Il est l’un des enseignants les plus adulés de la Faculté de Lettres et des sciences humaines. Beaucoup d’étudiants au département de philosophie l’admirent. Dr Babacar Diop le leur rend bien. Passionné par l’enseignement, il l’est autant pour l’engagement pour les causes justes. L’injustice l’horripile. Il rêve d’un monde sans opprimé et construit son projet de société autour de valeurs africaines pour concrétiser son rêve. L’invité de ce Grand’Place est un éternel indigné, leader du FDS/ Les Guelewars, il souhaite construire son projet avec les mouvements sociaux. Entretien.
Pourquoi Les Guelewaars ?
(Il rit) Nous voulons partir de nos propres réalités africaines, de notre propre culture, de notre propre imagination. Il y a un besoin profond de libération de notre société et nul ne l’exprime mieux que la figure de Guelewar telle qu’elle apparait dans le film de Sembene Ousmane. Guelewar, c’est l’autre nom du militant, du citoyen engagé, du patriote, du nationaliste, du panafricaniste, mais surtout du militant incorruptible, prêt à tout donner, même sa vie pour son pays. Quand on est Guelewar, on est un patriote ; on est incorruptible, au service de l’intérêt général, de la cause du peuple, des opprimés, des femmes, des pauvres, des sans voix. Je dis toujours à mes militants qu’il y a des socialistes corrompus, des républicains corrompus, des démocrates corrompus, il peut y avoir des patriotes corrompus, mais quand on est Guelewar, on est incorruptible. Etre Guelewar, c’est des valeurs, une vocation. C’est se mettre au service de sa Nation.
Donc, vous réclamez cette part de l’œuvre de Sembène qui dénonce l’asservissement ?
Evidemment ! Nous menons un combat pour la dignité. Notre projet, c’est de dignifier et de protéger la vie. La politique doit avoir un sens. Nous tirons de Sembène Ousmane, mais pas que de lui. Il y a Senghor, Mamadou Dia, Julius Nyerere, de Kwame Nkrumah, d’Amilcar Cabral, de Thomas Sankara et de tous ceux qui ont écrit ou porté des luttes pour la dignité des peuples opprimés. Nous sommes une organisation de gauche. Nous avons notre identité, notre sensibilité, une formation politique de gauche. Nous voulons reconstruire la Gauche en Afrique, mais à partir de nos propres réalités. La Gauche occidentale a réfléchi pour les opprimés de l’Occident, a ignoré les réalités des peuples dominés : les colonisés, les paysans, ceux qui se battent pour la terre, pour l’eau, ceux qui portent des revendications ethnoculturelles. Il y a des communautés qui sont menacées, des langues qui risquent de disparaitre. Ces spécificités-là ne sont pas prises en compte par la Gauche occidentale.
Nous voulons reconstruire une Gauche africaine, à partir des réalités africaines, nous inspirant des théories, des pratiques et des projets de société alternative qui sont dans les pays du sud. Je me veux un intellectuel militant, engagé, au service du sud. C’est pourquoi, FDS porte cette identité de reconstruction du projet de gauche à partir non pas simplement des valeurs africaines, mais en étant aussi assez ouvert pour voir ce que nous pouvons prendre. Il ne faut pas jeter la Gauche occidentale. Elle a beaucoup apporté, mais il faut l’adopter. Comme disait Senghor, il faut une relecture de tous ces textes progressistes pour voir ce que nous pouvons tirer de toutes ces valeurs.
Une organisation de Gauche qui s’inspire des écrits des Senghor n’est-ce pas bizarre, quand on sait la forte opposition qu’il y a eu entre le Président poète et la Gauche de 1960 ?
La Gauche est plurielle. Elle n’est pas simplement que marxiste et léniniste. Elle est sociale-démocrate aussi, socialiste. Elle est même ici nationaliste, si on prend le côté de Cheikh Anta. Nous avons une Gauche très riche. Il faut une synthèse de tous ces héritages-là. Senghor est un homme remarquable. Mais, quand je parle de Senghor, je parle du jeune Senghor, de ses écrits de jeunesse. Ce sont eux qui m’ont le plus fascinés. Si on a eu la chance de lire les Libertés de Senghor, surtout la Liberté 2, on est surpris souvent par le côté révolutionnaire de Senghor et c’est un très grand théoricien, un homme très lucide. C’est un homme de gauche, un intellectuel de gauche. Je parle du Senghor du Bloc démocratique sénégalais avec Mamadou Dia, Ibrahima Seydou Ndao, Ibrahima Sarr. Ce dernier a dirigé la grève des cheminots de 1947-1848.
