Pour son retour au pays, après une première année réussie en Nba, l’international sénégalais des Wolves de Minnesota, Gorgui Sy Dieng, a organisé un camp de basket le week-end dernier dans sa ville natale de Kébémer. Une rencontre sous forme de Vsd et où il a pu communier avec ses proches, avec au programme : l’inauguration d’un terrain de basket, des dons d’équipements aux jeunes et à la maternité de la ville. Et cerise sur le gâteau, des séries de matchs de basket avec en guest-star, Petit Go, le natif de Kébémer. Reportage.
De Kébémer à Minnesota ! Beaucoup de kilomètres entre les deux différents mondes. Mais unis par la balle orange et cela grâce au destin d’un homme : Gorgui Sy Dieng.
Ce samedi 17 mai 2014, à 11 heures, on est à Kébémer, à plus de 160 kilomètres de la capitale sénégalaise et sous une forte canicule, qui avoisine les 40 degrés. On est dans la ville de l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade. On est aussi dans le fief natal du pivot des Wolves de Minnesota. Celui qui, pour sa première saison en Nba, a été désigné sixième meilleur rookie (meilleur jeune joueur).
En mars dernier, après avoir enchaîné ses premiers matchs comme titulaire en Nba, Gorgui Sy Dieng entre dans l’histoire de la League comme le cinquième meilleur jeune joueur à avoir réalisé 20 unités en points et rebonds, pour sa première saison.
Petit Go, le surnom donné par les habitants de Kébémer
Cette année, Gorgui Sy Dieng a cumulé 60 matchs dont 15 comme titulaire. Il est à 5 rebonds par match en moyenne pour 4,8 points par match. Suffisant pour devenir le symbole d’une belle réussite.
Car entre 2009, moment de son envol, et aujourd’hui, Petit Go, a bien grandi. Cinq ans pour devenir le héros de toute une ville. Une idole. Même si le bonhomme est resté le même. Rien n’a changé. A l’exception de son image de star de la Nba qui lui colle à la peau.
A Kébémer, Gorgui vit pleinement en famille
A Kébémer, Gorgui vit chez ses parents, en compagnie de frères et sœurs et autres oncles et tantes, en passant par les cousins et cousines, jusqu’aux voisins et autres amis d’enfance. Ici, on connaît Petit Go. «C’est son surnom. Tout le monde l’appelle comme ça. Depuis qu’il est gosse. Il n’y a rien qui puisse changer cela. Et quand il vient à Kébémer, il vit en famille comme vous l’avez constaté», témoignent certains membres de la famille. Du coup, on est loin de la vie dorée des gratte-ciel du pays de l’Oncle Sam et autres reluisants parquets de la Nba. Loin des stars américaines qu’il côtoie au quotidien depuis plusieurs années.
«De tout ce que je peux avoir dans la vie, Kébémer passe avant tout»
Une ville bercée par les braiments des ânes que l’on croise facilement dans chaque coin de rue, les charrettes, les motos Jakarta. Ici, Petit Go est dans la ville de ses ancêtres. Là où on joue également au basket pour devenir l’un des meilleurs dans la planète de la balle orange.
C’est justement dans cet environnement que Petit Go a appris à flirter avec la balle orange. Suffisant pour l’honorer. «De tout ce que je peux avoir dans la vie, la ville de Kébémer passe avant tout. Je suis Sénégalais et je souhaite également réaliser d’autres projets pour les autres villes du Sénégal», rêve-t-il.
«Les gens connaissent maintenant Kébémer au sein de la Nba»
Après Me Wade, c’est au tour de Petit Go de porter haut le flambeau de Kébémer. «Les gens connaissent maintenant Kébémer au sein de la Nba et cela grâce à Gorgui Sy Dieng», disait Amadou Gallo Fall, le fondateur de Seed academy basketball de Thiès et vice-président de la Nba. Malgré tout, Petit Go n’a rien changé de ses habitudes. Aux petits soins de ses invités, il n’hésite pas à débarrasser la table ou encore faire la course au marché pour racheter quelques produits manquants. Pendant trois jours, le natif de Kébémer a convié les acteurs de la balle orange chez lui, pour communier autour d’un idéal commun. Pris en charge totalement, les jeunes de Kébémer, aux côtés d’autres venus de Thiès, Dakar ou encore de Saint-Louis, accompagnés de techniciens ou encore d’anciens basketteurs, ont vécu une belle aventure en compagnie du pivot des Wolves.
