Dakar, 10 sept (APS) – Le sociologue Abdou Khadre Sanoko propose, dans une interview publiée, samedi, par le journal Le Quotidien, d’impliquer les leaders religieux dans la protection du cadre de vie.
‘’Je pense qu’il faut impliquer les leaders communautaires. Par leaders communautaires, j’entends spécifiquement les leaders religieux et confrériques. Ce sont les plus aptes à convaincre les Sénégalais, à les amener à une intériorisation de la culture de la citoyenneté’’, a dit M. Sanoko.
‘’Si nous voyons de grands prescripteurs faire de la sensibilisation et joindre tout cela à des actes, les choses peuvent évoluer. On peut, à travers des spots ou des documentaires, montrer des religieux, des syndicalistes ou même des musiciens prendre à bras-le-corps cette problématique et inciter au respect du cadre de vie’’, a-t-il ajouté.
Le sociologue est d’avis que les guides religieux et les leaders d’opinion ‘’peuvent donc inciter [les citoyens] à avoir une approche beaucoup plus respectueuse de leur environnement’’.
‘’Pour moi, l’école a échoué comme agent de socialisation. Dans les curricula, nous avons vu les leçons de morale ou d’instruction civique, mais rien n’a changé’’, a souligné Abdou Khadre Sanoko.
Il existe au Sénégal ‘’une crise de la citoyenneté’’ à cause de laquelle ‘’les mieux instruits sont parfois même les plus enclins à manquer de considération vis-à-vis du cadre de vie’’, a signalé M. Sanoko.
Dès lors, ‘’il faut changer d’approche et confier cette responsabilité (la protection du cadre de vie) aux leaders religieux ou coutumiers’’, a-t-il proposé.
‘’J’ai l’impression que le cadre de vie est souvent perçu comme un dépotoir, une poubelle prête à recevoir toutes sortes d’agressions. Nous pouvons le constater à travers les épaves de voitures, les lignes suspendues dans les ruelles, les dos d’âne improvisés un peu partout, les animaux domestiques attachés en pleine rue’’, a fait remarquer le sociologue. Il répond ainsi à la question de savoir ce qu’il pense du rapport qu’entretiennent les Sénégalais avec leur cadre de vie.
‘’Quand on a des ordures qui s’amoncellent dans nos maisons, cela ne nous gêne pas de les déverser dans la rue quand personne ne nous voit. On profite de l’hivernage pour vider nos fosses septiques, afin que le contenu se mélange aux eaux de pluie. Certains se permettent de déverser les eaux issues de la vaisselle ou de la lessive dans la rue, sans que rien ne se passe’’, ajoute-t-il.
Abdou Khadre Sanoko estime, sur la base de ce constat, que ‘’le Sénégalais n’est pas assez bienveillant envers son cadre de vie’’. ‘’En plus, il n’accepte aucune critique, aucune sensibilisation ni plaidoyer invitant à respecter et à préserver cette chose que nous partageons tous.’’
‘’Il y a, aujourd’hui, une crise de la citoyenneté. Quand vous n’avez pas de culture civique, vous ne pouvez pas respecter votre cadre de vie. Le revers de la médaille est toujours ressenti parce que le non-respect du cadre de vie expose le citoyen à des dangers de toutes sortes’’, a-t-il dit.