Dans ce BDS là, il y avait les travailleurs, les cheminots, les paysans. C’est cela le BDS. Il était une organisation de gauche, avec une conscience de gauche et un projet de gauche. Après la rupture de Senghor et de Mamadou Dia, nous avons vu ce qui s’est passé. Lorsque je parle de Senghor, je parle du Senghor d’avant la crise de 1962. Après, on a vu que le Parti socialiste de l’époque a commencé à perdre ses valeurs, son identité. Après le départ de Senghor de ce parti, je pense que, même si les gens se faisaient appeler socialistes, il n’y avait rien de socialiste, rien de démocratique dans ce parti. C’est eux qui ont appliqué les politiques d’ajustement structurels. Ces politiques néolibérales qui ont produit des conséquences sociales désastreuses dans notre pays. Je parle donc du Senghor qui a travaillé avec des intellectuels, comme Ahmadou Makhtar Mbow, Abdoulaye Ly.
Senghor, c’est un personnage très complexe. Je ne fais pas partie des gens qui insultent Senghor de manière violente. Je ne suis pas toujours d’accord avec Senghor. Ceux qui l’insultent ne l’ont pas vraiment lu. Ce monsieur, quand on a fait l’effort de le lire, on ne peut pas ne pas avoir du respect pour lui. J’ai de l’admiration pour Senghor l’intellectuel, l’académicien, le professeur. Plutarque (ndlr un philosophe, biographe, moraliste et penseur majeur de la Rome antique), ‘’Dans les vies des hommes illustres’’, il dit que Thémistocle d’Athènes (ndlr un homme d'État et stratège athénien), lorsqu’il était jeune, avait l’habitude de dire : ‘’le trophée de Miltiade m’empêche de dormir’’. De la même manière, je peux dire que les Libertés de Senghor m’empêchent de dormir, parce que j’ai l’ambition de donner une production intellectuelle à la dimension des Libertés de Senghor en tant qu’homme politique engagé. Je ne suis pas simplement un homme politique engagé comme les autres, mais je suis un professeur. Je veux être aussi un théoricien comme Senghor, Mamadou Dia, Kwame Nkrumah, Amilcar Cabral, Julius Nyerere qui était des hommes politiques doublés de théoriciens. Je veux être de ces hommes comme Cheikh Anta.
J’ai déjà considéré que je devais m’engager politiquement, mais je devais aussi élaborer une théorie politique. Je travaille beaucoup. J’accorde une dimension capitale à cette dimension. J’ai déjà deux manuscrits : un sur une nouvelle conception de la politique en Afrique et un autre sur la reconstruction de la Gauche en Afrique.
C’est le Senghor d’avant 1962 qui vous a inspiré, mais vous avez quand même milité dans le PS des années 2000. N’est-ce pas contradictoire ?
En réalité, ce qui s’est passé est que, quand je suis venu à l’Ucad, après le mouvement étudiant, je voulais m’engager en politique. Le Parti socialiste était le seul de l’opposition qui faisait face à Abdoulaye Wade qui était le mieux structuré. Avec Barthélémy Diaz, Malick Noël Seck, nous nous sommes retrouvé au PS, à cette époque. Nous voulions donner un souffle nouveau au parti, rebâtir le mouvement autour d’un projet, renouveler le parti. Nous y sommes arrivés. Nous avions tous les moyens de reprendre le pouvoir. Le PS avait gagné beaucoup de mairies, à l’époque. Mais, après la défaite en 2012, j’ai trouvé qu’on trahissait l’esprit du parti. Les gens ont suivi ce qui s’est passé, après l’exclusion de Khalifa Sall et Bamba Fall. Moi, je n’ai pas attendu qu’on m’exclut, j’ai démissionné. Comme Senghor l’avait fait avec le SFIO, en rédigeant une lettre pour démissionner, j’ai rédigé ma lettre de démission, en expliquant les raisons de mon départ.
Vous avez aujourd’hui l’ambition de mettre sur pied un parti de Gauche fort. Mais la Gauche n’a pas trop la cote au Sénégal. Ce qui reste des partis de Gauche se sont fondus pour la plupart dans des coalitions. Il n’y a presque pas d’avenir…
La Gauche du 20e siècle a fait une erreur monumentale. C’est le fait de considérer la classe ouvrière comme le seul sujet révolutionnaire. Marx a réfléchi dans le contexte du 19e siècle, avec une Europe marqué par l’industrialisation. Nous n’avons pas les mêmes réalités en Afrique et en Amérique latine. Les intellectuels africains n’ont pas fait l’effort de lire les textes de Gauche à partir des réalités africaines. Aujourd’hui, en Afrique, la classe ouvrière ne peut pas être, au 21e siècle, le seul sujet révolutionnaire. Il y a une pluralité des sujets révolutionnaires. Pour moi, ce qui représente la partie la plus dynamique de la gauche, même s’ils ne se disent pas de gauche, ce sont les mouvements sociaux. Ils portent des revendications démocratiques, sociales, progressistes. Ils défendent et protègent les opprimés, les pauvres, les faibles, les sans voix. Aujourd’hui, ce sont ces mouvements sociaux qui défendent les femmes, défendent et protègent les forêts. C’est eux qui parlent au nom de ceux qui luttent pour l’eau et leurs propres terres. C’est eux qui luttent aux côtés des peuples pour la dignité, la souveraineté monétaire, la démocratie.
