Dakar (Sénégal) - Les enfants qui ont subi des chocs climatiques comme inondations et incendie pendant leur enfance courent plus de risque d’être pauvres que ceux qui n’en ont pas subi, a révélé vendredi à Dakar une étude sur la pauvreté des ménages au Sénégal.
«Avoir subi un choc climatique à l'enfance augmente les chances d'être pauvre par rapport à ceux qui n'en ont subi aucun à partir de la génération 1949-1958. Par contre, dans toutes les générations ceux qui ont subi deux chocs ou plus ont plus de chances d'être pauvres (notamment pauvre chronique) comparativement à ceux qui n'ont pas connu de chocs», souligne l'étude.
Réalisée par le Laboratoire de Recherche sur les Transformations Economiques et Sociales (ALRTES) de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, l'étude sur les «impacts intergénérationnels des chocs sur la pauvreté des ménages au Sénégal: Cas des inondations, incendie, perte de récoltes» a été restituée ce jour à Dakar.
Le document révèle que l'écart entre la proportion de pauvres parmi ceux qui n'ont pas subi de choc et ceux qui ont subi les chocs augmente en passant des anciennes à la nouvelle génération, dénotant ainsi un impact intergénérationnel croissant de chocs d'ordre climatique sur la pauvreté.
«Ces jeunes générations sont aussi les plus exposées aux chocs climatiques dans la mesure où l'occurrence des chocs augmente en passant des générations 1918-1928 à celle de 1988-1989. Ainsi, dans la première génération, 29 % des personnes ont déjà connu au moins un choc alors que tous les éléments de la dernière génération ont déjà subi au moins deux chocs dans leur vie», a dit Dr Rokhaya Cissé du LARTES qui présentait l'étude.
L'analyse de l'incidence de la pauvreté montre qu'au moins 55 % des individus de chaque génération sont pauvres (chronique ou transitoire) et que l'incidence de la pauvreté chronique atteint 40 % dans les différentes générations.
La dynamique de l'incidence de la pauvreté baissant de 55 % dans la génération de 1918-1928 à 100% pour la génération de 1989-1998, ce sont donc les jeunes générations qui sont les plus exposées à la pauvreté.
«Parmi les pauvres environ 19,5% sont des individus vulnérables et 34,5% des pauvres. On observe toutefois 46% de non pauvres dans l'échantillon. Alors qu'à Dakar 32 % de la population sont classés comme pauvres, 40% de la population des villes de l'intérieur sont dans cette situation et surtout 78% des ruraux», a poursuivi le Dr Cissé.