C’est une belle revanche ou plutôt une bonne leçon de philosophie que le professeur Songué Diouf donne à ses détracteurs. Hier, en marge d’une traditionnelle cérémonie de synthèse de philosophie, il est revenu sur l’initiative de cet événement annuel.
Venus de plusieurs lycées, des élèves en classe de terminale se sont réunis en masse au monument de la Renaissance africaine pour assister à la cérémonie de synthèse de philosophie animée par Songué Diouf. Sous un soleil ardent, dans un grand espace ouvert au public, ils ont suivi avec beaucoup d’intérêt et d’attention le célèbre professeur de philosophie qui a pris le soin de passer en revue les leçons ou sujets qui pourraient éventuellement sortir à l’examen.
En collaboration avec le cabinet Sen Orientation, à travers cette rencontre annuelle initiée depuis 15 ans maintenant, le Pr. Diouf entend apporter sa contribution à la promotion de la philosophie. ‘’L'intérêt est surtout pédagogique. C'est aider les élèves à davantage aimer la philosophie et à être performants le jour de l'examen’’, dit-il. Pour le socratien, le discours philosophique n’est utile que lorsqu'il s'adresse aux oreilles de la citée. Voyant la réussite de cette manifestation pédagogique, il s’en prend à ses détracteurs.
‘’Je dis toujours à ceux qui critiquent qu'ils oublient que Socrate n'avait pas de salle de classe ; Platon non plus. Et donc, ils marchaient à Athènes, capitale de la Grèce antique, devant les marchands, les cordonniers, les charretiers'', a-t-il recadré. Bref, ces grands penseurs ont touché toutes les catégories de la population.
Ainsi, la philosophie est liée intimement aux affaires de la cité. D’où cette initiative qui était au départ personnelle. Songué Diouf revient sur les détails : ‘’Tout a commencé à Oussouye, mon premier lieu de travail où j'ai été affecté en tant que jeune professeur dans les années 1990. J’organisais un café littéraire dans une boîte de nuit, parce que je n'avais qu'une classe, huit heures par semaine. Donc, je m'ennuyais mortellement’’, dit-il. Ce café littéraire réunissait beaucoup de personnes les mercredis et les samedis. Quand il est venu à Dakar, au lycée Limamoulaye, il commence par de petites synthèses. Puis l'événement gagne du terrain.
Songué Diouf délocalise alors la rencontre à la mythique salle de Sorano. ‘’Je me rappelle, quand je disais aux gens ‘synthèse de philosophie à Sorano’, ils ont commencé à se demander si je ne suis pas devenu fou’’, relate le professeur. Aller parler de philosophie à Sorano, ce n'était pas évident. Aujourd'hui, des synthèses de philosophie, tout le monde en fait. Depuis cinq ans, l’ancien ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Amadou Ba, est le parrain de cette cérémonie de synthèse de philosophie.
Pour lui, c’est aussi une manière d’éduquer les jeunes à la citoyenneté. ‘’C’est une initiative citoyenne. Au début, je ne m’attendais pas à ce que ça ait cette ampleur. Parce qu’au départ, il s’agissait des élèves du lycée des Parcelles-Assainies. Le professeur m’avait sollicité pour qu’on puisse les aider sur la logistique. Ce que je fais avec plaisir pour aider les jeunes à acquérir la connaissance et à parfaire leur citoyenneté. Cela est extrêmement important. L’enseignement, notamment celui de la philosophie, participe à cela’’, a évoqué Amadou Ba.
Moussa Diao, qui dirige Sen Orientation, un cabinet d’orientation d’accompagnement, de conseil qui polarise toutes les régions, travaille avec le professeur Songué Diouf depuis plusieurs années. ‘’Nous assistons annuellement les élèves dans cette étape de remise à niveau, afin qu’ils puissent mettre en place tous les éléments nécessaires qui leur permettront de bien s’engager dans cette épreuve décisive pour le Bac’’, a-t-il dit.
Au-delà, il les accompagne également au niveau de l’étape supérieure. Il s’agit, là, d’aider les élèves à avoir un bon choix de formation. Cela passe par des tests d'orientation pédagogique, des tests psychotechniques, des QCM permettant aux élèves d'avoir une bonne idée par rapport à leur choix de formation. ‘’C'est surtout par les tests psychotechniques que nous déterminons les prédispositions de l'élève, ses compétences et aptitudes à faire telle ou telle autre filière’’, a expliqué Moussa Diao. ‘’Il faut aussi noter que chaque année, l’État du Sénégal donne des bourses d'excellence, mais la plupart des enfants et parents n'ont pas l'information. Chaque année, je reçois d’excellents élèves venant des établissements du pays qui devraient bénéficier d’une bourse d’excellence, mais malheureusement, ils la ratent parce qu’ils n’avaient pas fait la préinscription’’, a-t-il poursuivi.