Aujourd’hui, nous assistons à l’effondrement des partis oligarchiques traditionnels. Ces partis se valent. Ils ont les mêmes programmes, pratiquement les mêmes trajectoires, les mêmes projets. Ils sont essoufflés. Je pense fondamentalement, et de ce côté, j’ai une culture latino-américaine, que reconstruire le mouvement de Gauche en Afrique, c’est permettre aux partis de genre nouveau comme FDS/ Les Guelewaars de travailler à structurer une alliance stratégique avec ces mouvements sociaux. C’est pourquoi, je travaille beaucoup avec eux. Ce que beaucoup de gens ne comprennent pas. C’est une dimension importante de notre idéologie. La Gauche latino-américaine travaille avec les organisations syndicales et les mouvements sociaux. C’est ce qui a amené Lula au pouvoir.
Si les mouvements sociaux ne comprennent pas qu’ils doivent travailler avec nous, ils vont encore rester longtemps dans la contestation, la rébellion, la résistance. Il faut se rebeller contre des politiques injustes, la tyrannie, la dictature, mais après la question qui va tôt ou tard nous rattraper est peut-on construire une société alternative. C’est cela le problème. La contestation est le premier niveau. Le niveau le plus difficile est la construction d’un projet alternatif. Je dis toujours aux mouvements sociaux qu’ils ont des valeurs, ils sont très engagés, très structurés. Ils doivent dépasser la contestation, la rébellion et entrer dans une nouvelle phase de construction d’un projet alternatif dans nos pays. Pour moi, c’est le seul avenir pour la reconstruction du mouvement de Gauche. Je suis engagé dans ce travail intellectuel et politique sur le terrain. Il faut faire comprendre à tous ceux qui portent des revendications que si chacun reste dans son petit coin, on reste dans la minorité. Si ces groupes construisent une alliance ensemble, il sera possible de créer une nouvelle majorité politique et sociale. Si on construit seulement une majorité politique, c’est ce qui s’est passé en 2000 et en 2012 qui risque de se répéter : des alternances sans alternative. Aujourd’hui, l’enjeu est de construire une alternative. Maintenant, il faudra convaincre les mouvements sociaux parce qu’ils sont souvent très réticents.
Il semble que les mouvements citoyens commencent à le comprendre, parce que cette problématique a été discutée ici, lors de la dernière édition de l’Université populaire de l’engagement citoyen organisée par Afriki dont Y en a marre est membre.
J’ai eu un long débat sur cela, lors de notre dernière arrestation, dans la cellule avec Aliou Sané, Simon, Kilifeu et Guy Marius Sagna. Je leur ai dit mon point de vue. Pour moi, les mouvements sociaux feraient une erreur de ne pas s’engager dans les institutions. Cela signifie qu’ils vont rester dans la contestation. Dans ce pays, dans 10 ans, les politiques risquent de reproduire les mêmes problèmes. Les gens risquent d’être encore là à se battre pour la protection des droits, un fichier électoral, etc. Je dis : sur la contestation, ils n’ont plus rien à prouver. Maintenant, la phase la plus difficile et c’est là où ils sont attendus, c’est l’engagement autour d’un projet progressiste, émancipateur, profondément démocratique, panafricaniste, nationaliste. Ils doivent avoir le courage de franchir le Rubicon. Ils ne sont pas obligés d’être à l’intérieur des partis politiques. Mais, ils peuvent construire des alliances stratégiques avec les partis politiques ou personnalités progressistes. Je les encourage dans ce sens.
On vous arrête et vous débattez. Votre sort ne vous préoccupait pas ?
Un intellectuel reste un intellectuel. En prison, Gramsci (ndlr est un philosophe, écrivain et théoricien politique italien. Membre fondateur du Parti communiste italien, dont il est un temps à la tête, il est emprisonné par le régime mussolinien de 1926 à sa mort) a écrit l’essentiel de son œuvre. Il en est de même pour Mandela, Gbagbo, Léopold Senghor a écrit beaucoup de poèmes en prison. On parle jusqu’à présent des lettres du président Mamadou Dia. Il a écrit une bonne partie de son œuvre en prison. Il a consacré quatre livres à l’islam qui ont été écrits et préparés en prison. Quand on est un intellectuel, partout où on est on réfléchit, on pense.
Quand on a l’occasion, on lit. Ce qui me manque le plus, c’est que quand on est dans ces situations-là, on n’a pas la possibilité de lire. Mais, si j’avais la possibilité d’aller dans la cellule avec un ou quelques livres, je n’aurais aucun problème. La dernière fois, on nous a même refusé la presse. Donc, on échangeait, discutait, pas sur nos vies personnelles, mais sur le devenir de notre pays, de l’Afrique, des pays du sud. Cette problématique des pays du sud m’intéresse, parce que je me rends compte qu’aucun pays à lui seul ne peut sortir de cette mondialisation telle qu’elle nous est imposée. Il faut une alliance stratégique des pays du sud pour imposer une mondialisation contre-hégémonique, à partir de nouvelles valeurs qui prend en compte les pays opprimés.
