Il est sans doute l’un des entraineurs les plus capés avec l’équipe nationale de football. Aliou Cissé, aussi bien en tant que « Lion » qu’en tant que sélectionneur, a laissé de quoi égayer la postériorité. Pourtant, malgré ses résultats probants à la tête de l’Equipe nationale du Sénégal, l’ancien capitaine sous Bruno Metsu peine à faire l’unanimité. Au lendemain de chaque match, peu importent les victoires acquises, les réactions sont négatives quant à son coaching. Qu’a-t-il fait donc pour mériter autant de mépris.
C’est à la suite de la démission d’Alain Giresse, en 2015, qu’Aliou Cissé va prendre les rênes de l’équipe du Sénégal. Son accession à ce poste intervient au moment où le Sénégal nageait dans un cycle répété de déceptions à la Coupe d’Afrique des Nations. Entre 2010 et 2015, les différents sélectionneurs n’ont pas pu répondre aux aspirations du « 12ème Gaindé ». L’illustration est flagrante car du point de vue des résultats à la CAN, Amara Traoré et Alain Giresse n’ont pas su profiter des talents individuels qui grouillaient au sein de l’effectif. Ils avaient à leur disposition des joueurs comme Moussa Sow, Papis Demba Cissé, Mamadou Niang, Demba, et j’en passe. Qui pis est, leur élimination successive dès le premier tour a fini par créer un sentiment de désillusion entre les supporters et l’équipe nationale. Ainsi campé, voilà le décor de la situation de l’arrivée d’Aliou Cissé en sélection.
Des résultats solides, au détriment d’un football plaisant
A la lumière de ses résultats avec l’Equipe nationale, Aliou Cissé est sans doute l’un des meilleurs entraineurs. Les statistiques sous lui sont parlantes: 18 victoires, 6 nuls et 4 défaites pour un total de 28 matchs. Ce ratio milite en faveur de tout entraineur, tellement il est positif et peut laisser place à de l’espoir en perspective des campagnes prochaines. Dans ces chiffres se cachent des exploits non négligeables autant au niveau continental qu’à l’échelle internationale. Aliou Cissé a presque pu rééditer les faits d’armes de l’année 2002 où le Sénégal s’est hissé au toit du foot continental en jouant une finale de CAN qu’elle a perdue face au Mali et en allant jusqu’aux 1/4 de finale de la Coupe du monde. Il s’en est fallu de très peu que l’ancien capitaine des Lions fasse un bilan égal à son ancien coach Bruno Metsu. Il a joué une finale de CAN en étant sur le banc des Lions en 2019 et a manqué de justesse de sortir des poules lors de la dernière CM à cause d’un surplus de cartons jaunes.
C’est donc un parcours sublime que Cissé a fait jusque-là. Nonobstant tous les chiffres glorieux qui le maintiennent au rang des entraineurs les plus talentueux d’Afrique, le sélectionneur national essuie toujours des tirs groupés de la part des amateurs et observateurs du football sénégalais. S’il en est ainsi, c’est parce que les uns et les autres font l’impasse sur les résultats et mettent le curseur sur la qualité du jeu. Tant qu’à dire, il faut reconnaitre que la sélection sous Aliou Cissé n’est pas très joueuse; elle ne parvient pas à faire des émules sur le plan tactique. Dès lors, les statistiques apparaissent comme l’arbre de la performance qui cache la forêt des failles à corriger. Cette piètre qualité de jeu peut en effet être expliquée par le fait que l’entraineur lui-même a joué à un poste où l’efficacité, la gagne par tous les moyens, étaient le principal mot d’ordre à lui lancé en tant que défenseur. Point de place au beau jeu en tant que joueur. Point de place au beau jeu en tant que sélectionneur, l’essentiel étant les résultats. Cette conception du jeu par Aliou Cissé tranche nettement avec ce que les férus du ballon rond attendent compte tenu de la richesse de l’effectif.
Un effectif solide mais des choix controversés
A en juger son effectif, on ne peut douter qu’Aliou Cissé est à ce jour le plus pourvu en talents parmi les entraineurs que le Sénégal a connus. Il a à sa disposition des individualités reconnues à travers le monde, des joueurs qui ont voix au chapitre dans tous les grands championnats d’Europe. C’est la richesse de son effectif qui en réalité donne au coach son palmarès envié de tous. Pour beaucoup cependant, le sélectionneur ne tire pas assez de profit cette myriade de talents; il ne sait pas les gérer. Difficile de réfuter un tel argument si l’on sait que dans tous les compartiments du jeu, il peut se faire peur grâce à la qualité de ses individualités. C’est ce qui continue de placer le Sénégal au premier rang du classement FIFA depuis deux ans.
Même si le Sénégal est envié sur la papier, les choix de Cissé sont souvent objet de controverses. Le contentieux entre l’entraineur et les fans de l’équipe du Sénégal est que le maitre des vestiaires n’a toujours pas de Onze Type. Contrairement à l’ère Bruno Metsu où on pouvait deviner le classement et taper dans le mille, Aliou Cissé brouille souvent les cartes. Son équipe souffre de constance, et sous lui, des dizaines de joueurs ont été utilisés, dont un important ratio de binationaux. Dans le même temps, Cissé n’accorde pas une grande attention aux joueurs du championnat local. Cette instabilité de l’effectif impacte lourdement sur la qualité du jeu et partant des résultats obtenus.
Une constance à saluer pour une finale à la CAN 2022
Même s’il lui est souvent fait le reproche de convoquer en équipe nationale des joueurs qui ont toujours montré leu préférence à la France- comme Bouna Sarr et Papa Guèye– Aliou Cissé doit être salué pour les efforts qu’il entreprend. En démarchant des binationaux pétris de talents, quelle que soit leur première volonté, le coach aide à renforcer l’effectif du Sénégal pour des générations encore. L’intérêt va au-delà de son magistère. Aussi, il faut noter que malgré les critiques qui lui sont faites en termes de qualité de jeu, l’entraineur de l’équipe A ne se soucie pas de créer un système de jeu tel que voulu par la masse des supporters et observateurs. Son choix, si controversé qu’il puisse être, s’avère payant parce que de façon constante, le Sénégal joue depuis les premiers rôles depuis son magistère.
Si le coach veut changer la considération que certains ont à son égard, il faut nécessairement qu’il revoie sa copie et mettre en place un plan de jeu agréable. Comme le lui ont assigné les autorités sportives, il n’a pas d’autre option pour la CAN à venir si ce n’est la victoire finale. Il est temps que la première place sur le classement FIFA, et les énormes talents dont nous disposons, paient par une consécration au soir de la finale de la prochaine édition de la compétition continentale. Cissé le sait, et ses joueurs avec lui, seule la victoire peut signer une immortalité aux yeux de la postérité, de cette génération dorée à qui les dieux des stades ont fait les plus grands talents sportifs.