Après la prise de pouvoir par l'armée au Burkina Faso, l'analyste régional Paul Melly se demande pourquoi l'Afrique de l'Ouest connaît une nouvelle vague de coups d'État alors que la démocratie semblait s'être installée dans la région.
Moins de cinq mois après que des soldats en treillis soient apparus à la télévision nationale guinéenne pour annoncer qu'ils avaient destitué le président Alpha Condé, le spectacle s'est répété lundi au Burkina Faso, où les militaires ont proclamé le renversement du chef de l'État Roch Kaboré.
Sans oublier le double-putsch au Mali, où des officiers de l'armée ont déposé le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020.
Ils ont promis à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) d'organiser des élections le mois suivant, mais en mai 2021, ils ont organisé une deuxième prise de pouvoir pour reprendre le contrôle de la transition et ont ensuite établi des plans pour rester au pouvoir pendant près de cinq années supplémentaires.
Pourtant, l'Afrique de l'Ouest était une région où la politique civile multipartite constitutionnelle était devenue la norme.
Presque tous les pays étaient au moins formellement démocratiques, même si certains présidents élus, une fois en fonction, tordaient les règles pour perpétuer leur maintien au pouvoir.
Aujourd'hui, trois membres du bloc régional de la C (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) sont sous le commandement d'hommes en uniforme.
L'ère longtemps oubliée de l'homme fort militaire fait-elle un retour en force ?
C'est probablement une façon trop simple de voir les choses.
La Guinée a toujours été un cas à part, avec une longue histoire de mauvaise gouvernance et de répression.
Alpha Condé a été élu comme le premier chef d'État démocratique en 2010, mais il est devenu de plus en plus autocratique, modifiant la constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat en 2020 et emprisonnant un nombre croissant d'opposants.
Sa chute en septembre dernier, aux mains de soldats qui promettaient une transition inclusive vers une véritable démocratie, a été saluée presque universellement par les Guinéens ; même son propre parti politique n'a pas exprimé le moindre regret.... suite de l'article sur Autre presse