La prison a-t-elle été une muse pour vous, sachant que vous avez passé un séjour plus long en prison en 2019 ?
Quand je suis sorti de prison, j’ai pu publier beaucoup de textes comme ‘’Les cahiers des prisons’’. J’ai publié aussi des textes comme Jeunesse et Politique. J’ai écrit une réflexion sur les partis politiques, le militantisme. J’ai aussi écrit des poèmes sur l’université, Thiès, les martyrs de Marikana, alors que je ne suis pas poète. J’ai beaucoup écrit et je continue d’écrire. Je pense que je ne pourrais jamais faire mon engagement politique sans la plume et le livre. Le jour où j’arrêterai de lire, j’arrêterai de faire de la politique et de venir à l’université. Mon engagement politique et celui académique sont complémentaires. C’est de la passion que j’ai pour la philosophie, l’université, le fait d’aller à la rencontre de ces jeunes et de participer à leur formation. Pour moi, c’est le plus beau métier du monde. Je ne peux pas aussi rester un intellectuel, un professeur restant dans les amphis, fréquentant les colloques et faisant des voyages d’études. Je suis tenu de m’engager dans la société, le quartier, le village, partout où il y a des opprimés, des gens qui subissent la violence de l’injustice, de l’inégalité. Ma responsabilité en tant qu’intellectuel est de rester auprès de ces gens-là. C’est pourquoi, mes deux engagements sont complémentaires.
Parlant de votre engagement politique, quel a été le déclic ?
C’est difficile de le dire. J’ai eu un père qui était instituteur. Très tôt, à l’âge de 5-6 ans, j’ai entendu dans la maison parler de Gamal Abdel Nasser, de Cheikh Anta Diop, de Serigne Cheikh Ngaindé Fatma, de Lat Dior Diop Ngoné Latyr, de Thierno Souleymane Baal, de l’histoire des Prophètes. Cette ambiance a meublé mon univers. J’ai grandi avec la figure de Gamal Abdel Nasser, sans vraiment le connaître. Plus tard, connaissant les valeurs de mon père qui est un progressiste, un homme d’une grande probité morale et intellectuelle, il ne pouvait pas parler de Gamal Abdel Nasser pour le plaisir d’en parler. L’autre chose, c’est que j’ai vu la pauvreté, la prostitution ; j’ai vu comment des quartiers pouvaient être exclus. Dans un premier temps, par une conscience naïve, on pense que c’est cela. Une certaine fatalité qui fait qu’on pense que certains sont nés dans la pauvreté, grandissent et meurent dans la pauvreté, l’ignorance et la maladie. Quand j’ai fréquenté l’école, j’ai atteint une conscience critique qui m’a permis de comprendre que ce sont des mécanismes de domination et d’exploitation qui nous ont maintenus dans cette pauvreté. C’est là qu’a commencé ma révolte contre ces injustices que j’ai vues, vécues et subies.
De manière plus concrète, je pense que je me suis réveillé sous le baobab sacré du lycée El Hadji Malick Sy de Thiès. J’ai eu un engagement au Collège, mais un peu timide. Le vrai engagement structuré autour de projets, de valeurs, est né sous le baobab du lycée El Hadji Malick Sy de Thiès. J’aime à dire que j’ai fait mon initiation devant mes maîtres, avec mes camarades sous le baobab sacré du lycée El hadji Malick Sy. Je suis un fils de ce baobab sacré. Sous ce dernier, j’ai appris à prendre la parole en public, à argumenter, à défendre mes idées, mes convictions, à écrire des textes, à porter des pétitions et à construire une majorité. J’ai été président du foyer du lycée. J’y ai appris à prendre des risques. Les stigmates que je porte sur le nez, c’est sous ce baobab du lycée Malick Sy, en défendant mes convictions, mes camarades qui m’avaient élu.
Le parti au pouvoir de l’époque a envoyé des nervis pour m’agresser. Donc, je n’ai pas attendu aujourd’hui pour prendre des risques pour mon pays, pour la jeunesse de mon pays. J’ai rejeté des propositions de bourses étrangères. Je devais être incorruptible. Je pense que j’ai compris le sens des valeurs, dès cette époque-là. Qu’il s’agisse de la dignité ou de la confiance. Dès ce début, je disais que, tôt ou tard, je m’engagerai en politique et les gens de ma génération me jugeront. Aujourd’hui, je peux le dire la tête haute, je peux regarder mes camarades du lycée Malick Sy les yeux dans les yeux. En quittant le lycée, j’ai laissé un bilan déposé aux archives. Il n’y avait pas d’Ofnac, il n’y avait rien. La Gouvernance, la responsabilité, la reddition des comptes avaient un sens pour moi. Je suis après venu au département de philosophie qui m’a permis de mieux structurer ma pensée politique. J’ai eu la chance de lire et de fréquenter des auteurs qui ont beaucoup écrit sur la politique comme Aristote, Machiavel, Thomas Hobbes, Thomas More, etc.
