Alors qu’un nombre croissant de pays imposent des interdictions de vols aux pays d’Afrique australe en raison des inquiétudes suscitées par le nouveau variant Omicron, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle les pays à agir conformément à la science et au Règlement sanitaire international (2005).
Les restrictions de voyage pourraient contribuer à réduire légèrement la propagation de la COVID-19, mais elles font peser un lourd fardeau sur les vies et les moyens de subsistance. Si des restrictions sont mises en place, elles ne devraient pas être inutilement invasives et intrusives, et elles devraient être basées sur la science et le Règlement sanitaire international qui est un instrument juridiquement contraignant de droit international reconnu par plus de 190 pays. Cette semaine, les pays participeront à une session spéciale de l’Assemblée mondiale de la Santé organisée par l’OMS pour discuter de la manière de se préparer et de mieux réagir collectivement aux pandémies, en s’appuyant sur leurs engagements pris dans le cadre du Règlement sanitaire international.
L’Afrique du Sud a suivi le Règlement sanitaire international et, dès que son laboratoire national a identifié le variant Omicron, elle en a informé l’OMS le 24 novembre.
« La rapidité et la transparence avec lesquelles les gouvernements d’Afrique du Sud et du Botswana ont informé le monde de ce nouveau variant sont à saluer. L’OMS se tient aux côtés des pays africains qui ont eu le courage de partager ces informations de santé publique susceptibles de sauver des vies, en aidant ainsi à protéger le monde contre la propagation de la COVID-19 », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « À la veille d’une session spéciale sur la préparation aux pandémies, j’appelle tous les pays à respecter leurs obligations légales et à mettre en œuvre des actions de santé publique s’appuyant sur la science. Il est crucial que les pays qui sont transparents avec leurs données soient soutenus, car c’est le seul moyen de s’assurer que nous recevons les données importantes en temps opportun. »
Tandis que les investigations sur le variant Omicron continuent, l’OMS recommande aux pays d’adopter une approche scientifique s’appuyant sur l’évaluation des risques et de mettre en place des mesures qui peuvent limiter sa propagation éventuelle. Des interdictions de vols ont été imposées aux pays d’Afrique australe, mais seulement deux pays ont jusqu’à présent détecté le nouveau variant. Dans le même temps, des pays d’autres régions ont signalé des cas d’Omicron.
« Maintenant que le variant Omicron est présent dans plusieurs régions du monde, la mise en place d’interdictions de voyage visant l’Afrique constitue une attaque de la solidarité mondiale. La COVID-19 profite continuellement de nos divergences. Nous ne prendrons le dessus sur le virus que si nous travaillons ensemble sur les solutions », a déclaré la Dre Moeti.
L’OMS amplifie son soutien au séquençage génomique en Afrique. Les laboratoires de séquençage devraient avoir accès aux ressources humaines et aux réactifs de test adéquats afin de fonctionner à pleine capacité. L’OMS est prête à aider à répondre à ces besoins supplémentaires en ressources humaines, ainsi qu’à mobiliser des fonds et une expertise technique pour renforcer les activités de riposte à la COVID-19, parmi lesquelles la surveillance, le traitement et la prise en charge des infections, et la mobilisation à base communautaire dans les pays d’Afrique australe. De plus, l’OMS est en contact avec tous les pays de la Région pour s’assurer qu’ils reçoivent les ressources nécessaires leur permettant de détecter et de se préparer à de potentiels cas d’Omicron.
L’OMS appelle les pays à prendre des mesures clés pour renforcer les efforts de dépistage du variant Omicron, y compris en s’assurant que leurs équipements PCR peuvent détecter Omicron, en doublant au minimum le nombre d’échantillons prélevés et le séquençage d’échantillons de contrôle de la COVID-19 pour atteindre 150 échantillons par semaine par rapport à la moyenne actuelle de 75, ainsi qu’à revoir d’anciens échantillons pour détecter d’éventuels signes d’Omicron.
En septembre 2020, l’OMS et les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies ont créé un réseau de 12 laboratoires pour renforcer le séquençage génomique du virus. La surveillance génomique a considérablement progressé depuis le début de 2021, avec une multiplication par cinq du nombre de génomes séquencés sur le continent.