L’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, a dénoncé jeudi, les "mesures conservatoires" prises par la tutelle envers le personnel dont la responsabilité serait engagée dans l’affaire du décès en couches de la patiente Astou Sokhna, en réclamant que l’enquête aille jusqu’à son terme.
"Nous sommes les premiers à réclamer que la justice fasse la lumière dans cette tragédie", a martelé Souleymane Loucar, porte-parole du jour de cette intersyndicale (Sames, sutsas, syntras, satsus), lors d’un point de presse.
Des agents de santé dont la responsabilité serait engagée dans le décès de la patiente en couches au service de la matérnité de l’hôpital de Louga ont déjà fait l’objet d’une suspension temporaire.
"Etant donné que l’enquête est en cours, ainsi que les auditions", nous souhaiterions qu’elle aille à son terme, en l’occurrence jusqu’à l’autopsie".
"C’est seulement à ce stade que l’opinion sera édifiée(…) sur cette affaire et que toutes les responsabilités seront établies", a-t-il dit .
Une vive émotion a parcouru le pays après l’annonce du décès en couches le 31 mars dernier de la femme âgée d’une trentaine d’années à la maternité du centre hospitalier régional de Louga.
La dame était admise dans cet établissement de santé, au terme de sa grossesse. Elle a rendu l’âme plusieurs heures après son arrivée au service de la maternité.
Sa famille met en cause l’hôpital, l’accuse de négligence ayant conduit à son décès et a saisi la justice d’une plainte contre le personnel hospitalier.
Dans la foulée, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a ouvert une enquête administrative à l’hôpital Amadou-Sakhir-Mbaye, dans le but d’élucider les circonstances du décès d’Astou Sokhna.
Selon lui, l’intersyndicale dénonce les "mesures conservatoires" prises par la tutelle.
Il estime que les agents (un gynécologue et des sages-femmes) dont la responsabilité serait engagée dans cette affaire, doivent bénéficier d’une présomption d’innocence jusqu’à ce que l’enquête prouve leur culpabilité ou leur innocence.
"Ces sanctions précipitées handicapent lourdement le fonctionnement déjà précaire de la maternité qui ne compte que deux gynécologues contractuels et 15 sages-femmes", a révélé Loucar, exigeant que le ministre soit démis de ses fonctions.
D’après lui, ces agents sont d’honnêtes personnels de santé qui ont voué leur vie à soigner, à guérir et à alléger les peines de leurs concitoyens.
"L’erreur consisterait à ériger les personnels de l’hôpital de Louga en responsables des maux dont souffrent la population sénégalaise. Cela serait injuste, malhonnête et contreproductif", a-t-il dit, appelant les habitants à la retenue.
En réponse aux "mesures conservatoires", l’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital a décidé, dès aujourd’hui, de suspendre toutes "les participations aux activités de soins à la maternité qui ne répondent pas aux normes qualitatives requises".
Des populations de Louga, regroupées dans un collectif dénommé ‘’Justice pour Astou Sokhna’’, prévoient d’organiser, vendredi, une marche pour exiger la lumière sur la mort de cette femme à la maternité de l’hôpital de cette ville du nord du pays.
Mercredi, le parquet près le Tribunal de grande instance de Louga a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire après avoir reçu une plainte du mari de la victime contre les responsables du Centre hospitalier Amadou-Sakhir-Mbaye de Louga pour négligence et non-assistance à une personne en danger.
Dans la soirée, le directeur de l’hôpital Amadou-Sakhir-Mbaye, Amadou Guèye Diouf, a été relevé de ses fonctions et remplacé par Abdallah Guèye, un administrateur hospitalier. Une décision émanant du Conseil des ministres présidée par le chef de l’Etat, Macky Sall.