Il y’a quelques mois, l’État du Sénégal avait annoncé sa volonté de mettre fin à la gratuité de l’eau à Touba, située à 194 km de Dakar, avec une population estimée à près de 800 000 habitants. Et voila que ce débat refait surface avec la Cour des comptes qui demande au ministère de l’Eau et de l’assainissement de «prendre les dispositions idoines pour une inclusion de Touba dans le périmètre de l’hydraulique urbaine». L’institution supérieure de contrôle rappelle que «la ville de Touba bénéficie de la gratuité de l’eau en dépit des importantes charges d’investissement et de gestion. L’Etat y a financé d’importantes infrastructures hydrauliques constituées d’une trentaine de forages, de près de 1000 km de branchement réseau, la régénération des forages ainsi que la surveillance et la maintenance du réseau.
« L’eau est gratuit à Touba depuis l’indépendance du Sénégal alors qu’il s’agit de la ville la plus peuplée de notre pays après la capitale mais selon des informations cela ne saurait prospérer éternellement. Cette situation ne peut pas durer a prévenu Mansour Faye, ministre sénégalais de l’hydraulique et de l’assainissement, qui ajoute qu’en raison des nombreux branchements clandestins, « personne ne maîtrise le réseau ». Dans cet élan, l’Etat envisage également le transfert de l’eau à partir de Touba Bogo, voire à partir d’une déviation de la conduite du Lac de Guiers à hauteur de Kébémer, ainsi que l’extension substantielle du réseau dans la ville. En outre, à l’occasion des évènements du Magal, l’Etat octroie des subventions à l’Office des forages ruraux (Ofor).
En dehors de ces subventions à l’occasion du Magal, il y a la mise en place d’un fonds d’avances à régulariser et d’un dispositif de bâches et de camions citernes, une campagne de branchement non planifiée ainsi que la prise en charge des factures d’électricité des forages pour un montant annuel avoisinant 1,8 milliard de francs Cfa. Même si les comités de gestion ont tenté de sensibiliser les populations pour faire supporter une participation volontaire aux ménages et des forfaits aux usagers industriels et commerciaux à raison de 30 000 francs pour les banques, 35 000 francs pour les stations essence et 7500 francs pour les boulangers, cette contribution reste encore modique.
A cet égard, il est injustifié que des unités industrielles et commerciales consomment l’eau du réseau sans une contrepartie financière équivalente». Selon le rapport, à l’état actuel, des études techniques approfondies sont en cours de réalisation en vue de bâtir un grand projet d’investissement pour couvrir de manière durable, les besoins en eau de Touba. En outre, elle annonce que d’autres études à caractère institutionnel et financier suivront pour suggérer de manière pertinente et faisable le mode de gestion adéquat».