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Offensive russe en Ukraine : le Sénégal a 5605* raisons de craindre une poursuite du conflit…
Publié le jeudi 3 mars 2022  |  dakaractu.com
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© AFP par ISSOUF SANOGO
Des militaires burkinabè lors d`un entraînement pour combattre le terrorisme dans l`est du pays, le 13 avril 2018
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Lancée le 24 février dernier, l’offensive russe en Ukraine se poursuit malgré la volonté des deux parties de trouver une solution pacifique. Plusieurs villes ukrainiennes sont encerclées par les forces armées déployées par Vladimir Poutine pour « dénazifier » ce pays de l’Europe de l’Est.

Cette guerre que certains analystes présentent déjà comme la troisième guerre mondiale compte tenu des développements dévastateurs qu’elle pourrait connaître les prochains jours, commence déjà à faire tousser l’économie mondiale. N’étant pas en mesure d’intervenir pour défendre l’Ukraine qui n’est pas membre de l’Otan, les pays occidentaux mobilisent d’autres leviers pour punir la Russie qui se voit ainsi privée de la plateforme interbancaire Swift. Une décision qui aura sans doute des incidences sur les transactions entre la Russie et le reste du monde. Cette nouvelle configuration économique fera des dommages collatéraux au-delà du continent européen. En Afrique, on craint déjà des répercussions économiques au préjudice des plus vulnérables.

L'Ukraine et la Russie, principaux fournisseurs de blé au Sénégal

Le Sénégal qui, même à plus de 5. 605 kilomètres d’Ukraine a tout intérêt à ce que les armes se taisent. Et pour cause.

Pays importateur de produits pétroliers finis, notre pays s’approvisionne aussi en blé à l’extérieur. Selon l’ANSD, les importations du Sénégal du mois de décembre 2021 sont évaluées à 528 milliards de francs FCFA. Les produits importés, au cours de la période sous revue ont été les produits pétroliers finis pour 152,7 milliards, les autres machines et appareils (47,3 milliards FCFA), le riz (27,4 milliards de francs CFA) etc. le même bulletin lu à Dakaractu révèle que les principaux fournisseurs du Sénégal ont été la France à hauteur de 11,4%, la Chine (9,5%), la Belgique-Luxembourg (9,1%), l’Inde (8,0%) et la Russie (6,7%).
S’agissant des importations de blé, une étude moins récente nous renseigne qu’elles se sont accrues de 23,6% entre 2019 et 2018. On apprend dans ladite étude que le blé représente 2,5% des importations totales du pays en 2019 et qu’elles se chiffraient à 107,8 milliards FCFA. « En volume, elles atteignent 702,8 milliers de tonnes en 2019, contre 604 milliers de tonnes en 2018 », ajoute la même source. Au sujet des pays fournisseurs, nous constatons que la Russie vient en première position avec 51,4% des importations sénégalaises de froment et méteil, suivie de la France avec 32,2%, de l’Ukraine (6%), du Canada (4%) et de l’Argentine (3,3%).

Ces informations mettent en évidence ce que représentent l’Ukraine et la Russie en termes d’importations de blé du Sénégal. Malheureusement, le cours mondial du blé a pris l’ascenseur depuis le premier jour de l’offensive. Le boisseau de blé est monté à 9,6 dollars pour la première fois depuis 2008. Au 28 février, la tonne de blé était à 322,50 euros (210 000 FCFA) sur le marché européen). Une hausse qui aura sans aucun doute des incidences locales.

« Il y a des risques d’inflation réels », prévient Mouhamed Diop. Pour cet économiste interviewé par Dakaractu, c’est le principe de l’offre et de la demande. Respectivement 1er et 4e exportateurs du blé, la Russie et l’Ukraine verront leurs exportations connaître une certaine baisse. Ce qui entraînera une course à l’approvisionnement qui impactera davantage le cours mondial du blé d’autant que les pays au portefeuille fort mettront les bouchées doubles pour se mettre à l’abri d’une rupture de stock. Les plus faibles en périront pour ne pas dire qu’ils paieront les pots qu’ils n’ont pas cassés.

Une hausse certaine du prix du pain à si...

Contacté par Dakaractu, le président de l’Association des meuniers du Sénégal n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat. Mais sur les colonnes de Walfadjri, Claude Demba Diop assure qu’ « on s’est déjà couvert au moins pour deux mois ». « Mais si la tendance haussière se maintient, l'État n’aura aucun levier pour interdire l’augmentation du prix de la farine et éventuellement du prix du pain », ajoute-t-il. Une deuxième hausse du prix du pain devrait-il dire. Car, il y a quelques semaines, la baguette de pain est passée de 150 à 175 francs. Les sénégalais sont-ils prêts à débourser plus pour rendre leur petit déjeuner croustillant ? C’est la question qui taraude plus d’un.
Dans tous les cas, si une nouvelle flambée devait intervenir, l’État risque d'être sans argument. Rappelons que des efforts ont été faits dans le sens de réduire drastiquement la taxe imposée sur le blé. Elle est ainsi passée de 6% en février 2021 à une suspension totale avec une suppression des droits de douane.

« La seule possibilité qui s’offre à l’État, c’est la subvention des importations », propose le Dr Mouhamed Diop qui fait constater en même temps que ce mécanisme peut être hypothétique. Interrogé par Walf, Meïssa Babou semble le confirmer en convoquant le niveau du service de la dette qui aurait atteint 90 milliards par mois et qui empêcherait de s’aventurer dans une telle manœuvre.

Promouvoir la production locale.

Selon Moustapha Tall, ce n’est pourtant pas que le blé qui sera concerné. Joint par téléphone par Dakaractu, l’opérateur économique craint que « tous les produits de grande consommation soient impactés. » Dans son argumentaire, il évoque le coût du transport qui ne laissera pas de marbre le prix à la vente. C’est pourquoi il préconise de promouvoir une production locale suffisante. En ce sens, des initiatives lancées par l’État n’ont pas encore répondu aux attentes des populations.

* Les kilomètres qui séparent le Sénégal de l'Ukraine
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