Au département de philo, j’ai eu la chance de rencontrer de grands maitres comme le Professeur Djibril Samb, le Professeur Abdoulaye Elimane Kâne, le Professeur Semou Pathé Guèye, le Professeur Ousseynou Kâne, Mme Ramatoulaye Diagne Mbengue, etc. J’ai eu la chance de découvrir de grands textes, de très grands auteurs. Ça a été de grands moments dans ma vie intellectuelle. J’ai fait toutes mes études à l’université Cheikh Anta Diop.
Et cet engagement dans le mouvement étudiant ?
Oui, parallèlement à mes études, je continuais mon engagement dans les amicales. J’ai été président de l’amicale de la Faculté des Lettres et sciences humaines. J’ai eu deux mandats. J’ai été membre, à plusieurs reprises, de l’assemblée de faculté. J’ai siégé à l’assemblée de l’université, au conseil d’administration du Coud. C’est tout cela qui fait de moi ce que je suis aujourd’hui en politique. Périclès d’Athènes avait l’habitude dire qu’Athènes est une grande école pour les Grecs. De la même manière, je dis que le mouvement étudiant constitue une grande école politique pour la jeunesse de notre pays. Je suis un produit du mouvement étudiant. Je le dis avec fierté. J’ai toujours cru qu’on pouvait être délégué en étudiant correctement, sans être corrompu, sans ‘’vendre’’ des lits, sans prendre une bourse étrangère. Je n’ai jamais, jamais, ‘’vendu’’ un lit. Je défie quiconque dans ce pays, fille ou garçon, de dire que Babacar Diop, quand il a dirigé l’amicale m’a ‘’vendu’’ un lit. J’ai été délégué et président de la commission sociale chargé de distribuer les bourses sociales aux étudiants qui n’avaient pas de bourses et qui étaient dans des situations de précarité. N’ayant pas de bourses, tous les délégués avaient pris des bourses, moi, j’ai refusé. Si je devais avoir une bourse, pour moi elle devait être pédagogique, dument méritée. De la même manière, je dis qu’on peut faire de la politique et rester incorruptible.
Est-ce pour cela que vous avez refusé le poste qu’on vous a proposé dans le gouvernement, après le dernier remaniement ministériel ?
Je ne pouvais pas prendre ce poste. J’ai dit à M. Idrissa Seck que je devais être fidèle à l’idéal qui a guidé mon engagement, depuis le lycée El Hadji Malick Sy. Ceux qui me connaissent depuis le lycée, dans le mouvement étudiant, mes propres étudiants, comment pourraient-ils accueillir cette nouvelle avec tout ce que je dis et défend dans les médias. Ils ne comprendraient pas comment j’ai pu retourner ma veste pour me retrouver aux côtés de Macky Sall, simplement sur la base de sinécure, de privilèges. Je dois être fidèle à l’idéal qui a guidé mon engagement. Chez moi, il y a l’option préférentielle pour le pauvre, les opprimés. Si je ne peux pas faire de la politique en restant intègre, je quitterai le monde politique pour rester dans celui académique.
La dignité a un sens profond chez moi, ainsi que le respect de l’engagement. J’ai un respect immense pour mes étudiants et ils doivent être fiers de leur professeur. C’est un rapport pédagogique extrêmement important. Il faut qu’il voie en Dr Babacar Diop, un homme de valeur. Je suis un pédagogue social. C’est un statut que me confère la société. Je ne peux pas vivre, parce que je veux simplement être ministre ou président de la République. Oui, je veux être président de la République, mais cela ne peut pas être une fin en soi. Je le dis et je ne cesse de le répéter à mes camarades du FDS/ Les Guelewars : il ne suffit pas de prendre le pouvoir, il faut le transformer. Abdoulaye Wade a pris le pouvoir, Macky Sall également. L’enjeu n’est pas un enjeu de pouvoir mais de transformation politique, économique et social de nos institutions ; transformer la politique pour en faire un instrument de libération pour les pauvres, les opprimés, etc. Je reste dans l’opposition et je construis un appareil politique capable d’aller à la conquête du pouvoir.
Votre chemin a été parsemé d’embûches. Comment votre entourage a vécu toutes vos péripéties ?
Ils l’ont vécu difficilement. Au lycée, j’ai eu toutes sortes de pressions. J’ai vu chez moi des réunions de famille. Les gens débarquaient de partout. Ces réunions se tenaient jusque tard dans la nuit et on me demandait de ne pas retourner au lycée pour diriger les assemblées générales. Le lendemain, je trompais toujours la vigilance de la famille pour me retrouver au lycée. Je n’ai jamais cédé à la pression de la famille. Dans les moments les plus critiques au lycée, j’ai toujours dirigé les assemblées générales. Je n’ai jamais fui, même dans les moments les plus critiques où ma vie était en danger. Je comprends la famille. Leur réaction est très normale.
