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Gestion de la Covid-19 au Sénégal: Ces failles du système mises à nu par la pandémie
Publié le mardi 7 septembre 2021  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
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Que ce soit sur le plan social, économique, religieux ou politique, la Covid-19 a et continue de révéler les failles du système de gouvernance des autorités sénégalaises. Le constat a été fait samedi, à l’occasion d’un webinaire organisé par le Consortium africain de recherche relatif aux informations sur l’islam dans le monde (Cariim).

Le Sénégal, comme tous les pays du monde, subit, depuis plus d’une année, les effets de la pandémie de Covid-19. Qui a mis à nu les manquements dans la gouvernance politique, économique, sociale du pays. C’est ce qui ressort du webinaire organisé ce samedi par le Consortium africain de recherche relatif aux informations sur l’islam dans le monde (Cariim).

‘’Avec le choc qu’on a reçu avec le coronavirus, on apprend qu’un pays, une économie pour se développer ne peut pas toujours jouer le rôle de la main tendue. Avec l’ensemble des mesures qui ont été prises, le gouvernement du Sénégal doit repenser le modèle économique sénégalais et qu’on puisse réellement accompagner les initiatives et cesser d’être un réservoir de croissance. Le développement ne doit pas être exogène, mais endogène. Il faut penser par nous-mêmes pour pouvoir se développer’’, soutient l’économiste-statisticien Ibrahima Ndiaye qui intervenait à cette occasion.

Depuis plusieurs décennies, poursuit le sociologue et coordonnateur de projet au West Africa Research Center (Warc), Mamadou Bodian, les pouvoirs publics dans les pays comme le Sénégal semblent avoir ‘’abandonné’’ toute forme de projet de transformation structurelle dans leur société. Ceci en faveur de l’émancipation collective. ‘’Ils se contentent, très souvent, de gérer les urgences de toute sorte comme celle induite par la pandémie de Covid-19. (…) L’Etat doit avoir une certaine maitrise de son intégrité territoriale, mais aussi se projeter et fournir les services sociaux de base, notamment la santé qui est aujourd’hui un des piliers de lutte pour cette situation sanitaire’’, dit-il.

Toutefois, comme toute crise, le sociologue reconnaît que la gestion ‘’n’est pas toujours facile’’ et la Covid a pu aussi amplifier un certain nombre de problèmes qui étaient déjà structurels, mais qui se sont révélés davantage beaucoup plus prégnants dans ce contexte sanitaire. ‘’On a vu comment la question de la mal gouvernance a surgi à un certain moment, notamment quand le gouvernement a lancé une campagne de distribution de l’aide alimentaire. Au-delà de ces questions de gouvernance qui sont posées, les autorités ont fait face à l’épreuve de la réalité sociale. Parfois, elles sont dans une posture malaisée, lorsqu’il s’agit de prendre des décisions qui pourraient heurter la sensibilité de certaines communautés, notamment religieuse’’, souligne M. Bodian.

Au-delà de l’aspect social et économique, sur le plan religieux, l’imam Ahmadou Makhtar Kanté de la mosquée du Point E, par ailleurs écrivain, a notifié que cette gestion publique a révélé une ‘’méfiance non-négligeable’’ des autorités et des voix écoutées de la communauté musulmane y compris la masse musulmane à l’égard des pouvoirs publics.

‘’Donc, il faut bien travailler sur cette question. La forme de la laïcité sénégalaise a montré ses fragilités dans la gestion de la pandémie. Il faut avoir une option rigoureuse. Est-ce qu’il faut mieux clarifier la laïcité du point de vue de ses relations avec la communauté musulmane en particulier ou bien, il faut une laïcité radicale qui exclut complètement et clairement le religieux dans les politiques publiques, ou bien est-ce qu’il faut carrément construire des passerelles de partenariat ?’’, renchérit l’imam Kanté.

D’après le religieux, il y a ensuite la gestion qui a fait ressortir les difficultés à agir en partenariat. Car l’imam du Point E trouve que l’Etat n’a pas trouvé l’approche, ni les cadres pour le faire. ‘’Cette pandémie a montré aussi la cohésion fragile de la communauté musulmane, son impréparation et ce problème de légitimité. Il y a un problème de méfiance envers la science, l’Occident à l’extrême. On a vu aussi une faiblesse du discours islamique sur les termes communs’’, poursuit-il.

Etre transparent dans les informations diffusées

Face à ces challenges, le journaliste et spécialiste en communication Ballé Preira a indiqué que dans une communication de crise, il faut choisir le ton. ‘’Il faut savoir faire preuve d’empathie, de dimension affective, humaine, pour partager les difficultés que vivent les populations. Il faut aussi un élément fondamental, c’est la transparence dans les informations qui sont diffusées ; la sincérité en donnant de manière régulière des informations utiles pour renforcer la confiance des populations qui sont exposées aujourd’hui avec l’explosion des réseaux sociaux, des sites Internet, des médias de manière générale, en toute sorte d’information. Donc, il y a une surabondance d’informations’’, souligne-t-il.

Selon lui, s’il n’y a pas assez d’informations correctes, crédibles pour contrebalancer ces fake-news et autres informations, les populations seront ballottées et ne prendront pas les bonnes décisions. Et les messages pour le changement de comportement ne passeront pas. D’où la nécessité, pour M. Preira, de faire preuve du sens de l’écoute, de feed-back. ‘’Cela ne doit pas être simplement unidirectionnel. Les experts, les pouvoirs publics doivent écouter aussi les populations dans leur ressenti, pour qu’il y ait une approche communautaire. Il faut toujours informer sans inquiéter. C’est un équilibre difficile. Il ne faut pas inquiéter, créer de la peur, mais aussi, il faut éviter la banalisation. Donc, rassurer sans minimiser, sans susciter la panique. Les points d’équilibre sont difficiles à trouver en période de crise. Travailler donc à briser la chaine de méfiance, en communicant juste et vrai’’, ajoute-t-il.

Le responsable de la Cellule de communication du ministère des Finances et du Budget a relevé que le défi, c’est que lorsqu’on cache des informations, une fois révélées par des parties tierces, la confiance ‘’s’étiole’’ et ‘’c’est difficile’’ de regagner la confiance quand elle est perdue. ‘’Il faut faire preuve de sérénité. Le public a tendance à surévaluer la crise avec un biais négatif. La peur faisant souvent plus de clics et d’attention du public. Il faut aussi faire preuve de sens de responsabilité en évitant la stratégie du bouc-émissaire. Ne pas renvoyer la responsabilité à d’autres. Mais s’il y a des erreurs, des insuffisances, des points de vulnérabilité, les reconnaître et avancer. La crise doit servir d’éducation, de formation, d’expérience et éviter cette dénégation stérile qui ne produit rien’’, suggère-t-il.

MARIAMA DIEME
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