L'Assemblée nationale est composée de 165 sièges pourvus pour cinq ans selon un mode de scrutin parallèle dans 54 circonscriptions électorales correspondant aux 46 départements du Sénégal auxquels s'ajoutent 8 circonscriptions de la diaspora.
Sur ce total, 112 sièges sont pourvus au scrutin de liste majoritaire à raison d'un à sept sièges par circonscription, selon leur population. Les circonscriptions de la diaspora comportent entre un et trois sièges, pour un total fixé à quinze sièges. Les électeurs votent pour une liste bloquée de candidats et d'un nombre égal de suppléants, sans panachage ni vote préférentiel.
La liste ayant reçu le plus de voix remporte tous les sièges à pourvoir dans sa circonscription. Les différentes listes se sont déployées sur le territoire national depuis le 10 pour dérouler leur programme et convaincre les potentiels électeurs.
Pour le pouvoir, il s’agira de conforter l’assise de la majorité à l’assemblée nationale et pour l’opposition, c’est une opportunité pour confirmer ses résultats aux dernières élections.
Contrairement à 2017 où 47 listes étaient en compétition, un nombre record, le système de parrainage n'a finalement retenu que huit listes : La Coalition MPR/Les Serviteurs, Aar Sénégal, Benno Bokk Yakaar, Bokk Gis Gis, Yewwi Askan Wi, la coalition citoyenne Bunt Bi, Wallu Sénégal et la coalition Natangué Askan Wi.
Pour la coalition Benno Bokk Yaakaar, le choix d’Aminata Touré comme tête de liste reste symbolique à bien des égards. Pour la première fois que la majorité se procure une femme comme tête de liste, Aminata Touré voudra relever le défi comme elle l'a toujours fait à toutes les stations qu’elle a eu à occuper.
Après l’ouverture à Dakar, avec des visites de courtoisie et des Ziara auprès des guides religieux, Mimi et sa caravane se sont dirigées vers Mbacké et Touba avant de rejoindre le Nord en passant par Saint Louis, Podor, Ndioum etc. Les candidats investis tous, sortent pour accueillir la dame choisie par le président pour la direction de la liste nationale de Benno qui, pour rappel, a vu sa liste des suppléants rejetée pour non-respect de la parité. Après l’étape de Matam, Aminata Touré a pris la zone du Sénégal oriental avec toujours des visites parfois d’autorités religieuses.
À côté, la coalition Yewwi Askan Wi est dans sa posture de confirmation de sa position lors des élections locales. Elle a gagné, durant ce précédent scrutin, plusieurs villes stratégiques. Elle est également en train de sillonner le territoire national. On aura d’ailleurs, vu des mobilisations où les militants sont sortis en masse soutenir leur coalition. L’entrée de la coalition Yewwi Askan Wi a été remarquable à Ourossogui, de même qu’à Ranérou et hier, à Touba.
Wallu Sénégal, avec son alliance avec Yewwi est aussi présente dans plusieurs circonscriptions du Sénégal. Il serait même prudent de ne pas affirmer qu’au regard de ses activités, le Wallu et spécifiquement le Pds, est loin de se résigner sur le territoire national. La coalition Wallu est bien présente et ses militants, toujours avec la vision du président Abdoulaye Wade.
Sur le territoire national, les cinq autres coalitions espèrent aussi obtenir les voix des sénégalais avec notamment un jeu très serré. C’est le cas de Aar Sénégal, Bokk Gis Gis/Liggeey, Les Serviteurs/MPR, Bunt Bi et Natangué Askan Wi.
Ce qu’il y’a également à souligner durant ces premiers jours de campagne, c’est l’arrivée des facteurs naturels comme la pluie et ses répercussions. Ce qui était, bien évidemment, inévitable au regard de cette période d’hivernage. Mais ils ne seront pas les seuls facteurs qui peuvent entacher la campagne. Ce qui peut être considéré comme une tache noire, ce sont en réalité, les scènes de violence. Elles ont été notées déjà à Guédiawaye entre militants de Benno et de Yewwi, à Thiès avec la voiture de Babacar Diop qui avait porté plainte (qu’il a finalement retirée) suite aux saccages sur sa voiture. Et enfin, récemment à Ourossogui avec encore quelques échauffourées entre militants de Yewwi et Benno avec l’arrivée de la caravane de l’opposition. Ces facteurs peuvent-ils changer le choix des électeurs ?
Par rapport aux discours des uns et des autres, l’analyste politique Mamadou Albert Sy considère que « c’est bien un discours politique notamment avec le pouvoir qui vante les réalisations du président. Du côté de l'opposition, il s’agit de redonner à l’assemblée nationale son rôle de pouvoir législatif et de modifier, si elle arrive à une cohabitation, la marche de l’institution qu’elle a longtemps répudiée.
Pour notre interlocuteur, « les électeurs sont dans un manque d’engouement et de désintéressement car, les acteurs politiques sont dans une posture très politique et ne donnant pas trop d’assurance en matière de programme. L’analyste politique estime par ailleurs, qu’il y a une part de manipulation quand les deux s’adonnent à des discours liés à l’homosexualité et à l’ethnicisme. Des registres de manipulation très en vue, mais des débats de fond qui laissent à désirer. Toutefois, il faut préciser qu’à la limite, des coalitions comme Aar Sénégal et Bokk Gis Gis Liggeey qui ont déjà décliné leur contrat de législature, s’efforcent dans cette campagne, d’attirer l’attention des citoyens sur le débat programmatique.
Cette dernière semaine de campagne sera donc décisive. Plusieurs coalitions termineront leurs activités à Dakar qui est déjà, une capitale avec un enjeu énorme. La coalition Benno Bokk Yakaar qui a choisi le maire de plateau, Alioune Ndoye devra faire face à l’effort de confirmation de Yewwi qui reconduit le maire Barthélémy Dias. Ce dernier, s’il est défait, par Benno, on pourrait assister au blocage de ses ambitions. Par ailleurs, le scénario catastrophe serait de perdre devant Alioune Ndoye, un autre , Macky Sall met un autre socialiste. Cette dernière ligne droite, notamment à Dakar, sera déterminante, car, rien n’est encore joué...