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DÉFAITE DE BBY À TOUBA / Et si Macky n’était pas lui-même convaincu de gagner! Analyse d’une débâcle (entre impréparation, manque de soutien, erreurs de démarche et transferts d’électeurs)
Publié le mardi 1 fevrier 2022  |  dakaractu.com
Macky
© Autre presse par PMD
Macky Sall a quitté Dakar pour Banjul
Dakar, le 19 janvier 2022 - Le chef de l`État sénégalais a quitté Dakar, ce mercredi 19 janvier 2022, pour se rendre à Banjul, en Gambie.
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Si l’honorable Matar Diop a tenu la dragée haute à ses adversaires de Yewwi Askan Wi wi et de Wallu Sénégal dans département de Mbacké jusqu’à positionner BBY à la 2ème place avec 28 013 voix, c’est bien parce qu’il s’est battu de toutes ses forces avec les moyens du bord. Ses forces et moyens du bord n’auront, malheureusement, pas suffi au jeune Républicain pour exister dans la cité religieuse. Deuxième avec juste 11% des suffrages exprimés soit 6.394 voix, loin derrière Serigne Fallou Mbacké qui a engrangé 36% avec 19.876 voix, l’ancien poulain de Cissé Lô a été victime d’une grosse impréparation, d’un entourage inexpérimenté, mais surtout en mal de charisme, d’une démarche jugée exutoire et d’une adversité rugueuse qui a fait comme thème de campagne : l’homosexualité. Mais, que dire des transferts d’électeurs vers….

IMPRÉPARATION DU CANDIDAT

Ce sexagénaire accompli, dont l'attachement pour le président Sall est connu de tous vient accomplir son devoir citoyen au bureau n⁰3 du centre de Ndame. Seul le poids de l’âge l’a un peu isolé des activités politiques mais il est toujours là présent, à sa manière. Persuadé de la défaite de son camp, il nous souffle à l’oreille : « Matar dañuko sani ca layyi ba, te joxu ñuko mbaaj » (Matar a été jeté dans la rue braver les affres du froid sans couverture). Sa réflexion résume, à bien des égards, la réalité des choses.

De tous les candidats, le jeune leader politique Républicain a été le moins bien préparé, le moins expérimenté, le moins soutenu et le plus contesté. D’abord, devrions-nous rappeler qu’il a été le seul candidat à tardivement savoir qu’il allait postuler pour le fauteuil de Président du Conseil départemental.

« Un candidat, il doit être informé du choix porté sur lui au moins 6 mois avant. Il doit aussi être préparé 02 ans avant, histoire de lui permettre de circuler dans le département, de discuter avec les gens, de faire sa propre publicité et de juguler les récalcitrances. Comment voulez-vous qu’il gagne alors qu’il n’est même pas suffisamment connu des populations ? Il a été sacrifié », nous martela-t-il.

Son analyse assez pertinente nous poussera à recueillir, après la publication des résultats, ses dernières impressions. Il choisira de rester dans le même sillage. « C’est le Président Macky Sall, lui-même, qui n’a jamais été convaincu que son poulain pouvait gagner. C’est pourquoi il a choisi Matar, supposant que c’était le candidat qui supporterait le mieux la défaite. Et si cette défaite arrivait comme il le pressentait, il s’accorderait largement mieux d’entendre les commentateurs dire que c’est son choix qui n’a pas été le meilleur. Aujourd’hui, il doit se tirer une balle dans le pied au vu des résultats au niveau départemental. Un autre choix aurait été plus pertinent et ce dernier aurait, à coup sûr, remporté cette première victoire pour lui. Nous sommes à Touba. Matar Diop est un grand responsable et il a beaucoup sué, mais c’est la configuration sociale qui imposait un choix autre. La preuve, ils sont 05 candidats, les trois premiers à Touba sont des Mbacké-Mbacké et lui et Abdoulaye Niane sont derniers ».

