Le rythme d’enterrements a considérablement augmenté au cimetière de Yoff en cette période où le Sénégal fait face à une 3ème vague de Covid-19 particulièrement difficile. Qu’est-ce qui l’explique ? Qu’en est-il réellement ? Retour sur un dimanche pas comme les autres.
Le dimanche à Bamako, c’est connu : c’est le jour des mariages. A Yoff, c’est le jour des enterrements. Le légendaire calme de la cité Djily Mbaye est perturbé ce dimanche. Entre les gyrophares des corbillards et les pleurs, c’est une fin de semaine pas comme les autres que vivent les occupants des maisons jouxtant la porte principale du cimetière musulman de Yoff. Effréné, le rythme des enterrements l’est ! En effet, entre 9 heures et 15 heures, ce n’est pas moins de 9 cérémonies d’inhumation qui ont été dénombrées. Une situation inédite qui interpelle plus d’un, surtout les habitants de la cité. «Je suis incapable de te dire la moyenne mais je sais que le nombre d’enterrements a considérablement augmenté depuis plus d’une semaine», a précisé Seynabou Diouf trouvée devant l’arrêt de bus. Sceptique lors des deux premières vagues, la dame «n’enlève son masque que pour dormir. A la radio, on annonce que 5 décès liés au Covid-19 mais je constate depuis quelque temps que c’est beaucoup plus que ça». Pour mesurer l’ampleur de la situation, la mosquée où se déroule la prière mortuaire est un baromètre.
«J’ai fait plus de 10 ans ici, mais je n’ai jamais vu ça»
Vers 11 heures, 3 corbillards sont stationnés devant la grande porte du cimetière. Ils attendent que la place se libère pour pouvoir inhumer. Pendant que la prière mortuaire est en train de se dérouler, des personnes viennent avec le permis d’inhumer délivré par l’administration pour chercher une place. C’est un homme préposé à la porte qui se charge de vérifier la conformité de l’acte avant de proposer une place. Pendant ce temps, le parking du cimetière est noir de monde. Les bus Ndiaga Ndiaye arrivent de partout et se mélangent aux voitures particulières. Sur les gestes barrières, le port du masque est respecté. La distanciation sociale d’un mètre ne pouvant être respectée vu le nombre impressionnant de personnes présentes, les gens se bousculent pour rentrer dans les bus afin de retourner. Le personnel municipal devant aider à faire les enterrements est débordé. Pour recueillir les propos, il faut attendre des heures tant ils sont occupés. La canicule n’aidant pas, quand ils ont 5 minutes de repos, ils s’empressent de rentrer dans le bureau qui est juste devant la mosquée. «J’ai fait plus de 10 ans ici mais je n’ai jamais vu ça. Le rythme d’enterrements est vraiment soutenu. Je ne sais pas si tous les défunts sont victimes du Covid-19 mais une chose reste certaine c’est qu’il y en a. Les gens devraient venir ici pour voir que le Covid-19 est une maladie qui existe. Il faut tout faire pour l’éviter. Je sais que je risque ma vie mais c’est mon travail, je n’ai pas le choix», a affirmé Ousseynou Wade.