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Déclaration de paix pour les prochaines locales: Évêques, imams et oulémas montent au créneau
Publié le mercredi 22 decembre 2021  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Les Évêques, Imams et Oulémas du Sénégal reçus par le ministre de l`Intérieur
Dakar, le 22 décembre 2021 - Le Ministre de l’Intérieur, M. Antoine Félix Abdoulaye DIOME, a reçu les Évêques, Imams et Oulémas du Sénégal.
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En prélude aux élections territoriales du 23 janvier 2022, les évêques, imams et oulémas du Sénégal ont fait, hier, une déclaration commune. Les guides religieux appellent à la paix et à la retenue.

La discorde n’existe qu’en l’absence de dialogue, dit l’adage. Une assertion comprise par les évêques, imams et oulémas du Sénégal. Ces derniers ont fait face à la presse, hier, à la cathédrale de Dakar, pour attirer l’attention des acteurs politiques et de toute la population sur les élections locales qui se profilent à l’horizon.

Ils appellent ainsi au dialogue et à la retenue, pour maintenir le Sénégal dans un climat de paix et de quiétude. Dans ce dessein, ils mettent en garde contre d’éventuels conflits ‘’pouvant entrainer de regrettables agissements à l’encontre de la paix et de la stabilité de notre pays’’.

Sur toutes les lèvres, le discours est le même : faire tout pour éviter le mal. C’est pourquoi imams et évêques se sont sans doute adressés aux candidats pour plus de responsabilités dans les actions. ‘’À tous les candidats, nous rappelons ces principes et valeurs dont ils doivent tenir compte dans le déroulement de leurs activités politiques : l’acceptation politique comme un engagement au service de la cité ; le devoir de vérité, de transparence et de crédibilité ; le respect des personnes et des institutions ; la promotion du dialogue, de la paix et de la cohésion sociale ; l’engagement pour la justice, l’équité et le respect réciproque ; le refus de toute discrimination sociale, religieuse ou éthique ; le refus de toute manipulation ou d’achat des consciences…’’.

Pour les guides religieux, les élections constituent une étape importante pour le pays. Hors de question de les déstabiliser alors. À ce propos, ils portent à la connaissance de tous, ce message : ‘’Notre pays s’achemine vers la tenue des élections locales. Il s’agit d’un tournant décisif dans la vie de notre Nation, dans toutes ses composantes. Par conséquent, leur assurer un bon déroulement est un défi majeur pour tout citoyen.’’

‘’Le Sénégal est dans une ceinture de feu’’

Selon le chargé de communication de l’Association nationale des imams et oulémas du Sénégal (Anios), Imam Malick Ndiaye, le pays doit apprendre des autres pour mieux garder sa stabilité et sa tranquillité. ‘’Nos pays voisins sont dans une instabilité. C’est pourquoi, il faut le dire, le Sénégal est dans une ceinture de feu. C’est pratiquement le seul pays en Afrique de l’Ouest qui est jusque-là stable. Par conséquent, nous devons tout faire pour garder cette stabilité’’.

Dans cet ordre d’idées, il rappelle que des événements ont eu lieu dans le passé et dont il faudra se méfier. Et l’exemple le plus patent, pour lui, c’est sans surprise ce qui s’est passé en mars 2020. Ainsi, il déclare : ‘’Les émeutes de mars dernier sont fraichement dans les mémoires. Cela doit nous servir de leçon. Que de pareilles situations ne se reproduisent plus dans le pays.’’

Toutefois, il espère que leur discours sera bien entendu. ‘’Je crois que tous les acteurs politiques vont entendre notre message. Il n’y aura pas de violence, s’il plait à Dieu’’, espère-t-il. Il place son espoir dans le statut qu’ils incarnent, en tant que régulateurs sociaux, partisans de la non-violence. Mais aussi en tant que groupe religieux qui est bien écouté. Bref, il pense que leur voix compte beaucoup dans un pays à presque 98 % de croyants, voire plus.

‘’La paix, un des noms de Dieu’’

Militer en faveur de la paix est donc chose sacrée, si l’on s’en tient aux propos de l’imam Moustapha Guèye, Président de l’Anios. Le prêcheur renseigne que le terme ‘’paix’’ est l’un des noms de Dieu. Il lance son message : ‘’Nous demandons à tous les acteurs politiques et à tous les citoyens de ne pas inciter à la violence, de préserver la paix qui fait partie des noms de Dieu. Que chacun de nous essaie de parler et de faire la paix. Il faut éviter les discours injurieux.’’

Cette déclaration commune est venue à son heure, de l’avis de l’abbé Augustin Thiaw. Selon le secrétaire général de la Conférence épiscopale, le message lancé constitue une action, au-delà des prières. ‘’Les prières suffisent pour préparer les cœurs. Elles sont aussi accompagnées par des actions comme la rencontre d’aujourd’hui. Cette déclaration n’est pas à négliger, car c’est une forme d’alerte qui joue son rôle dans la promotion de la paix dans notre Nation’’.

