Au total, ce sont treize organisations et partis politiques qui ont décidé, après une longue alliance, de fusionner avec le parti Patriotes Africains du Sénégal pour le travail, l’Ethique et la Fraternité (Pastef). Mais la partie la plus remarquable de cette fusion constitue manifestement l’arrivée du rassemblement National Démocratique (Rnd) créé par le savant et égyptologue Cheikh Anta Diop dans les rangs du parti d’Ousmane Sonko.
L’image est saisissante. Le moment historique. La signature du protocole de fusion du Rassemblement National Démocratique (Rnd) au parti Pastef d’Ousmane Sonko par Dr Diallo Diop restera dans les annales de l’histoire politique sénégalaise.
En effet, si ce parti a toujours péché dans la représentativité, il demeure toutefois incontournable sur l’échiquier politique du pays grâce à l’envergure de son fondateur qui n’est personne d’autre que le savant Cheikh Anta Diop, chantre d’une Afrique berceau de l’Humanité. En effet, après près de 45 ans d’existence, le Rassemblement National Démocratique (RND) est le dernier parti politique fondé par l’égyptologue, le 3 février 1976, à Dakar. A l’image de ses prédécesseurs, le Bloc des Masses Sénégalaises (BMS : 1961-1963) et le Front National Sénégalais (FNS : 1963-1964), il a été interdit par le Président Léopold Sédar Senghor jusqu’à son départ du pouvoir, avant d’être finalement reconnu par son successeur désigné, le Président Abdou Diouf, le 18 juin 1981.
Ainsi après avoir cheminé pendant plusieurs années dans le cadre d’une coalition, Dr Diallo Diop et ses camarades ont décidé de faire corps avec le Pastef. Considéré comme l’un des principaux conseillers du leader des patriotes depuis le début de sa carrière politique, le frère du célèbre activiste Omar Blondin Diop et ancien compagnon du président Mamadou Dia rappelle toute la pertinence de cette fusion. «Un sentiment de satisfaction pour l’aboutissement d’un long travail qui est finalement l’accomplissement du projet politique de Cheikh Anta Diop », indique Dr Diallo Diop avant d’ajouter que ce projet du célèbre historien sénégalais est un projet de rassemblement patriotique, démocratique et africain. Ce qui constitue, selon lui, une condition sine qua non de la libération et de l’unification de l’Afrique. Comme le Rnd, le mouvement ‘’Déf Li La War’’ de l’économiste Yacine Fall, le parti Jot Sa Réw de Bassirou Mbacké, le mouvement Ideal de Mouhamad Lamine Daffé, le parti Yoonu Askan Wi de Madièye Mbodj et de Alla Kane (figure historique de la gauche sénégalaise) font partie aussi des formations qui ont adhéré à la dynamique patriotique.
LE GRAND SOIR : UN REVE ENCORE REALISABLE
«Unir les forces patriotiques constitue un gain pour le peuple qui est concerné. C’est un grand pas en avant dans la lutte pour l’indépendance nationale. Nous ne sommes pas encore réellement indépendants et si nous avons des patriotes qui sont conscients de cet enjeu et qui unissent leurs forces, on ne peut que s’en réjouir », a soutenu l’ex-inspecteur des Impôts et Domaines, Alla Kane, radié à maintes reprises de la fonction publique à cause de son combat politique. Agé de 84 ans, le gauchiste pense qu’il faut s’organiser, lutter sur le terrain et conscientiser les masses. «Et à chaque fois, engranger des victoires jusqu’à la grande victoire», renchérit-il tout en signalant que le peuple doit être éclairé sur la situation qui sévit dans le pays. Dans la foulée, il considère que cette fusion va renforcer le camp des patriotes et les rapprocher de la victoire. «Si l’on s’en remet à l’histoire, toutes les forces qui ont remporté des victoires, qu’ils s’agissent des Chinois ou des Vietnamiens, c’est sur la base de l’unité qu’elles sont arrivées à la victoire», analyse-t-il avant d’ajouter : «Mais la dispersion des forces est une arme pour l’ennemi».
OUSMANE SONKO : «IL N’Y A PAS DE KHALIFE GENERAL AU PASTEF»
Pour sa part, le président du Pastef Ousmane Sonko s’est voulu très clair sur les orientations de sa formation politique. «Ce parti ne se nomme pas Sonko et ce n’est pas ma propriété, ni celle de Dr Diallo Diop ou encore Madièye Mbodje, mais Pastef est une institution qui est régie par des règles », répète le député patriote qui pense que cette fusion aura pour objectif de renforcer le contre-pouvoir sur le plan interne.
Calmant visiblement les ardeurs de certains de ses affidés, Ousmane Sonko affirme : «Il n’y a pas de khalife général dans le Pastef mais plutôt une démocratie interne». A l’en croire, une seule personne ne doit pas incarner une formation politique. «Dans les grandes démocraties, il est très difficile d’identifier le leader, tellement il y a autant de fortes personnalités », a indiqué le leader de Pastef face à ses nouveaux camarades.