Mais, je n’appartiens pas seulement à ma famille. Oui, comme disait Mamadou Dia, le Sénégal ne m’appartient pas, mais j’appartiens au Sénégal. Comme disait aussi le Président Lamine Guèye, j’aime mon pays d’un amour qui m’arrache les larmes. J’aime le Sénégal jusqu’aux larmes. Pour moi, c’est le plus grand pays du monde. C’est le pays de mes ancêtres. Je vais être enterré ici. Je suis prêt à donner tout pour le Sénégal, parce qu’il m’a tout donné. Je ne peux rien refuser à ce pays.
La dernière fois, mon séjour en prison a été très difficile pour ma famille, ma mère, ma tante qui m’a élevé. Elles ont souffert. Mon père est de nature plus solide, mentalement fort. Le Général De Gaulle en 1939, quand il quittait Paris pour aller à Londres, sa mère était gravement malade. Quand l’avion a traversé Lille, il a dit : dans cette ville, y vit ma maman gravement malade et agonisée. Il a continué pour aller à Londres faire son appel. Quelques semaines après, on lui a envoyé les photos de l’enterrement. Il n’est pas revenu pour l’enterrement, il a continué le combat. Je suis à ce niveau ou même plus d’engagement.
Quand vous dites que le Sénégal vous a tout donné, faites-vous référence à votre cursus à l’école publique ?
Oui, j’ai fait tout mon cursus, ici. J’ai été à l’école primaire Bilal qui se situe dans le populeux quartier d’Eglon. C’était en 1988. Ensuite, je suis allée au CEM Djibril Diaw, enfoncé dans un marché public. C’est cela aussi le Sénégal. J’ai eu le BFEM dans cette école en 1997. Après je suis allé au lycée El Hadj Malick Sy de Thiès où j’ai eu le baccalauréat L2 en 2000. Je suis après venu à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar où j’ai fait philosophie et soutenu une thèse de doctorat en 2011. Mon premier voyage à l’étranger, je l’ai fait après ma thèse. Je suis allé en France pour la première fois, après ma thèse. J’aimais les livres. La plus grande partie de ma bourse, je l’utilisais pour m’acheter des livres. A un moment, je connaissais les plus grands vendeurs de livres par terre de Dakar. Je lisais un peu de tout. Au-delà, du diplôme que je cherchais, je savais que tôt ou tard, je m’engagerai en politique. J’ai été aidé par le Professeur Sémou Pathé qui orientait mes lectures. Il m’a beaucoup aidé à mieux me préparer.
Dernièrement, il est noté de plus en plus de violence dans l’enceinte de l’université et des étudiants sont allés jusqu’à arracher un micro à un professeur. Comment l’université en est arrivée à cette situation ?
La violence et le mouvement étudiant, c’est une longue histoire. Je suis très proche de mes étudiants, mais, je ne fais jamais dans la démagogie. Je ne soutiendrai jamais la violence. Je ne les encouragerai jamais dans la violence. Je ne serais jamais faible devant mes étudiants, parce que je pense que je fais correctement mon travail. Je n’ai aucune raison de me montrer faible devant eux. Si vous aimez les étudiants, il faut leur dire la vérité. Quand je ne suis pas d’accord, je le leur dis. C’est vraiment être démagogue ou pire qu’un démagogue que de soutenir la violence à l’université. La violence ne date pas d’aujourd’hui. Il faut faire comprendre à ces étudiants que la violence n’a pas sa place à l’université. L’université est un espace de débat, de dialogue, de confrontation des idées. Ils doivent être préparés à assumer des responsabilités demain. Des étudiants en arrivent à agresser leur enseignant. J’ai reçu hier (ndlr avant-hier, l’entretien est enregistré hier) des étudiants convoqués devant le conseil de discipline, mais je leur ai dit que vos enseignants ne sont pas vos adversaires et vous vous ne gagnerez jamais ce combat. Autant, ils peuvent gagner leur combat contre le gouvernement, mais contre les enseignants, ils ne gagneront pas.
Les enseignants sont libres et syndiqués. Maintenant, il y a tout un travail d’accompagnement qui doit être fait, parce qu’aujourd’hui les jeunes manquent de culture. Ils sont dans les amicales sans connaitre l’histoire du mouvement étudiant, ses orientations, ses grandes valeurs. Il faut un processus d’encadrement qui pourra les aider, les accompagner. J’essaierai de voir avec le médiateur, d’interpeller les anciens délégués pour qu’ils s’impliquent davantage. Au-delà de dénoncer cela, c’est un problème récurrent qui est là. Lorsque j’étais étudiant, j’ai construit ici le complexe Léopold Sédar Senghor, en tant que président de l’amicale, avec l’aide de l’ancien ministre Moustapha Sourang. C’était pour en faire un lieu de débat, mais les étudiants en ont fait un lieu de commerce. C’est inacceptable. Mais l’administration est faible devant ces étudiants. Il y a beaucoup de problèmes ici. Il faut avoir l’honnêteté de dire que les étudiants ne sont pas sur la bonne route. Cette violence, personne n’y gagne. C’est la première fois dans l’histoire de cette institution, en tous cas à ma connaissance, qu’on convoque plus de 200 étudiants. Si le Saes en est arrivé à faire deux semaines de grève pour exiger simplement la convocation du conseil de discipline cela montre que la situation est préoccupante.
