L’édition 2022 du Mawlid al Naby, qui ouvre l’ère d’un cycle d’au moins 10 ans de célébration en plein hivernage, remet sur le tapis l’ennuyeuse équation de l’assainissement de la capitale de la Tijaniyya. Une problématique qui laisse apparaître une crainte majeure d’inondations, ce qui serait très désobligeant d’autant que la Cité de Maodo accueille à cette occasion, des millions de pèlerins. D’où la nécessité de prendre toutes les dispositions, mobiliser tous les moyens nécessaires pour parer à toutes les éventualités.
Par Cheikh CAMARA – Tivaouane-La-Pieuse s’apprête à accueillir, avec la célébration du Mawlid, des millions de fidèles qui, en majorité, campent et cuisinent à l’air libre ou sous des tentes de fortune. Une ville sainte au réseau d’assainissement défectueux, qui compte beaucoup de bas-fonds et de zones inondables, et mérite un programme spécial d’assainissement. Dans l’urgence, l’équation des eaux pluviales et celles usées nécessiterait une mobilisation et une synergie entre l’Etat, les collectivités territoriales, le secteur privé, les autorités religieuses et les populations, entre autres. Les Tivaouanois se rappellent que la «commune a bénéficié d’un programme d’assainissement lancé en août 2018 par l’ancien ministre de l’Assainissement et qui devait durer 18 mois». Mais, de regretter que «4 ans après (août 2018/septembre 2022), ce programme, financé à hauteur de 4 300 000 000 F Cfa, peine à être bouclé». Moulay Abdoul Aziz Diop, petit-fils de Maodo, membre de la cellule de communication et du comité scientifique de la Hadratoul Malikya, confirme que «le programme d’assainissement n’est toujours pas achevé, alors que les délais d’exécution étaient fixés à 18 mois. Il ne couvre que 10 quartiers sur les 72 et ne prend en charge que la problématique des eaux usées, laissant en rade celle des eaux pluviales». Ce programme s’inscrit dans le cadre du programme d’assainissement de 10 villes du Sénégal et est financé à hauteur de 70 milliards de F Cfa par l’Etat du Sénégal avec le concours de la Banque ouest-africaine de développement (Boad). Les coûts des travaux spécifiques de Tivaouane sont estimés à plus de 4 milliards de F Cfa. Ils visent la réalisation de 16,53 km de réseaux d’eaux usées, 1558 branchements domiciliaires, deux stations de pompage, 50 édicules scolaires devant impacter 5000 élèves, une station d’épuration d’une capacité de 2100 m3/jour dans la ville de Tivaouane. L’objectif visé est d’améliorer les conditions de vie de plus de 22 000 personnes et l’assainissement d’une dizaine de quartiers de la ville de Tivaouane. Il s’agit de Ndiandakhoum, Lamsar, Jaalo, Kouly, Tivaouane Wolof, Escale, Ndoute, El Hadji Malick Sy, Médine, Keur Matar. Et au-delà de cet aspect, les réalisations devraient permettre d’éliminer les réseaux d’eaux usées ménagères, les stagnations d’eaux sur la voie publique, mais aussi de limiter l’exposition des populations au péril fécal. Mais, 24 mois après le lancement des travaux, force est de constater que les chantiers sont encore loin d’être achevés. Selon lui, «un état des lieux réel s’impose près de 3 ans après le lancement des travaux. Le quartier Nodal Kogne Jakka, où sont implantés les mosquées et l’essentiel des résidences des dignitaires religieux, n’est pas encore pris en compte. En plus des quartiers qui sont dans les bas-fonds».
Urgences
Les fortes précipitations qui se sont abattues sur Tivaouane ont mis à nu la vulnérabilité de la cité religieuse, en ce qui concerne les questions d’assainissement. En effet, après chaque pluie, presque, plusieurs quartiers sont envahis par les eaux de ruissellement, notamment Djiddah, Keur Khaly, Kouly, etc., causant beaucoup de désagréments aux populations, au niveau de certains endroits de la ville où se déploient, souvent, les sapeurs-pompiers pour procéder à l’évacuation des eaux avec des motopompes, mais la tâche est rendue très difficile par l’absence de déversoirs. C’est dire que la cité religieuse est victime aujourd’hui de ce manque manifeste de réseau d’assainissement. L’acteur de la Société civile, qui alerte sur la question depuis 2016, estime qu’il est temps de mettre en place un système d’assainissement adéquat et fonctionnel, pour mettre définitivement un terme au calvaire des populations. D’après lui, il urge que l’Etat, «en synergie avec les communautés religieuses, fasse de l’assainissement global (eaux pluviales et eaux usées), une priorité, voire même une urgence, pour venir en appoint aux communes qui abritent les cités religieuses, et qui n’ont pas les moyens de régler les problèmes d’assainissement de manière structurelle».
Correspondant