Entre fiction et réalité, le 7e art et la petite lucarne se disputent les faveurs d’un public pluriel, cible et source d’une réflexion sur son environnement.
L'industrie cinématographique au Sénégal se signale par sa relative fragilité. Comme l'attestent, entre autres, le nombre très réduit de longs-métrages réalisés chaque année, mais aussi, à l'autre bout du circuit de production, celui de salles de cinéma**. Beaucoup d'observateurs y voient les effets d'un engagement insuffisant de l'État ; un autre problème fréquemment allégué est l'insuffisance des moyens techniques nécessaires à la fabrication locale d'un film, particulièrement en phase de postproduction. Outre ces facteurs d'ordre structurel, on peut évoquer la quasi-disparition au Sénégal de la « situation de cinéma », pour reprendre l'expression de Roland Barthes. Le philosophe désigne ainsi l'expérience totale – à la fois sociale, physique et psychique – que constitue le visionnage d'un film dans le cadre collectif d'une salle sombre. Les diffuseurs au Sénégal ont longtemps omis de communiquer sur cette « expérience cinéma »… et pour cause, dès lors qu'il n'y avait pas de salles où l'éprouver, ou si peu.