Il y a eu de la forte émotion, hier, au cours de la reconstitution de l’assassinat présumé de Fatou Kiné Gaye, gérante d’une agence multiservices Ets Mansour Sy, sise à Pikine rue 10. Khassimou B, superviseur et collecteur de fonds de l’établissement, a reproduit ses mortels 37 coups de couteau, craqué et hurlé avant d’éclater en sanglots devant les policiers.
Le film de la boucherie à Pikine rue 10 en banlieue dakaroise a été rejoué avec force détails, hier, dans une atmosphère poignante par le présumé assassin répondant au nom de Khassimou B. sous le regard des éléments de la Sûreté urbaine (Su) et de leurs collègues du commissariat d’arrondissement de Pikine. Qui ont effectué le gros du travail dans l’affaire de la défunte gérante Fatou Kiné Gaye.
C’est aux environs de 10h que les véhicules de police ont débarqué en file indienne sur la très fréquentée route principale de Pikine rue 10 et s’immobilisent net devant les locaux de l’agence, qui est fermée à clef depuis le drame. Ainsi, le chef de la Sureté Urbaine, accompagné du commissaire de Pikine Mame Arona Ba, descend de sa voiture et donne les premières consignes. Ses collègues de la police technique et scientifique (Dpts) entrent en action et délimitent la scène de crime. Les éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi) se positionnent alors aux quatre coins de la scène et ferment la circulation aux automobilistes. Ils parquent de loin les gens, interdisent à la presse de passer et ferment toutes les boutiques et autres magasins, qui bordent le périmètre de la scène de crime.
Des agents du Gmi tiennent à bonne distance les habitants et veillent au bon fonctionnement de l’exercice.
A 10h 55 mn, le véhicule transportant Khassimou B. déboule d’une rue sous une bonne escorte policière, se fraie un chemin dans le dispositif et s’arrête devant les portails de l’agence. Des flics se présentent devant la portière de la bagnole, promènent le regard dans les quatre coins et attendent le signal du chef de l’opération. Soudain, la portière s’ouvre et laisse apparaître Khassimou B., habillé tout en noir. Mais, à peine pose-t-il pied à terre, il est vite identifié et accueilli par un concert de huées. La foule se déchaîne, explose de colère noire et se laisse aller à des commentaires virulents. Ce fut alors une bousculade monstre.
Khassimou s’arrête devant l’agence et hésite à entrer
C’est alors le début de l’opération. Khassimou B. monte, un à un, les paliers de l’estrade de l’agence. Et ceci, sous le crépitement des flashs et les prises de vue des téléphones portables par les agents, qui dévorent du regard les actes du jeune collecteur de fonds. Khassimou avance à pas de tortue et arrive à hauteur d’un portail. Pris de remords, il s’arrête brusquement et baisse la tête. Et comme s’il se faisait conduire à l’abattoir ou avait peur de quelque chose à l’intérieur de l’agence, il refuse d’avancer et regarde fixement le sol. Ses yeux sont soudainement embués de larmes. Il reprend tout de même ses esprits, poursuit et reproduit avec beaucoup de peine tous ses actes posés durant le jour des faits.
Il dit : «je suis retourné à l’agence, après la dernière cliente ; j’ai surpris Kiné et l’ai poignardée»
Ce jour-là, Khassimou déclare se rendre, comme d’habitude, à l’agence et y trouve sa collègue et gérante du multiservices Fatou Kiné Gaye. Il débarque avec un sac contenant de l’argent et approvisionne l’agence. Il est presque 18h. Kiné Gaye fait vite le point des états financiers avec son superviseur et pourvoyeur de fonds de roulement. Elle s’empresse aussi de baisser rideau et rentrer en vitesse chez elle, à l’unité 1 des Parcelles Assainies de Dakar. Poursuivant son récit devant les policiers, il déclare qu’une cliente se pointe entre-temps, effectue une opération et quitte les lieux. Il feint de partir, se lève et emboîte le pas à la dernière cliente de la journée dans l’agence. Mais, à peine au dehors, il déballe en vitesse son sac – qui contenait les fonds d’alimentation de l’agence – met aussitôt un masque chirurgical qu’il ajuste jusqu’aux yeux et porte une casquette dont il rabaisse aussi la visière jusqu’au niveau des sourcils. Il retourne immédiatement dans l’agence, sort un couteau de son sac et fonce droit sur la gérante. Il la surprend de dos et lui inflige un violent coup de couteau à la jambe. Ce qui confirme la préméditation de son acte.
«J’avais pris le couteau dans mon sac, mis un masque et une casquette… ». Il se tait, hurle et pleure
Fatou Kiné Gaye bondit de son séant, se retourne en vitesse et tente de dévisager son agresseur. Ce dernier lui oppose une farouche résistance et continue à la poignarder sur les différentes parties du corps. «Elle a crié fort et s’est débattue de toutes ses forces. Mais, je l’ai maîtrisée et continué à lui asséner plusieurs coups de couteau, en particulier au niveau de l’abdomen». Mais, à cette étape de l’opération, Khassimou, tout en reproduisant le geste des 37 coups de l’arme blanche avec un couteau en caoutchouc, disjoncte, pousse des hurlements et éclate en sanglots. «Je me suis acharné avec rage sur elle. Quand j’ai fini de l’achever, je l’ai abandonnée sur les lieux et gisant dans une mare de sang. J’ai aussi puisé dans la caisse avant de quitter les lieux avec le sac; laissant les portails ouverts et les lampes de l’agence allumées», a-t-il laissé entendre.... suite de l'article sur Autre presse