Macky Sall était dernièrement à Thiès, votre base naturelle. La mobilisation était impressionnante. Avez-vous peur pour prochaines les locales ?
J’ai été à Thiès pour lancer ma tournée politique et l’inauguration de notre siège. J’ai la chance de discuter directement avec les populations, les femmes, les jeunes, les étudiants, les conducteurs de jakarta, l’association des tailleurs. J’ai été reçu par les chefs religieux, l’Evêque de Thiès. Cela m’a permis de comprendre les attentes et aspirations de Thiès. Thiès aspire au changement, un renouvellement de sa classe politique. Je travaille pour mettre fin à l’hégémonie libérale qui règne à Thiès, depuis 2000. Je suis en train de travailler autour d’un projet avec tous les partis politiques, tous ceux qui sont dans l’opposition Debout avec des positions très claires. On va essayer de mettre en place une grande coalition gagnante. Moi, maire je sais que Thiès retrouvera sa dignité. Oui, j’ai vu le président de la République avec ‘’Mburok Soow’’ faire leur étape de Thiès. Cela a été très décevant pour moi. Qui connaît Thiès sait son attachement à Rewmi. Si on en arrive à payer pour mobiliser les gens et, malgré tout, il n’y a pas eu les grandes mobilisations habituelles, il y a problème. Moi, j’ai vu Idrissa Seck entrer à Thiès sans avoir la possibilité de parler. On n’a pas eu cela. En plus, ils étaient obligés de faire intervenir leurs nervis pour empêcher les Thiessois de manifester. C’est des signes qui montrent que Rewmi et sa Coalition vont perdre Thiès.
Il y a une opposition assise ?
Aaah oui ! On a une opposition de salon, qui a une ligne de combat qui n’est pas claire. L’opposition debout est ceux-là qui luttent, qui sont auprès du peuple, travaillent pour une alternative, pour le départ de Macky Sall et contre un troisième mandat. Ces gens sont identifiables et identifiés. Ils sont aussi dans les organisations civiles. Si nous nous mettons d’accord, nous serons dans des listes communes aux prochaines élections locales. Il faut travailler avec ceux qui sont à côté du peuple.
Vous êtes à côté du peuple, mais le peuple vous suit-il, sachant que vous avez appelé dernièrement à un rassemblement pour contester contre une loi que vous jugez liberticide, mais la mobilisation a été timide ?
Le peuple est avec nous. Au mois de mars, il y a eu des évènements. Nous avons imposé à M. Macky Sall un rapport de force qui nous est favorable. Il a été obligé de libérer les prisonniers politiques dont M. Ousmane Sonko. Je pense que si nous avons eu la paix, nous le devons à l’implication des chefs religieux. Vendredi dernier, il y avait beaucoup de monde à la Place de l’Obélisque. Les gens sont sortis en masse. Mais, c’est la violence policière qui fait que, de temps en temps, les gens hésitent. Je pense que le peuple est avec nous, sinon le Gouvernement n’aurait aucun intérêt à faire passer cette loi en procédure d’urgence. Qu’est-ce qui explique cela ? Tout comme cette précipitation avec laquelle le Gouvernement a voulu faire passer cette loi. Le Gouvernement avait des informations selon lesquelles le peuple sera mobilisé contre cette loi. Elle pose beaucoup de problème. Il y a d’abord le contexte. C’est arrivé quelques mois après les évènements de de février et mars. Macky Sall avec sa stratégie de mettre en place une démocratie sans adversaire a voulu instrumentaliser la justice pour liquider Ousmane Sonko comme il a réussi à le faire en 2019 avec Messieurs Karim Wade et Khalifa Sall. Le peuple s’est opposé. Après ces manifestations du peuple contre le projet cynique de Macky Sall, on a vu le ministre de l’Intérieur monter au créneau pour traiter les manifestants de terrorisme. Il a attaqué et insulté son peuple de manière irresponsable
Quelques mois après, ce même Gouvernement revient à l’Assemblée nationale pour voter des lois pour lutter contre le terrorisme, une loi qui est un fourre-tout. Elle permet de poursuivre demain des manifestants et de les condamner pour terrorisme. Elle montre que le Sénégal a quitté une trajectoire de démocratie pour entrer dans une trajectoire de dictature. Il y a 4 indicateurs qui montrent que nous allons sur une trajectoire autoritaire. Il y a le rejet des règles démocratiques. Le deuxième indicateur est la contestation de la légitimité de l’opposition politique. Le troisième est l’encouragement à la violence. Le dernier est la propension à voter des lois liberticides contre l’opposition et les médias. Nous sommes dans une récession démocratique.
