Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) a déclaré dimanche 1er mai à Dakar qu’il allait plaider pour « des opérations africaines de paix et de lutte antiterroriste robustes ».
Dans une région du Sahel minée par les violences jihadistes, les différentes missions déployées n’ont toujours pas réussi avec les pays concernés à vaincre le fléau. Face à cette situation, le patron de l’ONU préconise de trouver d’autres voies pour venir à bout du terrorisme.
« La situation en matière de paix et de sécurité dans le Sahel demeure préoccupante. Je continuerai de plaider, comme je l’ai fait depuis le début de mes fonctions, pour des opérations africaines de paix et de lutte antiterroriste robustes, mises en œuvre par l’Union africaine et appuyées par l’ONU, mandatées par le conseil de sécurité dans le cadre du chapitre 7 de la charte et jouissant d’un financement prévisible garanti par les contributions obligatoires », a affirmé le diplomate portugais, arrivé samedi dans la capitale sénégalaise pour une mini-tournée africaine qui doit le mener aussi au Niger puis au Nigeria.
La communauté internationale « doit apporter tout son soutien » aux pays touchés « afin de s’attaquer aux causes profondes » du terrorisme et « offrir des opportunités nouvelles » à la région sahélienne, a poursuivi Antonio Gutteres, dissertant, face à la presse, sur le dimanche chargé qu’il a eu avec le président sénégalais Macky Sall.
M. Gutteres a d’abord eu une réunion interne au bureau des Nations unies pour l’Afrique de l'ouest et le Sahel (Unowas). Il s’est rendu ensuite sur le chantier du futur siège ouest-africain des Nations unies à Diamniadio, nouveau pôle urbain situé à une trentaine de kilomètres de la capitale sénégalaise. Il dit avoir trouvé l’œuvre « extrêmement belle »avant de saluer la coopération de son institution avec le Sénégal, un pays qui contribue « en (grands) nombres » aux opérations de maintien de la paix onusiennes.
Covid, putschs, Ukraine…
Sur le même lieu, le patron de l’ONU a aussi visité l’usine de fabrication de vaccins anti Covid-19 de l’Institut Pasteur. Il en a profité pour déplorer la faible vaccination des Africains. « Il est inacceptable qu’aujourd’hui près de 80% de la population africaine ne soit toujours pas vaccinée. Les pays riches et les sociétés pharmaceutiques doivent accélérer les dons de doses et investir dans la production locale de vaccins ».
Ensemble, les deux hommes ont évoqué aussi d’autres sujets régionaux, liés particulièrement à la crise politique au Burkina Faso, au Mali et en Guinée. Ces trois pays sont dirigés depuis plusieurs mois par des juntes militaires et la communauté internationale souhaite que des élections soient organisées le plus rapidement possible. « Nous avons convenu de l’importance de poursuivre le dialogue avec les autorités, de facto, des trois pays afin d’instaurer le retour à l’ordre constitutionnel dans les délais les plus brefs », a dit le Portugais, se disant « profondément honoré »de l’accueil du peuple sénégalais.
Par ailleurs, le chef de l’Etat sénégalais a insisté sur l’« impact dramatique » de la guerre russo-ukrainienne sur les économies du monde, africaines en particulier. L’inflation et la rareté de certains produits de base fournis principalement par les deux pays belligérants (blé, hydrocarbures…) se font sentir sur le continent.
« Il faut une désescalade. Nous travaillerons dans cette perspective en privilégiant le dialogue pour que Russes et Ukrainiens puissent trouver une voie de sortie », a indiqué le non moins président en exercice de l’Union africaine (UA).
Le secrétaire général de l’ONU boucle sa « visite de solidarité pour le Ramadan » à Dakar ce lundi 2 mai, jour de l'Aïd el-Fitr qui marque la fin du Ramadan pour la communauté musulmane. Antonio Gutteres est attendu dans la journée au Niger avant de se rendre au Nigeria voisin. Son retour à New York est prévu le lendemain mardi 3 mai.