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Élégie pour la jeunesse de mon pays
Publié le samedi 30 avril 2022  |  Senego
Alassane
© Autre presse par DR
Alassane Kitane
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Mandela n’a jamais distribué de l’argent à son peuple, pourtant sa mémoire est gravée en lettres d’or dans la conscience de son peuple. Sankara est mort avant que tous ces jeunes qui se réclament de lui ne viennent au monde, mais il n’a jamais cherché à acheter la reconnaissance de son peuple. Cheikh Anta Diop n’a jamais goûté aux délices du pouvoir, mais il demeure le plus grand prophète laïc de l’homme noir…

En revanche Mubotu utilisait l’État comme sa propriété, mais il fait partie des décombres qui remplissent les sales poubelles de notre mémoire collective.
Les saints que nous célébrons chez nous n’ont acheté personne, pourtant leur mausolée génère des richesses inestimables. Que l’on soit d’accord ou pas sur une telle pratique, le symbole qu’elle montre est que seule la probité est impérissable.

Les biens matériels sont soumis à la corruption; la gloire qu’ils procurent a le même destin. Ce n’est pas en distribuant de l’argent qu’on gagne les cœurs de ses concitoyens, car même les voleurs savent faire preuve de générosité. C’est par l’exemplarité qu’on est définitivement entré dans le temple de la renommée terrestre et Céleste.

L’héroïsme ne se cherche pas, il poursuit ceux qui le fuient et s’incarnent en eux comme une camisole de force. Ceux qui courent derrière la gloire ne la méritent pas. L’héroïsme, c’est comme le destin : quand on le fuit, il défriche le chemin qui vous mène à lui. La grandeur historique n’aime pas la mise en scène, elle est comme la sainteté.

Un peuple qui est prêt à se vendre n’est pas un peuple, c’est juste une marchandise animée et bavarde. Le synonyme absolu de peuple est la liberté. Un peuple qui n’est pas libre est en réalité une abstraction philosophique. Il serait plus judicieux de l’appeler une << multitude >> comme Hobbes nous l’a appris. On ne fait pas un peuple libre avec une concaténation d’individus serviles. La servilité c’est d’abord par rapport à soi, par rapport à ses démons et à ses peurs.

Régner plus de dix ans sur un peuple et devoir l’assister sous forme de pitance est un aveu d’impotence et d’échec face au défi du développement. La différence entre la société animale et celle humaine est que celle-ci est dynamique là où celle-là est cyclique, statique : depuis la nuit des temps les abeilles font le miel de la même façon ! Les hommes par contre sont épatants parce qu’ils veulent et réalisent le progrès. Être chef d’un Etat qui fait la même chose depuis qu’il existe est, pour un homme réfléchi, le plus grand supplice.

Alassane K. KITANE
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