L’hivernage de cette année a été d’une rare abondance. Plusieurs millimètres d’eau ont été enregistrés durant la saison des pluies. Pour les paysans, cette pluviométrie abondante est source d’inquiétudes, puisque comportant des conséquences négatives sur leurs productions.
L’hivernage de cette année n’est toujours pas terminé dans la Petite Côte. Cette semaine seulement, des averses sont tombées dans le département, au moment où les cultivateurs se souciaient déjà du trop-plein d’eau dans les champs. Ces derniers s’étaient habitués à la production de cultures appelées hâtives qui ne nécessitaient pas beaucoup de millimètres de pluie. Mais, cette année, il a beaucoup plu dans le département de Mbour, à tel enseigne que les paysans ne dorment plus que d’un seul œil, de peur de se retrouver avec leurs productions détruites par les dernières pluies, s’il en avait.
‘’Dans le monde rural, vu le déficit pluviométrique des dernières années, les paysans avaient l’habitude d’exploiter des cultures hâtives. Malheureusement, cette année, les averses ont été trop abondantes. Et à cause de l’excès de la pluviométrie, les cultures n’ont pas connu une croissance normale et celles qui s’étaient échappées ont muri en pleine période de pluies’’, fait savoir Nicolas Bakhoum du village de Roff, dans la commune de Malicounda.
Selon ce paysan du village qui se situe au sud de la commune de Mbour sur l’axe de Joal, ‘’la conséquence directe de cet excès de la pluviométrie est que la moisson n’a pas été bonne. Dans plusieurs parties du Sénégal, il sera difficile d’atteindre la quantité de l’année dernière’’, estime M. Bakhoum.
D’ailleurs, selon lui, ‘’pour l’arachide, c’est quasiment la même la chose. À cette période de moisson, la pluie n’est pas bonne pour le foin. Elle le rend noirâtre et presque impropre à la nourriture des animaux’’.
Dans ce sens, le paysan n’est pas très optimiste quant à la qualité de la production de cette année, puisqu’il estime déjà que ‘’les moissons de cette année ne sont pas bonnes’’. Pis encore, explique Nicolas Bakhoum, ‘’avec le ciel menaçant, on dirait que ce n’est pas encore la fin de l’hivernage’’. De ce fait, se lamente-t-il, ‘’pour se départir de l’exploitation des cultures hâtives, on avoue que ce sera très difficile, puisqu'une partie de la main-d’œuvre est constituée par des élèves qui ont déjà commencé l’année scolaire, avec l’ouverture des classes depuis quelques semaines’’.
Donc, précise le cultivateur, ‘’pratiquer les cultures de long cycle est aussi beaucoup plus risqué, car à une certaine période de l’année, la main-d’œuvre se fait réellement désirer dans la campagne’’.
Cette situation vient s’ajouter à un lot de difficultés vécues par les paysans du monde rural sénégalais. Ces difficultés qui sont liées à une insuffisance des intrants, semblent également corroborer les complaintes de Nicolas Bakhoum. À l’en croire, ‘’pour ce qui est des semences, nous les achetons, à défaut d’en garder après les moissons. Les semences sont achetées au marché hebdomadaire. Il n’y a que le sorgho que nous achetons auprès des représentants de l’État. Sinon, nous épargnons des semences chaque année’’.
Dans le même sens, ajoute-t-il, ‘’concernant l’engrais, nous n’avons rien. Même si, compte tenu de la nature du sol qui est fertile, l'engrais n'est utilisé que dans la culture maraîchère. Pour ce qui est des semences, nous ne les voyons qu’à la télé et les entendons à la radio. La culture du petit mil et du sorgho est privilégiée, même si nous cultivons du haricot et de l’arachide’’.
De plus, poursuit M. Bakhoum, ‘’vu la nature du sol qui est argileux, nous ne pouvons pas cultiver trop d’arachide, car durant le mois d’octobre qui correspond à la récolte, le sol argileux est quasiment impraticable’’, se désole-t-il.