Le procureur de Ziguinchor compte faire pratiquer une troisième autopsie sur le corps de Idrissa Goudiaby, le taximan tué le 17 juin dernier dans la capitale du Sud le jour de la manifestation de Yewwi Askan Wi. Le chef du parquet a pris cette décision après que la contre-expertise qu’il a commandée a conclu à une mort par balle tandis que la première autopsie évoquait un décès par objet contondant et tranchant.
Au cours d’un point de presse, le procureur a déclaré qu’en attendant la troisième expertise, il ne rejetait aucun des deux rapports posés sur sa table.
Cette position est décriée par la famille de la victime. Son avocat, Me Amadou Diallo, estime que cette décision risque de faire souffrir la famille du taximan «deux, trois, quatre fois davantage».
«En sollicitant une troisième expertise, dénonce Me Amadou Diallo dans les colonnes de Les Echos de ce mardi, le procureur met la famille dans une sorte de détresse supplémentaire. Cela fait 40 jours qu'elle n’est pas entrée en possession du corps de son enfant. La famille veut faire son deuil, elle veut enterrer Idrissa Goudiaby conformément au rite musulman qui implique un bain rituel.»
Si le chef du parquet ne revient pas sur sa décision, Idrissa Goudiaby pourrait ne pas bénéficier d’une inhumation selon le rite musulman. Et pour cause. D’après l’avocat de sa famille, le corps pourrait complètement se décomposer. «Il semble que les conditions de conservation du corps au niveau de Ziguinchor ne permettent pas, si elle se prolonge davantage, de faire bénéficier à Idrissa Goudiaby un enterrement conforme à sa religion puisqu’à Ziguinchor toutes les morgues sont à température positive, (elles) ne permettent pas la congélation du corps.»
Me Amadou Diallo, qui juge sa sortie «malencontreuse et inquiétante pour la suite à réserver à cette affaire», invite le procureur à faire preuve «d’humanisme» et à prendre «en compte la douleur de la famille de feu Idrissa Goudiaby».
«Au-delà d’un certain nombre de jours, le corps risque d’être totalement décomposé, alerte l’avocat. Et dans cette hypothèse, la famille ne pourra plus l’enterrer toute seule, dans son intimité : il faudra l’intervention des services d’hygiène ou des sapeurs-pompiers pour le faire. Et à ce moment-là, la famille va souffrir deux, trois, quatre fois davantage.»