Les études sur les impacts intergénérationnels des chocs sur la pauvreté des ménages au Sénégal, menées par le Laboratoire de Recherche sur les Transformations Economiques et Sociales (Lartes/Ifan), montrent que les sinistres maintiennent les ménages démunis dans un cercle vicieux de pauvreté. Selon ces mêmes études restituées hier, vendredi 23 mai, à l'occasion d'un atelier, les jeunes développent beaucoup plus des stratégies de résilience, mais cette agilité à dompter les phénomènes de crises les retiennent dans une pauvreté transitoire endémique.
Les chocs liés aux incendies, aux inondations, aux pertes de récoltes et aux maladies qui ont un rapport avec les changements climatiques maintiennent les ménages démunis dans une pauvreté endémique. Cela est dû au fait qu’ils investissent une bonne partie de leurs ressources pour survivre aux chocs. Malheureusement, ces stratégies ne sont pas durables et ne font qu’aggraver leur vulnérabilité, dès qu’ils rencontrent d’autres incidents. C’est ce qui ressort de l’étude sur les impacts intergénérationnels des chocs sur la pauvreté des ménages au Sénégal menées par le Laboratoire de Recherche sur les Transformations Economiques et Sociales (Lartes/Ifan). La restitution des travaux a été faite hier vendredi, en présence de Souleymane Diallo, Directeur de Cabinet du ministre du Plan, Hamady Bocoum, Directeur de l’Ifan Cheikh Anta Diop, Giovanna Barberis, Représentante Résidante de l’Unicef au Sénégal, ainsi que du Directeur du Lartes/Ifan, Abdou Salam Fall et de nombreux participants.
Se prononçant sur l’importance d’une telle étude, le Directeur du Lartes/Ifan, Abdou Salam Fall, sociologue et coordinateur du travail a indiqué que cela répond à «la nécessité pour les scientifiques de mettre à la disposition des décideurs des analyses renouvelées sur les enjeux de développement de notre pays». A l’en croire, cette présente étude «ouvre de nouvelles perspectives quant à la connaissance des facteurs de basculement dans la pauvreté ainsi que les formes de résilience développées par les acteurs, notamment les acteurs jeunes».
Selon les initiateurs des travaux financés par l’Unicef, c’est sur la base d’une grande enquête réalisée par le Lartes/Ifan, entre 2008-2009 sur les vulnérabilités et la pauvreté chronique, que ces analyses ont été faites. A partir de ce soubassement, ils en ont déduit que les pauvres sont moins résistants aux sinistres que les personnes les plus aisées, parce qu’ils ont moins de moyens de production pour refaire surface en cas de chocs. En plus, les jeunes générations sont plus exposées aux chocs climatiques et à la pauvreté, même si cette dernière est transitoire. Cela, dans la mesure où, plus on avance dans les générations, plus on a la chance de connaître des chocs dus aux changements climatiques. Autres aspects démontrés, c’est qu’on reste plus longtemps en pauvreté lorsqu’on a connu un sinistre, tel qu’après une maladie liée aux changements climatiques. Sur les raisons, il est établi qu’on investit une bonne partie des ressources aux soins, par conséquent, on devient plus exposé à la pauvreté.
Autant d’éléments de réponses qui ont incité le Lartes/Ifan à stipuler, dans les implications politiques, que «la question de la pauvreté ne peut être résolue sans un ciblage précis des situations de référence selon les générations». Mieux, il est énoncé que «pour éviter une forte exposition aux chocs, il est nécessaire de développer des formes de solidarité verticale qui avaient tendance à disparaître alors que la solidarité horizontale ne suffit pas pour rompre les vulnérabilités». Dans le même ordre d’idée, il a été proposé que les aides destinées aux sinistrés soient mises en place afin d’éviter des basculements dans la pauvreté. Mieux, que les résultats de la présente étude soient vulgarisés auprès des acteurs sensibles aux changements climatiques pour que l’amplitude de l’exposition des enfants soit prise en compte dans leurs analyses et actions.