L’analyse de notre vieil homme peut, sans doute, souffrir de quelques critiques mais…

TRANSFERTS D’ÉLECTEURS VERS…

Matar Diop n’a pas été battu que par ses adversaires. Il a, surtout, été dépouillé de ses potentiels électeurs par des leaders politiques qui habitent d’autres localités avec la connivence de leurs antennes locales. Dakaractu se gardera de citer des localités et des noms, mais se permettra de reproduire les détails donnés par un jeune leader à travers les réseaux sociaux. Pour Talla Sylla Xy, des électeurs de l’Apr, environ 11 000, ont été transférés ailleurs pour voter au profit d’autres leaders. Parmi ces localités, il cite expressément Linguère, Dahra Djoloff, Keur Alé, Diourbel, Niakhène. Pour certaines de ces communes et départements, des recoupements ont permis de savoir que ses allégations étaient, quand même, bien fondées. Cela a, peut-être, aussi été l’une des causes du faible taux de participation à l’élection au niveau de Touba même si l’affluence n’a jamais été importante dans ce type de joute.

Matar Diop a aussi été victime d’un manque de soutien. Inutile de rappeler que lorsque le choix a été porté sur lui, des personnalités du parti ont carrément montré qu’ils n’étaient pas d’accord. C’est le cas notamment du ministre conseiller Serigne Cheikh Abdou Lahad Mbacké Gaïndé Fatma qui était allé jusqu’à peaufiner une liste parallèle discutée dans son salon avec d’autres grands leaders (Serigne Fallou Galass Kaltom, Abdoulaye Niane, Mohamed Cissé de Rewmi, Serigne Fallou Mbacké, finalement réélu.) La suite, tout le monde la connaît. Le Mbacké- Mbacké a été dissuadé par Serigne Sidy Abdou Lahad et au finish, il demandera à ses militants d’aller soutenir Matar Diop et dégagera même une somme en guise d’appui financier. Bref !…

PROBLÈME DE DÉMARCHE

Il a beau être courageux, Matar Diop... Mais lui et ses collaborateurs (des jeunes pour la plupart) ont, quand - même péché dans la démarche. C’est du moins le reproche que les adultes leur ont fait. Il leur est attribué cette boutade : « nous allons envoyer les adultes à la retraite ». Certains de ses militants n’ont pas hésité à la répercuter au niveau des réseaux sociaux, provoquant rancœur et frustrations. Serigne Modou Bara Dolly Mbacké n’a pas hésité à le dénoncer face à la presse ( même si lui venait d’essuyer une défaite à Ndioumane où il était candidat à la mairie).

Une nouvelle architecture politique au sein de l’Apr de Touba était déjà amorcée et il suffisait d’une victoire pour l’acter de manière définitive. Les jeunes prendraient les rênes du parti. Cette manière de voir les choses aura, sans doute, maintenu dans les starting-blocks certains grands responsables. On aura assez réfuté du côté des souteneurs de Matar Dioo ce qui précède, mais les faits resteront têtus. L’on se pose encore la question de savoir pourquoi certains de ces adultes n’ont pas été impliqués. On peut noter, juste à titre d’exemple, Serigne Sidy Ahmed Mbacké, Serigne Fallou Gallass Kaltum, Baye Maguette Diakhaté dont la position sur la liste a été jugée frustrante, Alla Sylla (timidement présent) etc… N’ont-ils pas été impliqués ou ont-ils choisi de rester en retrait, volontairement ? Les réponses glanées diffèrent de part et d’autre.

Finalement, la seule présence significative sur le terrain aura été celle de Sadaga qui avait choisi de visiter les chefs religieux pour leur parler de la volonté « effective » du President de la République de toujours combattre la légalisation de l’homosexualité, contrairement aux allégations de l’opposition locale. Il y’a aussi que les délégations dépêchées chez les chefs religieux rencontrés manquaient d’attrait. Que des jeunes ! Dans une autre ville, ce casting aurait certes fait tilt mais à Touba, il faut présenter autre chose. Ces délégations n’ont pas été totalement inutiles. Elles ont permis à la coalition d’être plus proches des populations cibles. L’on se pose la question de savoir si Matar Diop n’a pas davantage été victime que vaincu ?
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