Quel est l’intérêt d’aller aujourd’hui au Conseil constitutionnel sachant que le ministère de la Justice a expliqué que les manifestants ne sont pas visés par cette loi ?
Pour la première fois après le vote d’une loi, le ministre de la Justice sent le besoin de commenter cette loi. Cela montre que cette loi pose problème. Il fallait avoir un débat serein, large, profond avec tous les acteurs de la vie politique. Cette loi est abominable. Je n’attends pas personnellement grand-chose du Conseil constitutionnel. Je fais confiance à la rue. Le M2D doit travailler cela. Nous avons eu des acquis au mois de février. Aujourd’hui, le grand défi est d’organiser le M2D, sinon il sera simplement une révolte éphémère et ce sera un gâchis énorme.
Certains trouvent que l’opposition parlementaire a une responsabilité dans cette affaire. Etes-vous du même avis ?
Il faut avoir le courage de le dire, l’opposition parlementaire a une certaine responsabilité dans cette affaire. Si la loi est passée en commission, nous nous n’avons été informé que la veille du vote en plénière. Il y a quelqu’un qui n’a pas fait son travail. Si nous ne sommes pas capables de nous dire la vérité nous de l’opposition, ce n’est pas la peine. Où était l’opposition ? Si on était informé à temps, on aurait pu mobiliser et même imposer un débat. On aurait pu faire reculer le Gouvernement et avoir un débat serein sur cette question. L’opposition parlementaire a fauté sur cette question.
Pourriez-vous vous allier avec Khalifa Sall qui est un ancien socialiste comme vous ?
Je ne vois pas les choses de cette manière. J’ai tourné le dos au Parti socialiste. Je veux construire un parti plus grand historiquement que le Parti socialiste. J’ai dit la dernière fois à Khalifa Sall qu’il dit toujours être un Senghoriste. Mais être Senghoriste, c’est comprendre que Senghor était dans un parti la Sfio, dirigé par Me Lamine Guèye et il a eu le courage de sortir et de créer un parti plus grand que la Sfio. De la même manière, avec FDS, nous avons l’ambition de construire un parti historiquement plus grand que le PS. Nous y travaillons. Khalifa Sall reste un socialiste respectable. Il a choisi sa stratégie en restant dans son Taxawu Sénégal et ne pas créer un parti politique. Oui, pour les élections locales et législatives, nous pouvons aller ensemble. Il fait partie de l’opposition debout.
A part enseigner et vous battre pour les opprimés qu’est-ce qui vous passionne ?
J’aime beaucoup le football, même si je n’ai plus assez de temps pour le pratiquer. En un moment, j’ai rêvé comme tous les garçons. Je connaissais les championnats, les grands joueurs et leur vie. Les gens venaient me demander des informations. On me surnommait même Laye Diaw. Mais avec la politique, je n’ai plus le temps de regarder. Je n’ai plus la capacité de suivre 90 minutes. Je préfère les résumés de match. La dernière fois que j’ai regardé un match entier, c’était lors de la finale de la Coupe d’Afrique. Quand j’étais à Thiès, le grand Marseille était mon équipe et le Milan AC, l’Ajax d’Amsterdam, le Bayern de Munich, l’éternel Juve. C’était à la fin des années 1990, j’ai suivi tous ces grands clubs. Les années 2000, j’ai suivi des clubs comme le Barça avec le grand Léo Messi, le Real avec Christiano Ronaldo. Avant eux, il y a eu la génération dorée avec Zidane, Ronaldo, etc. Pour les entraineurs j’ai beaucoup aimé José Murinho. J’aime sa témérité, son audace. C’est un grand meneur d’homme. Je l’ai suivi à Chelsea et surtout lorsqu’il était à l’Inter de Milan. Je me souviendrai toujours de cette demi-finale contre le Barça. C’est le plus grand match de Mourinho pour moi. Il est arrivé à mettre en place un dispositif pour contrecarrer le Barcelone et gagner la finale contre le Bayern.
Jusque-là, quel est votre plus beau souvenir à l’université ?
Le jour de ma thèse. C’est un grand jour. J’ai eu la mention très honorable. J’ai travaillé sur la pensée politique de Léopold Seder Senghor. Lorsque mon maitre Abdoulaye Eliane Kâne m’aidait à porter la toge qui faisait de moi Dr (il appuie sur le mot) en philosophie. Je suis maitre de conférences et ce titre de docteur je l’aime. Je pense que même si je deviens Professeur, je garderai mon titre de Dr, je le préfère.
Et le plus mauvais ?
C’est le jour où vers 10H, on m’a annoncé le décès de mon professeur Sémou Pathé Guèye. Je n’oublierai jamais cet instant. J’étais très proche de Sémou. Il était un grand pédagogue. Il m’a beaucoup aidé. Il a participé à ma formation politique, intellectuelle. Je le porte dans mon cœur où il vivra. Il était un grand monsieur.