La situation économique des pays de l’Afrique subsaharienne n’est pas reluisante. Le Fmi, qui a présenté hier son rapport sur les perspectives économiques de la région, constate que la croissance va ralentir fortement, passant ainsi de 4,7% en 2021 à 3,6 en 2022.
S’agissant du Sénégal, il a été noté une croissance au-dessus de la moyenne des pays de la région, entre 4 et 5%.
Un ralentissement économique assez fort en Afrique subsaharienne. C’est ce que révèle le rapport du Fonds monétaire international (Fmi) sur les Perspectives économiques de la région intitulé «Sur la corde raide».
Malgré tout, «les perspectives dans la zone Uemoa sont plus fortes que la moyenne en Afrique». Au Sénégal, par exemple, il a été noté «une croissance au-dessus de la moyenne des pays subsahariens, entre 4 et 5%».
Luc Eyraud, chef de division des études régionales au département Afrique du Fmi, invoque ainsi le fait que «certains pays ont une bonne gestion macroéconomique, il y a un niveau de soutien par les Etats de l’activité qui reste assez fort».
L’Afrique subsaharienne, qui a été touchée de plein fouet par les crises, va, par contre, voir cette année, sa croissance «ralentir fortement de plus d’1 point de pourcentage, à 3,6%». Le fonctionnaire de l’institution de Bretton Woods explique que «le ralentissement international, un resserrement des conditions financières mondiales et une hausse spectaculaire de l’inflation mondiale se propagent dans une région déjà éprouvée par une série ininterrompue de chocs». A cela, Luc Eyraud ajoute les «difficultés d’accès aux marchés internationaux». Une situation qui a, selon l’expert, conduit à la «hausse des prix des produits de base, des produits alimentaires qui renchérissent la facture d’importation pour beaucoup de pays africains». Dans le rapport, il est noté que les «perspectives à court terme sont extrêmement incertaines». «Concrètement, les perspectives de la région sont étroitement liées à l’évolution de l’économie mondiale, alors que, sur le plan local, la situation sociopolitique et sécuritaire de nombreux pays demeure particulièrement délicate», a-t-on précisé dans le document.
Défis à relever
Après avoir dressé ce tableau sombre, le Fmi estime que «les mesures prises devront créer les conditions d’une reprise durable (se mettre hors de danger)». Ainsi, fait savoir le Fmi dans son document, «l’Afrique subsaharienne doit répondre à quatre grandes priorités pour les politiques publiques». La première, soulignent les auteurs du rapport, c’est de «remédier à l’insécurité alimentaire». Partant du fait que «la région compte 123 millions de personnes en situation de grave insécurité alimentaire», le Fmi fait remarquer que «la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie met des vies en danger». Alors que, souligne-t-il, «ce problème est une priorité manifeste et la capacité des pays à étoffer rapidement les dispositifs de protection sociale est bien souvent limitée». Selon Luc Eyraud et ses collaborateurs, «c’est pourquoi certains pays se rabattent sur des mesures de soutien moins bien ciblées et onéreuses». Ces dernières, soutiennent-ils, «surtout l’aide alimentaire, sont probablement nécessaires dans l’état d’urgence actuelle ; néanmoins, elles devraient à terme, être supprimées progressivement et remplacées par d’autres mesures mieux ciblées, afin de faire en sorte que les maigres ressources disponibles soient acheminées vers les personnes qui en ont le plus besoin».
Pour ce qui est de la deuxième priorité, le Fmi conseille aux pays de lutter contre l’inflation. D’après M. Eyraud, «il faut augmenter les taux d’intérêt de façon graduelle, de façon prudente, pour faire en sorte que cette inflation ne dérape pas et ne devienne pas incontrôlée et rééquilibrer la finance publique». Concernant la troisième priorité, faisant savoir que la dette publique dans la région subsaharienne «a augmenté de façon très significative», en doublant sur les 10 dernières années, le chef de division des études au Fmi estime qu’il «faut rééquilibrer les finances publiques et dans certains pays où la dette est insoutenable, il faut s’adresser aux créditeurs internationaux pour un report des échéances et restructurer la dette». Pour ce qui est de la quatrième priorité, elle suggère de «créer les conditions d’une croissance durable et plus verte». Selon les auteurs du rapport, «une croissance de qualité est depuis toujours une priorité pour la région, mais le contexte des réformes a énormément changé du fait du changement climatique». Ainsi, d’après eux, «investir dans des infrastructures résilientes et vertes est devenu de plus en plus important». Pour y arriver, le Fmi estime que «des financements privés innovants et des réformes du secteur de l’énergie seront indispensables pour exploiter les abondantes sources d’énergies renouvelables de la région, voire pour dépasser les modèles de croissance reposant sur des combustibles fossiles».
Par Dieynaba KANE -dkane@lequotidien.sn