Cela fait plusieurs années qu’un favori ne s’était pas détaché aussi clairement avant le coup d’envoi d’une Coupe d’Afrique des nations, comme l’Algérie peut l’être pour cette 33e édition. Qui peut contrarier les Fennecs à la CAN 2021 ? Tour d’horizon des forces en présence.
L’Algérie, grand favori
Invaincue depuis son précédent sacre (34 matchs) et récente vainqueur de la Coupe Arabe, avec une ossature composée de cinq champions d’Afrique, l’Algérie fait office de grande favorite à sa propre succession. L’équipe type de Djamel Belmadi a très peu évolué (seul Zerrouki a supplanté le vieillissant Guedioura dans l’entrejeu), la machine est toujours aussi bien huilée et, s’ils jouent à leur niveau, les tenants du titre s’annoncent très difficiles à stopper, eux qui ont aussi dans le viseur la série d’invincibilité record au niveau mondial de l’Italie (37 matchs), qui pourrait être battue si tout va bien en 8es de finale. Attention toutefois car le Burkina Faso a récemment démontré à deux reprises (2-2, 1-1) que les Algériens sont prenables lorsqu’ils sont dans un mauvais jour.
Le Sénégal, challenger numéro un
Finaliste malheureux de la précédente édition, le Sénégal s’est remis en quête de son premier sacre dans la compétition. Logique au vu de la richesse de l’effectif à disposition d’Aliou Cissé (Edouard Mendy, Koulibaly, Gueye, Mané…). Dans le jeu, les Lions n’ont toutefois pas donné le sentiment de progresser en deux ans et demi, ce qui est forcément problématique. Ils ont par ailleurs perdu leur seul match disputé contre une adversaire de taille durant la même période (3-1 au Maroc en octobre 2020) et ont même frôlé la correctionnelle à deux reprises récemment contre l’Eswatini (1-1) et le Togo (1-1), avec une égalisation à chaque fois arrachée dans le temps additionnel. Voilà qui démontre de belles ressources mentales mais questionne aussi les véritables chances des Lions, très Mané-dépendants, d’aller au bout… Le forfait de Krépin Diatta et l’incertitude autour de la date de retour d’Ismaïla Sarr peuvent aussi poser problème sur les ailes.
Le Cameroun croit en son rêve
Le pays-hôte part de plus loin mais fera forcément office de sacré client à domicile. Depuis sa nomination suite à l’élimination en 8es de finale de la précédente CAN (3-2 contre le Nigeria), le sélectionneur Toni Conceição a testé beaucoup de joueurs et fini par trouver une formule intéressante même si des progrès restent à faire dans le jeu. La récente qualification pour les barrages de la Coupe du monde 2022 au détriment de la Côte d’Ivoire a prouvé qu’il faudra prendre les Lions Indomptables au sérieux. Avec un mélange entre vieux tauliers (Ngadeu, Aboubakar, plus Choupo-Moting qui ne bénéficie pas d’un statut de titulaire) et joueurs en pleine force de l’âge (dont l’excellent mais peu médiatisé Ngamaleu, Onana, Toko-Ekambi, Zambo Anguissa), le peuple camerounais peut se prendre à rêver d’une 6e étoile.
Le Maroc, l’équipe à surveiller
Entre ses choix draconiens (mise à l’écart de Ziyech, Mazraoui et Harit) et son manque de fond de jeu, le sélectionneur Vahid Halilhodzic, nommé après le fiasco de la précédente CAN (élimination en 8es de finale contre le Bénin), a connu son lot de critiques. Ces derniers mois pourtant, le technicien a donné l’impression que son travail commençait à payer avec la mise en place d’un collectif de plus en plus convaincant qui fait la part belle à la nouvelle génération incarnée par Chair, Louza ou encore Ryan Mmaee, qui a réussi un sans-faute, exclusivement à domicile certes, dans les éliminatoires du Mondial 2022. Redoutable en défense (un seul but encaissé en six journées dans ces mêmes éliminatoires), ce Maroc peut viser haut. Jusqu’où ? Cette CAN va le déterminer.
Les sélections en baisse : Nigeria, Egypte et Ghana
Souvent classés parmi les favoris, le Nigeria, l’Egypte et le Ghana semblent partir de plus loin cette année. Les Super Eagles auraient pu prétendre à la catégorie de favoris mais la récente hécatombe qui les a frappés (Osimhen, Ighalo, Onuachu et Dennis en défense plus le cadre Balogun en défense) plus le changement de sélectionneur à la dernière minute (Augustine Eguavoen a remplacé Gernot Rohr) risquent de porter préjudice. De son côté, l’Egypte n’a pas spécialement redressé la barre après son fiasco de la CAN 2019 à domicile (élimination en 8es de finale) et reste tributaire d’un jeu trop limité et des fulgurances individuelles de Mohamed Salah, récemment supplée par le jeune Omar Marmoush. Le Ghana enfin se trouve toujours dans un processus de transition générationnelle et a bien failli se faire éliminer par l’Afrique du Sud dans les qualifications au Mondial 2022, avant de se hisser en barrages in extremis sur un penalty litigieux.
L’inconnue : la Côte d’Ivoire
Sur le papier, les Eléphants disposent eux aussi d’un des effectifs les plus impressionnants du continent avec notamment Haller et les stars de Premier League Zaha, Pépé, Cornet et Bailly plus les Kessié, Aurier et Boga. Les premiers mois du sélectionneur Patrice Beaumelle ont d’ailleurs fait naître de belles promesses. Mais les Ivoiriens ont démontré un jeu poussif durant les qualifications au Mondial 2022 avec des scores souvent flatteurs et ils sont tombés de haut en se faisant éliminer par le Cameroun en novembre. Reste à savoir si cette déconvenue va les démoraliser ou les rebooster.
Tunisie, Mali, Burkina Faso… Qui peut créer la surprise ?
Bien sûr, la Tunisie, 4e de la précédente édition, et le Mali, sorti dès les 8es de finale, n’ont pas forcément les mêmes ambitions, mais ces deux sélections pourraient créer la surprise à leur niveau. Nous ne les avons pas dissociées car elles se retrouvent dans le même groupe pour la 2e CAN consécutive et s’appuient sur un style proche, le genre d’équipe très solide en défense et difficile à manier. De quoi les porter sur des hauteurs inattendues ? Pour son retour à la CAN, le Burkina Faso, qui a récemment montré de belles choses contre l’Algérie, sera aussi à surveiller, surtout que les Etalons compteront sur le retour de Bertrand Traoré, absent ces derniers mois.