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Conseils des ministres décentralisés, tournées économiques, tournées agricoles: Macky Sall, les ‘’terroirs’’ au cœur
Publié le vendredi 2 juillet 2021  |  Enquête Plus
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© Présidence par PMD
Le chef de l`État Macky Sall accueilli à Ourossogui, dans le nord
Ourossogui, le 17 juin 2021 - Le président de la République a été accueilli par une foule enthousiaste à l`étape de Ourossogui dans le cadre de sa tournée économique dans le nord.
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Le chef de l'État cultive une certaine proximité avec le monde rural et le pays profond, depuis son accession au pouvoir, en mars 2012. A travers les initiatives comme les Conseils des ministres décentralisés, les tournées économiques et agricoles, il entretient l’image d’un homme de terroir, loin du microcosme politico-médiatique de la capitale.

S’il y a une expression chère aux sportifs qui prend tout son sens chez Macky Sall, c’est ‘’mouiller le maillot !’’. Depuis son accession à la tête du pays, en mars 2012, Macky Sall s’est forgé une image d’homme de terrain cultivant une certaine proximité avec le monde rural. Dans cette optique, il a initié une série de déplacements à l’intérieur du pays, dans le cadre, d’abord, des Conseils des ministres décentralisés, à partir du 6-7 juin 2012 à Saint-Louis, jusqu’en juillet 2016 à Dakar, puis des tournées agricoles, notamment dans le bassin arachidier (Fatick, Kaolack) en septembre 2020.

Ces initiatives, d’après son entourage, visent à aller au contact des populations de l’intérieur du pays, loin du microcosme mediatico-politique de la capitale. Cette nouvelle démarche vise aussi à renforcer son image d’homme proche des terroirs.

De ce fait, le chef de l’Etat, par ailleurs patron de l’Alliance pour la République (APR) n’hésite pas à avaler les kilomètres d’asphalte et de pistes rurales pour aller à la rencontre des populations rurales. La mise en place des plans comme le Programme d'urgence de développement communautaire (PUDC), le Programme d'urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma) ont aussi pour mission de matérialiser cette approche de ‘’politique de proximité’’ au service des communautés de base en matière de désenclavement, électrification rurale, adduction d’eau, structures de santé…

‘’Je suis un homme de terrain et un homme d’action’’, avait-il clamé dans un entretien avec le site AZactu.net, en 2016. Il persiflait alors contre l’opposition sénégalaise qu’il disait ‘’prisonnière du jeu politico-médiatique dakarois et qui ne comprend pas le pays profond’’.

Cette diatribe n’a jusqu’ici pas été démentie par les faits et les chiffres. Car BBY n’a eu de cesse de faire des gros scores, dans l’arrière-pays, à chaque consultation électorale, depuis lors. Le président Macky Sall, en fin homme politique, a su appréhender la mentalité des gens des terroirs et fait tout pour ne jamais rompre les relations établies avec eux.

Ainsi, même si les 3 000 milliards de F CFA promis à l’issue des Conseils de ministres décentralisés, n’ont pas tenues toutes leurs promesses, ces déplacements ont perpétué cette image d’homme d’action à l’écoute des territoires : loin d’une élite politico-administrative déconnectée des besoins pressants des communautés de base.

Déjà, en 2016, le chef de l’Etat avait incité les ministres et les directeurs généraux à sortir des bureaux, pour aller à la rencontre du peuple et l’inciter à voter ‘’Oui’’, à l’occasion du lancement de la campagne pour le referendum constitutionnel (12-18 mars 2016). Il exhortait, ainsi, ses partisans à investir tous les coins et recoins du territoire national. ‘’Juste après cette réunion, il faudra se rendre partout dans les villes, les universités, les campagnes. Aussi, il faudra se rendre auprès des leaders d’opinion, des chefs religieux, des jeunes, et surtout des femmes pour leur expliquer les enjeux et l’importance que portent ces réformes, afin qu’ils puissent voter ‘’OUI’’’, avait enjoint le président de la République à ses troupes.