«J’ai été frappé par la souffrance des gens»
Pour son premier grand retour chez lui, l’enfant de Kébémer tenait à rendre la monnaie à ses pairs. Cinq ans après son départ, Gorgui Sy Dieng espérait retrouver une autre image de sa ville natale. Malheureusement, rien n’a changé. Sinon, les choses sont devenues insurmontables. A longueur de journée, le bonhomme est saisi des difficultés de la vie que rencontrent proches, voisins et autres anonymes. «J’ai été frappé par la souffrance des gens. Les besoins sociaux, ici, c’est au quotidien. Je ne pouvais pas imaginer que les gens souffraient autant. C’est vrai que nous sommes dans un pays sous-développé, mais il y en a qui n’ont vraiment pas de quoi manger. Certains hésitent même à t’en parler», raconte-t-il, tout en assurant faire toujours le maximum pour leur rendre le sourire le temps d’une période. «Je ne peux pas tout faire. Mais au moins, je dois partager ce que Dieu m’a donné avec les gens qui en ont besoin. Il y en a qui sont malades et n’ont même pas de quoi s’acheter les médicaments. C’est très difficile», dira-t-il. De nature discrète, le pivot des Wolves entend tout mettre en œuvre pour venir en aide à la ville de Kébémer.
Des équipements à la maternité de Kébémer
Au cours du camp de basket, Gorgui Sy Dieng a tenu à offrir un lot de matériels à la maternité de Kébémer. En partenariat avec le ministère de la Santé, il symbolise une collaboration qu’il souhaite pérenne. «C’est la première chose que je voulais réaliser pour Kébémer. Par la force des choses, il y a eu le terrain. Ce qui reste aussi une bonne chose pour les nombreux jeunes qui aspirent à jouer au basket. Cela va leur permettre d’avoir une infrastructure pour vivre pleinement leur passion», souligne-t-il.
Au-delà de ce geste envers la maternité qu’il juge «minime» face aux nombreux besoins, Petit Go a déjà pu rassembler un équipement médical comprenant des lits et autres médicaments pour la structure. Avec l’aide de partenaires à l’étranger qu’il a connus alors qu’il jouait encore à Louisville, il a pu payer une partie de l’enveloppe estimée à 50 000 dollars (25 millions Cfa). Le matériel est attendu en juillet prochain. «Je suis allé faire un tour à l’hôpital et j’ai constaté que les besoins étaient énormes. Il n’y a rien pour soigner les malades. Les gens manquent de tout. Je ne peux pas tout faire, mais il y a lieu de faire quelque chose», confie-t-il. Pour trouver d’autres fonds, le pivot des Wolves entend «vendre aux enchères» certains de ses maillots aux Etats-Unis.
Un terrain de basket pour les jeunes
En plus d’un don à la maternité de Kébémer, Gorgui Sy Dieng a tenu à rénover le terrain de basket de la ville. Un geste à l’endroit des jeunes pour leur apporter un outil d’excellence. «C’est de notre responsabilité de faire ce genre de choses. Que ce soit moi ou quelqu’un d’autre, notre rôle c’est d’accompagner les jeunes. D’autant plus que nous le faisons pour notre pays», dira-t-il. Entièrement financé sur fonds propres, le terrain de basket permettra de redynamiser le basket au sein de la ville de Kébémer. «C’est un outil très important et c’était nécessaire de réfectionner ce terrain en y installant de nouveaux panneaux», renchérit Fadiaw Camara, ancienne basketteuse et membre du Comité régional de basket de Kébémer.
Tout un symbole, car c’est dans ce terrain qu’il a appris à jouer au basket. «C’était loin d’être un terrain digne de ce nom. Mais les gens n’avaient pas le choix. Dès qu’il a eu l’opportunité d’aller aux Etats-Unis, il a pris l’engagement de le rénover. Aujourd’hui, on peut vraiment se réjouir d’un tel terrain. Les jeunes de la ville peuvent vraiment en bénéficier», témoigne l’ancienne joueuse de Municipalité basket club de Kébémer (Mbck), aujourd’hui coach de l’équipe féminine.
Pour le dernier acte de la cérémonie le lendemain dimanche, dans l’après-midi, le pivot des Wolves n’a pas pu résister à «son» terrain. Il a assuré le spectacle par des dunk et autres passes lors du match de gala opposant l’équipe de Kébémer à celle des jeunes pensionnaires de Seed. Pour clore le spectacle, Petit Go a inscrit le dernier panier du match avec un tir primé au buzzer.
A l’issue du match, les jeunes basketteurs ont eu droit à plusieurs récompenses. Le trophée Mvp de la première édition est allé au jeune Omar Samb. Pivot et doté d’une bonne maîtrise technique et physique, le gamin a étalé sa classe sur le nouveau parquet de la ville pour surprendre le jury. Certainement, le prochain Gorgui Sy Dieng de la ville de Kébémer. En attendant l’année prochaine. «Je souhaite faire ça chaque année. Si je pouvais le faire trois fois dans l’année, je le ferai», promet Petit Go. Il faisait 20h ce dimanche, la fête venait de prendre fin. Kébémer avait fini de dérouler le tapis rouge à son fils.