Lewis Lukens a déploré la présence des ordres dans nos villes. «Les ordures que je vois chaque jour sont une immense source de déception pour moi, car je vois à quel point cela freine le Sénégal. Je pense que s’il y’a une chose qui s’est confirmée dans tous les pays où j’ai travaillé et vécu au fil des ans, c’est que l’environnement et l’image d’un pays vont de pair. Les entreprises qui réussissent, et les pays qui vont de l’avant, comprennent le lien entre environnement et santé. Les tas d’ordures qui jonchent le pays sont dissuasifs pour l’investissement et engendrent de sérieux risques pour la santé», a-t-il affirmé.
Des efforts dans la gestion des ordures
Lewis Lukens trouve que les premiers images des gens qui travaillent et la belle vue du littoral qu’offre notre pays à ses visiteurs s’effritent à la vue des nombreuses ordures qui jonchent les rues.
Face à un tel état de fait, Lewis Lukens appelle les Sénégalais à plus de responsabilité. «Je voudrais m’adresser à l’ensemble des Sénégalais et vous implorez de saisir l’importance qu’il y a à protéger la Terre Mère et à en prendre soin. Un avenir plus propre et plus sain commence avec chacun d’entre vous, et les choix que vous faites. Cela commence avec ce gobelet de café en plastique que vous décidez de jeter dans un réceptacle adapté et non sur le sol. Cela va également jusqu’à vos décisions sur comment et où construire une usine ou un centre de fabrication. Cela comprend aussi ce que vous enseignez à vos élèves et à vos enfants. Je sais qu’à un certain niveau, le gouvernement du Sénégal est conscient de ce problème et qu’il essaie de faire des efforts pour améliorer la situation. Mais, chacun d’entre nous a également une responsabilité », fait-il remarqué.
Progrès économique et commercial
La situation économique du Sénégal n’a pas manqué d’attirer l’attention de l’ambassadeur américain après trois années de séjour dans notre pays. Pour Lewis Lukens, le Sénégal occupe une place remarquable dans l’économie de la sous-région africaine à cause de sa stabilité politique, mais cela ne lui empêche pas d’affirmer qu’il reste encore des paliers à franchir.
«Le Sénégal a de grandes ambitions et de bonnes perspectives pour se développer encore davantage en tant que plateforme régionale de transport et de logistique. Mais il est également confronté à des défis économiques substantiels dans la poursuite de ces ambitieux projets. L’an dernier, le Sénégal a été classé 170ème sur 189 pays, dans le rapport Doing business de la Banque mondiale. J’ai entendu des réactions diverses au classement du Sénégal. Beaucoup de gens étaient vraiment perplexes, se demandant, comment un pays comme le Sénégal un leader dans sa région, doté d’institutions solides peut-il avoir un classement aussi bas ? Certains se sont plaints que l’index devait être biaisé et que les efforts du Sénégal n’étaient pas suffisamment reconnus. D’autres ont choisi de prendre ce rapport comme une critique constructive. Pour ces personnes-là, le Sénégal doit redoubler d’efforts pour améliorer l’environnement des affaires, afin de remédier à certains problèmes réels et d’améliorer son classement. Je trouve encourageant que cette réaction semble prévaloir et que le gouvernement semble réellement focalisé sur ces questions », indique Lewis Lukens.
Légalisation de l’homosexualité
L’ambassadeur Américain, est revenu dans son allocution sur la position du Sénégal de ne pas légaliser l’homosexualité, « Nous savons que le président Macky Sall a dit à notre président (Barack Obama, Ndlr) que cette question prendrait du temps au Sénégal. Mais, j’espère que l’attitude de tolérance du Sénégal ne fera que grandir et que ce pays continuera à être un leader dans la région. Etre un leader signifie se positionner d’un point de vue moral, même si cela s’avère difficile ou inconfortable. Je sais et je comprends que les questions sociétales telles que celle-ci sont abordées différemment selon les pays, en fonction des traditions religieuses et culturelles. Mais je pense aussi que l’égalité des droits pour les homosexuels est un mouvement inévitable de l’histoire, et j’espère que le Sénégal se tiendra à la pointe de ce mouvement. Prendre position face aux pays qui malmènent ou bafouent les droits de l’homme, c’est être un leader. Et je pense que le Sénégal peut jouer un rôle de leadership important dans ce domaine dans l’avenir », a t-il affirmé.
Dans sa déclaration d’adieu, Lewis Lukens n’a pas manqué de louer le leadership du Sénégal dont il met l’accès sur le professionnalisme de ses militaires et leur rôle dans le maintien de la paix dans le monde.
Lewis Lukens s’est également réjoui du « niveau élevé et du bilan solide en matière de bonne gouvernance faisant selon lui que le Sénégal «a réussi à conserver un gouvernement ouvert», faisant de votre pays «un leader respecté dans la sous région ».