Les populations du quartier Darou, dans le faubourg de Sor, n’oublieront pas sitôt le spectacle macabre qu’elles ont vécu hier. En effet, une foule de curieux a assisté, très tôt le matin, à la découverte du corps d’un homme pendu à un balcon.
Le suicide du vieux Djibril Sall, 74 ans, au quartier Darou alimente toutes les discussions dans la vieille cité de Ndar. Depuis la découverte macabre, les commentaires vont bon train dans le quartier et alentours. Chacun y va de sa version des faits. Mais ce qui est sûr et certain, Djibril Sall n’assistera jamais au procès de ses enfants incarcérés à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Saint-Louis.
Pourtant, à en croire ses proches parents venus du Fouta, le vieux Sall s’était rendu à Saint-Louis pour assister au jugement de ses fils, arrêtés dans une histoire de champs les opposant à une dame du même village.
Avant-hier, renseignent nos interlocuteurs, la victime ne cessait d’exprimer son inquiétude sur le sort qui sera réservé à ses enfants par le tribunal. Ayant eu écho de ses tourments, ses frères ont tenté de le rassurer, mais son désarroi était perceptible, confie-t-on. Ainsi, tard dans la nuit du mercredi au jeudi, le vieux Ndiaye est sorti une première fois de la chambre, comme s’il voulait prendre l’air. Il est rentré, puis, il est ressorti, renseignent nos interlocuteurs. Qui affirment que c’est à ce moment-là qu’il s’est donné la mort au balcon de la maison. Ne l’ayant pas entendu revenir, les frères qui l’accompagnaient sont sortis pour le chercher, mais ne l’ont pas vu.
C’est à l’aube que le corps a été découvert par un des frères qui était sorti pour la prière du matin. Il a aperçu le corps sans vie suspendu. Il a aussitôt alerté les autres membres de la famille. Qui ont constaté qu’il s’est donné la mort à l’aide de son turban blanc. Les limiers du commissariat central de Saint-Louis ont été avisés. Les hommes du commissaire central Mamadou Tendeng, le patron de la police de cette ville du nord du pays, se sont rendus sur les lieux, en compagnie de la police technique et scientifique, pour les constats d'usage.
Venu d’urgence de Ndioum pour mieux s’enquérir de la situation, Abdoulaye Sall, jeune frère de la victime, a levé un coin de la voile sur l’affaire, après sa déposition au commissariat central de police de Sor. Pour lui, son grand frère digérait très mal l’arrestation arbitraire et humiliante de ses enfants. ‘’Mon frère Djiby Sall ne souffrait d’aucune maladie, contrairement à ce que disent les rumeurs depuis la découverte de la pendaison. Tous ceux qui parlent dans la rue ne connaissent rien de lui. D’ailleurs, il n’a fait que 24 heures à Saint-Louis avant que le drame ne survienne. A mon humble conviction, il a été traumatisé par le fait de voir ses propres enfants menottés, bâillonnés et conduits comme des bandits de grands chemins à la Maison d’arrêt et de correction de Saint-Louis. Mais je peux jurer sur le Coran qu’il est fidèle croyant’’, a déclaré Abdoulaye Sall à sa sortie du commissariat.
En attendant, la police poursuit ses investigations pour élucider cette affaire de suicide à Darou.
Ibrahima Bocar SENE (Saint-Louis)