Dans la perspective des élections locales (23 janvier 2022), il a décidé de reprendre les choses en main et remobiliser ses troupes. Ainsi, il vient de boucler deux tournées économiques dans le centre et l’est du pays, notamment à Fatick, Kaolack, Kaffrine et Kédougou (29 mai au 2 juin 2021) et dans les régions de Saint-Louis et de Matam (12 au 19 juin). Une autre tournée en Casamance est prévue dans les prochaines semaines.

Politique de proximité relationnelle au cœur de la nouvelle stratégie de l’opposition

Officiellement, le chef de l’État compte faire le tour du Sénégal pour y ‘’évaluer les investissements publics réalisés’’ et ‘’engager de nouveaux programmes de développement territorial’’. Nombre d’observateurs y voient néanmoins une sorte de pré-campagne, pour les élections locales, prévues début 2022. ‘’Cela n’a rien à voir avec une tournée électorale’’, rétorquent ses équipes qui rappellent que le président a, en partie, bâti et structuré sa politique sur ces visites de terrain, loin de la capitale, que celles-ci étaient programmées depuis le début de l’année 2020 et avait été décalées en raison de la Covid-19.

Ce culte du terrain semble être la marque de fabrique, d’abord, du candidat Macky Sall qui déjà, en 2009 et 2010, avait inauguré une série de tournées à l’intérieur du pays. Une démarche qui avait alors permis au candidat de l’Alliance pour la République (APR) de s’imposer comme le principal challenger du président sortant Abdoulaye Wade, lors de la Présidentielle en février 2012.

Cette nouvelle approche politique semble avoir fait des émules, depuis cette date. Il n’est pas rare de voir des politiques affronter les pistes ocres du ‘’Sénégal des profondeurs’’ pour aller à la rencontre des populations rurales.

Malick Gakou (Grand parti), Bougane Guèye Dani (Guem sa Bopp) ont déjà bouclé leurs tournées nationales, alors que l’opposant Ousmane Sonko (Pastef/Les patriotes) avait annoncé le début d’une tournée nationale de deux ans, à partir du 23 juin 2021. ‘’On va faire une tournée nationale dénommée ‘Nemekou Tour’, entre le 23, 24 et 25 juin 2021 pour une durée deux ans. Nous allons sillonner tous les départements et localités du Sénégal, pour aller à la rencontre des Sénégalais. Nous allons communier avec le peuple sénégalais’’, avait clamé le patron des patriotes.

Se dessine, donc, une prise de conscience collective de la nécessité d’asseoir une politique de proximité avec les terroirs. Cette nouvelle approche du tout terrain en politique est devenue impactante dans la conquête du pouvoir.

D’après le conseiller en communication, Dr Momar Thiam, le discrédit de la parole politique pousse, de plus en plus, les politiciens à aller vers le peuple et plus précisément vers le monde rural très demandeur d’une ‘’politique de proximité relationnelle’’.

‘’Aujourd’hui, le discours politique est fortement discrédité. Les épisodes comme le ‘Wax Wakhet’ de Wade y ont fortement contribué. L’opinion ne croit plus au discours politique. A partir de ce moment, le citoyen a besoin que vous veniez le voir, pour qu’il vous dise ce qu’il pense. Les citoyens veulent dialoguer avec les politiques et que ces derniers leur disent comment ils comptent faire pour résoudre les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Désormais, l’électeur est devenu majeur et un acteur de la chose politique’’, analyse l’expert en communication politique.

Toujours selon le directeur de l’Ecole des hautes études en information et en communication (HEIC), l’opposition sénégalaise doit changer d’approche, en abandonnant le champ des critiques pour celles de contre-propositions susceptibles de prendre en charge les besoins pressants des populations du monde rural.

‘’On peut constater que l’agenda politique est souvent dicté par le président de la République qui mène régulièrement des tournées économiques qualifiées par l’opposition de tournées politiques. Donc, il appartient à l’opposition de quitter sa position de suiveur de l’agenda présidentiel et d’aller vers les populations qui souffrent, en prenant en charge leurs besoins pressants. On est dans une société sénégalaise où l’homo-senegalensis a besoin de se sentir considéré et écouté’’, affirme-t-il.
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