Moins de quatre jours après avoir placé sous mandat de dépôt Bara Sady et Carmelo Sagna, anciens directeurs généraux du Port autonome de Dakar (Pad) et de la Société africaine de raffinage (Sar), la justice sénégalaise vient de se saisir encore, dans le cadre de la traque des biens dits mal acquis, d’un autre ex-patron d’une institution publique. Cette fois, c’est Tahibou Ndiaye, l’ancien directeur du Cadastre qui est alpagué, pour une seconde fois, par les services de sécurité et mis en détention à la caserne de Gendarmerie de Colobane. Tahibou Ndiaye est arrêté en même temps que sa femme et ses deux filles adoptives, ciblées également dans cette affaire d’enrichissement illicite autour d’immeubles et de terrains nus estimés à plus de trois milliards de FCFA.
La traque des biens supposés mal acquis, déclenchée dans la foulée de la prise de pouvoir par Macky Sall et dans le cadre de la nécessaire reddition des comptes imputée à la bonne gouvernance, serait-elle en train de s’accélérer dans notre pays, nous demandions-nous après le placement sous mandat de dépôt, jeudi dernier, de Bara Sady et Carmelo Sagna, anciens directeurs généraux du Port autonome de Dakar (Pad) et de la Société africaine de raffinage (Sar) ?
Ces derniers étaient poursuivis pour escroquerie de deniers publics portant sur une somme globale de 78 milliards de FCFA. Il semblerait bien que oui, avec le nouveau rebondissement enregistré dans l’affaire Tahibou Ndiaye, du nom de l’ancien directeur du Cadastre poursuivi lui aussi par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Après avoir bénéficié, au mois d’août dernier, d’une médiation pénale portant sur un montant de 03 milliards de FCFA, Tahibou Ndiaye a été de nouveau alpagué hier, mardi 03 décembre 2013. L’ancien directeur du Cadastre aurait refusé de se plier aux nouvelles instructions du Procureur près la Crei, Alioune Ndao, lui enjoignant de muter au nom de l’Etat une partie de son patrimoine immobilier, « indûment acquis ».
Ce refus de négocier avec la Crei a de fait valu à Tahibou Ndiaye une arrestation pure et simple avant la présentation de son dossier ce jour, mercredi 04 décembre, devant la Commission d’instruction de la Crei qui reprend ses travaux à cette date (aujourd’hui). L’ex-patron du Cadastre qui a été conduit de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à la Gendarmerie de Colobane (caserne Samba Diéry Diallo) n’a pas été toutefois la seule personne interpellée dans le cadre de cette affaire. Selon des informations concordantes, la femme de Tahibou Ndiaye et leurs deux filles adoptives citées également dans ce dossier de biens dits mal acquis ont été arrêtées en même temps que lui et conduites à la caserne Samba Diéry Diallo.
De leur côté, les avocats de l’ancien directeur général du Cadastre qui a soutenu mordicus ne pas être disposé à une autre médiation pénale (allant même jusqu'à mouiller le président de la République Macky Sall qui aurait acquis des terrains dans les mêmes conditions que lui) ont vivement dénoncé l’arrestation de leur client sur ordre du Procureur spécial près la Crei Alioune Ndao.
La défense de Tahibou Ndiaye a assimilé de fait cette interpellation à un « kidnapping», tout en clamant ne pas comprendre pourquoi Tahibou Ndiaye a été cueilli tôt le matin, par les éléments de la gendarmerie de Colobane. D’ailleurs, relèvent ces avocats conseils, rien ne leur a été notifié sur le sort de leur client et ils entendent être édifiés rapidement. Ce qui devrait intervenir aujourd’hui, selon des voix autorisées, avec la comparution de l’ex-DG du Cadastre devant la Commission d’instruction de la Crei.