Les discours agressifs et acerbes au sein de la politique ont poussé les guides religieux à élever la voix : ‘’Nous vous invitons, d’abord, à vous tourner vers Dieu, dans une fervente prière, pour lui confier notre pays et ses habitants. Que sa toute-puissante bonté éloigne de nous tout esprit de mal et de division. Nous en appelons ensuite à la conscience citoyenne de tous, surtout des acteurs politiques, pour adopter des comportements responsables en vue d’élections crédibles, transpirantes et paisibles.’’

Ces mots sont adressés aux candidats de la mouvance présidentielle, comme à ceux de l’opposition et à la société civile.

Pour ce qui est de la population, c’est l’appel au respect de l’autre qui fait la quintessence du discours qui lui est adressé. Dans ce sillage, les guides religieux tiennent à rappeler que le Sénégal est un patrimoine commun qui doit être protégé. Ils le déclarent en ces termes : ‘’À l’endroit des populations, nous réitérons notre appel au calme, à la retenue et au respect de l’autre. Avec tous, nous disons non à la violence ! Ce pays nous appartient. Il est de notre devoir à tous de le protéger, de contribuer à son développement et à son rayonnement. Dans la diversité de nos opinions et nos choix, sachons rester sereins, pacifiques et respectueux.’’

À la presse…

Le message s’adresse aussi à la presse, en tant que ‘’quatrième pouvoir’’. L’abbé Thiaw demande aux journalistes de bien agir pour les couvertures médiatiques. Pour ce faire, il en appelle à l’éthique et à la morale. ‘’À la presse, nous demandons d’avoir un comportement responsable. En de pareilles circonstances, si elle ne joue pas correctement son rôle, ne donne pas la bonne information, cela peut pousser les gens à l’ignorance, laquelle, à son tour, peut mener à des actes regrettables’’.

Pour lever toute ambiguïté, il ajoute : ‘’Nous ne doutons pas de la qualité de nos journalistes, de la générosité intellectuelle qu’ils incarnent. C’est tout simplement un rappel que nous faisons à leur endroit, pour éviter l’achat ou la manipulation des consciences pendant les élections. Aussi, pour leur permettre de continuer à jouer humblement leur rôle d’éveilleurs de consciences.’’

Pour ne pas se limiter tout simplement à véhiculer des messages de paix, les guides religieux sont revenus sur l’importance des élections locales. ‘’Le principal enjeu de ces élections, faut-il le rappeler, consiste à promouvoir le développement inclusif et participatif de notre pays, à partir de la base, c’est-à-dire des collectivités locales. Ainsi, il est important que tous portent le souci du développement harmonieux de leurs localités respectives, dans la perspective de collaborer avec toutes les ressources humaines de leur terroir, sans exception. Ce, pour le bien et l’intérêt des populations’’.

Ce qu’en pense la population

‘’On ne peut rien faire sans la paix’’, lance Boubacar Sow. Ce citoyen d’une soixantaine d’années, trouvé en train de lire un journal, pense que le chef de l’État est le seul homme à pouvoir créer les conditions d’une paix au sein de la Nation. Sans aucune hésitation, il martèle : ‘’J’accuse Macky Sall. On n’a pas besoin de chercher loin. C’est lui qui doit incarner la paix. Nous lui avons confié le pouvoir. C’est l’État qui détient le monopole de la violence. Il a les armes ; c’est à lui donc d’apaiser le climat. Tout ce dont nous avons besoin, c’est de la paix.’’

Alpha Omar Diallo est, quant à lui, un Guinéen vivant au Sénégal depuis plus de vingt ans. Toutefois, les affaires de la cité l’intéressent. Le vendeur de fruits, âgé de 38 ans, estime que le Sénégal doit garder sa stabilité et son caractère de pays démocratique. En s’adressant à la jeunesse, il prie pour que chacun aille voter pour le candidat de son choix. Et ce, dans le calme et la sérénité.

Les inquiétudes ne manquent pas. Et les mots de Kaira Ndiaye le prouvent. Cette maman dit s’en remettre à Dieu. ‘’À vrai dire, je suis inquiète et je sais que tout autre parent a le même sentiment que moi. Les élections ne sont pas encore arrivées et il y a déjà trop de bruit sur la scène politique, de part et d’autre. Tellement de choses se sont passées dans ce pays que finalement, on ne peut plus garder la sérénité’’, dit-elle.

Les citoyens doivent voter en fonction de la pertinence des projets de développement du candidat. C’est l’avis de Mamadou Ndong. Pour ce citoyen, les électeurs ne doivent plus accepter d’être utilisés par les politiciens. Et la meilleure façon de bien élire quelqu’un, c’est de savoir et de bien comprendre son programme. C’est pourquoi d’ailleurs il ne s’en cache pas. ‘’On n’a pas besoin de tout ce bruit. Moi, je vote sur la base d’un programme qui arrange la population et non le candidat. Ma carte appartient à celui qui va me présenter un meilleur programme pour le bien-être des personnes. Qu’ils proposent des projets convaincants, c’est mieux de rester là à s’attaquer. Il faut agir pour la paix’’.
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