Déjà fragilisée par l’inflation provoquée par le conflit ukrainien, une partie de l’Afrique va devoir composer avec la limitation des exportations de riz venu d’Inde…
Alerte sur le yassa ! Branle-bas de combat pour le tiguè-diguè ! Jollof en danger ! L’Afrique n’a pas fini de constater les effets de la guerre d’Ukraine sur les courbes des prix, que déjà d’autres perturbations s’annoncent déjà. En négociant, avec Vladimir Poutine, la libération de stocks de céréales et de fertilisants bloqués depuis le déclenchement de son « opération militaire spéciale » en Ukraine, le président en exercice de l’Union africaine imaginait-il, en juin, que son thieb du week-end pourrait être menacé par des acteurs plus orientaux ?…
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C’est d’Inde qu’est venue l’information inquiétante. Après des alertes au mois de mai, l’immense pays d’Asie du Sud vient de confirmer la limitation de ses fournitures de riz à l’Afrique, notamment par l’interdiction de l’exportation des brisures de cette céréale prisée des Ouest-Africains, et par l’instauration d’une taxe de 20 % sur les exportations d’autres types de riz de qualité supérieure.
Une opportunité ?
Rien à voir, cette fois, avec un conflit, même si New Delhi ne manque pas de sources de tensions avec ses voisins. Ce sont les effets de la sécheresse qui obligent le premier exportateur mondial de riz à réduire la vente à l’étranger de sa production perturbée. Or des nations comme le Sénégal sont largement dépendantes de cette source d’approvisionnement : sur la campagne 2021-2022, c’est 1 million de tonne que le pays de la Teranga a importé d’Inde. Au Bénin, 75 % du riz consommé vient du pays du Mahatma Gandhi…
Malheureusement, le chemin vers la pénurie sera pavé d’une raréfaction qui entretiendra le cycle inflationniste actuel… Avec le renchérissement du blé européen et du riz asiatique, le conjoncturel (guerrier) ou le structurel (climatique) interroge les habitudes de consommation, l’intérêt d’avoir mondialisé les goûts et le risque des circuits commerciaux longs. Les restrictions indiennes à l’exportation doivent-elles être perçues comme une opportunité pour l’Afrique ? Une chance pour des plats aux ingrédients plus locaux, légumes et céréales dits « indigènes » – mil, fonio, teff ou sorgho – ou du riz cultivé en Afrique ?... suite de l'article sur Jeune Afrique