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SERPM - 22 mois sans salaire a la mine de phosphates exploitée par la SERPM : les travailleurs menacent Oumar Sarr
Publié le lundi 20 septembre 2021  |  Enquête Plus
Oumar
© Autre presse par DR
Oumar Sarr
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Vingt mois sans salaire ! Un calvaire sans fin pour les 76 travailleurs de la mine de phosphates exploitée par la SERPM. Le chef de l’État, lors de sa visite au mois de juin dans la région de Matam, avait instruit le ministre des Mines de s’imprégner du dossier pour décanter la situation au plus vite. Rien de nouveau depuis et les travailleurs s’impatientent.

Pour les 76 travailleurs de la société minière du richissime homme d'affaires sénégalais Cheikh Amar, le bout du tunnel est encore bien loin. L’espoir était né, lors de la récente tournée économique du président de la République dans la 11e région du pays. Ils lui avaient adressé une correspondance pour solliciter son intervention. Le ministre des Mines, Oumar Sarr, avait annoncé un délai de trois mois pour que cette histoire d’arriérés ne soit qu'un vieux souvenir.

En effet, une nouvelle entreprise minière aurait manifesté son désir de reprendre les droits d’exploitation de la Société d’études et de réalisation des phosphates de Matam (SERPM), mais, elle devra éponger toutes les dettes y compris les arriérés de salaire, avant de se voir attribuer le permis d’exploitation. Cette annonce avait mis du baume au cœur de ces pères de famille qui sont restés près deux années sans voir la couleur de leur argent.

Mais seulement, depuis, c’est le statu quo. Si l'on en croit Alassane Wade, leader de ce collectif, aucune évolution n'est constatée et leur patience flirte avec la ligne limite : ‘’Nous avons été heureux et réconfortés par le geste du président de la République qui a cherché à diligenter ce dossier. Son ministre des Mines que nous avons rencontré nous avait demandé un délai de trois mois pour décanter la situation. Car, selon ses dires, un repreneur s’était présenté, mais, il lui aurait clairement signifié qu'avant de recevoir son permis d’exploitation, il devra au préalable payer le salaire de 22 mois d’arriéré des travailleurs et recruter la totalité de ces ouvriers. Nous avons sauté de joie et cela nous a obligés à surseoir à nos grèves. Mais aujourd’hui, nous sommes gagnés par l’inquiétude. On n'est qu’à quelques jours de la date butoir et rien de nouveau dans le dossier nous concernant’’, lâche-t-il.

‘’Nous sommes prêts à tout, cette fois-ci’’

L'attente a été longue, en effet, pour ces travailleurs qui ont frappé à toutes les portes. Ils avaient mis à contribution toutes les autorités de la région, y compris les religieux pour rentrer dans leurs fonds, sans succès. Cette fois-ci, ils ne vont pas se laisser faire, prévient Alassane Wade. ‘’Nous n’allons pas nous laisser faire. Nous avons patienté tranquillement, mais nous allons durcir le ton, si le ministre ne respecte pas sa parole. Nous sommes prêts à tout, cette fois-ci. Si ce sont juste des promesses qui ont été faites pour éviter que nous manifestions lors de la visite du chef de l’État, eh bien il se trompe lourdement. Nous serons prêts à y laisser nos vies et dans ce cas, le ministre et le président Macky seront les véritables responsables’’, avertit-il.

En effet, après moult formes de lutte expérimentées, les travailleurs de la SERPM (Société d’études et de réalisations des phosphates de Matam) étaient passés à la vitesse supérieure, en entamant, en 2020, une grève de la faim pour exiger le paiement des arriérés de salaire.

Pour ces travailleurs aux visages osseux et aux rides bien dessinées, la vie a perdu sa pétillante saveur, depuis bientôt deux ans. ‘’Nous avons décidé de faire une grève de la faim pour le paiement de nos salaires. Cela fait 22 mois que nous n’avons pas perçu nos salaires’’, se désole au bout du fil Aliou Guissé Koundoul, un des leaders du collectif.

Pourtant, la SERPM est la première entreprise à s’implanter dans les domaines de Ndendory, commune du département de Kanel, avant que la Somiva ne vienne la rejoindre dans l’exploitation des phosphates. Cette situation a permis une rentrée conséquente de fonds pour la société dirigée par le célèbre homme d’affaires Cheikh Amar. Mais, cela ne semble pas impacter sur la situation des travailleurs, qui courent derrière des arriérés.

‘’Nous avons exposé notre problème à toutes les autorités administratives, que ce soit le sous-préfet de Ouro Sidy, le préfet du département de Kanel et le gouverneur de la région de Matam, mais, la situation n’a pas évolué. Nous sommes arrivés à un tel niveau de précarité que nous n’avons plus autre alternative que de faire cette grève de la faim. Peut-être que si nous mourrons, ils auront bonne conscience’’, dit M. Koundoul. ‘’Nous n’avons plus rien à manger et rien à donner à nos familles. C’est impensable qu’une société dont le président du Conseil d’administration est Cheikh Amar puisse rester autant de mois sans payer ses employés. La situation s’est compliquée avec la pandémie et on est en train de mourir à petit feu’’.

La SERPM est restée confinée dans un silence. Les tentatives de recueillir leur version sont restées vaines. Ce mutisme assourdissant dans lequel se sont emmurées les voix autorisées des collaborateurs de Cheikh Amar, ne plaide pas en leur faveur.

Selon une grande partie de la population de Hamady Ounaré et de Ndendory, la SERPM ne serait d'aucune utilité pour la communauté. Chaque jour, des dizaines de camions quittent les mines remplis de phosphates sans qu’il y ait le moindre impact positif.

Il faut rappeler que la Société d’études et de réalisation des phosphates de Matam (SERPM) avait, dès ses premières heures, suscité le courroux des populations qui l’accusaient d’exploiter les ressources sans compensation. Mais elle s’était toujours défendue en arguant être au stade d’études, même si les nombreux camions remplis de phosphates à destination de Dakar ont fini par convaincre les habitants de sa phase d’exploitation. Ainsi, selon le dernier rapport de l’ITIE en 2018, la quantité de phosphates exploitée à Ndendory est évaluée à 540 mille tonnes. Et selon toujours le même rapport, cette quantité a connu une baisse de plus de la moitié par rapport à l’année précédente qui était d’un million 100 mille tonnes.

Avec les mesures drastiques contre la propagation du coronavirus qui ont fortement impacté sur le niveau de vie des populations locales, les grévistes espèrent que le ministre des Mines réussira à temps à faire payer les salaires.

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