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Interdiction de marche et arrestation, ces grosses menaces sur les libertés individuelles
Publié le mardi 15 juin 2021  |  senenews.com
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© Autre presse par DR
Interdiction de marche et arrestation, ces grosses menaces sur les libertés individuelles
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L’arrestation à Saint-Louis de jeunes manifestants, voulant dire leur mécontentement au président à travers de simples pancartes, replace la question du respect des libertés individuelles dans le centre des débats. Depuis quelques temps, malgré le fait que le président Sall ait déclaré avoir compris la jeunesse, on note un regain de la violation des droits constitutionnels des citoyens dont celui de protester, de marcher. Cet acte autocrate à Saint-Louis n’est pas un cas isolé, il vient juste s’ajouter à une liste déjà très longue de l’agression des citoyens par l’Autorité qui n’hésite pas d’user la Force publique ou la justice pour casser ceux qui osent faire entendre leurs voix discordantes.

Pendant que les grandes démocraties continuent de se renforcer à travers le respect du droit des citoyens, dont la sacralité est promue dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de façon générale et dans les Constitutions des Etats de façon particulière, d’autres pays choisissent le sens inverse de la démocratie. C’est le cas, comme si la démocratie doit être mesurée à l’aune du développement technologique et industriel, de nombreux pays du sud qui restent confinés dans une logique de pratiques anticonstitutionnelles récurrentes. La violation des libertés individuelles, dont celle de la libre expression, pourtant garantie par les Conventions, Traités et Chartes fondamentales de tous les pays ou presque, reste plus qu’actuelle dans nos pays où les gouvernants continuent d’imposer leur force.

La récente manifestation de l’opposition, le vendredi dernier, entre justement dans le cadre de la dénonciation de ces pratiques hétérodoxes. L’interpellation puis la mise sous mandat de dépôt de jeunes, sortis manifester durant les évènements de mars dernier, sans aucun désir de les juger, constitue véritablement un réel coup de Jarnac porté contre les droits des « minorités » politiques. Placer en détention des garçons, dont le seul tort est d’user d’un droit garanti par la constitution, et laisser libres les auteurs de la dizaine de morts qu’on a eu à déplorer, sans qu’une enquête ne soit visiblement ouverte pour faire la lumière, sort du politiquement correct et n’aurait prospéré que dans un pays comme le nôtre. Un pays peu soucieux des revendications, sinon légitimes, très compréhensives des opposants et leurs partisans. Très, les protestations ne vivent pas directement la personne du président de la République, mais plutôt de tout un système, judiciaire, foncier, etc.

Si on arrête des jeunes pour avoir porté une pancarte inscrivant une exigence légitime, et qui est légitime puisque relative à une troisième candidature illégale de Macky Sall, on imagine mal ce qui leur aurait arrivé s’il avait été plus loin. Alors que la France nous démontre encore une fois de l’état avancé de la démocratie, dans l’affaire de Damien qui a giflé le président et qui n’a écopé que 18mois de prison dont 4 fermes, le Sénégal continue de s’enliser dans le déni de démocratie en matant systématiquement les protestataires. De façon directe ou indirecte, le régime en place se montre coupable d’agressions aux libertés individuelles dont celle de veiller à la bonne gestion de ce pays. Il n’y a pas longtemps, et à deux reprises, Guy Marius Sagna et ses camarades ont été lâchement agressés à Médina Wandifa et à Nianing pour avoir eu le culot d’exiger que la lumière soit faite sur une présumée nébuleuse relative au foncier dans les zones citées.

A Nianing d’ailleurs, le maire et non moins directeur du centre des œuvres universitaires de Dakar a été cité comme commanditaire de la violence exercée sur l’activiste. Après avoir été malmené par des hommes soupçonnés d’être partisans de Magatte Sène, Guy Marius Sagna s’est vu opposer un refus catégorique de la part d’accès audit territoire de la part de l’administration territoriale, le 30 mai dernier. Naturellement, le préfet Mor Talla Tine avait motivé sa décision par le risque de troubles à l’ordre public. Le mois précédent, c’est à Médina Wandifa que l’activiste avait été sauvagement attaqué par des proches du maire de la localité alors que ce dernier était venu s’enquérir d’un litige de même nature. La scène d’agression s’était pourtant déroulée sous les yeux des préposés à la sauvegarde de l’ordre mais puisque les agresseurs étaient du côté du pouvoir, aucune arrestation n’a été constatée, cette fois-ci, pour des troubles avérés.

S’il faut greffer à la liste des agressions aux libertés l’arrestation du rappeur et activiste, Kilifeu de « Yen A Marre », on se rendra compte d’une évidence que les autorités essaient maladroitement de dissimuler: une tempête sans précédent se lève sur nos libertés. Au moment où l’on s’y attendait le moins, le Sénégal retourne lentement mais sûrement vers l’époque de la pensée unique. La tolérance à la contestation n’est visiblement pas la chose la mieux partagée chez les dirigeants et de plus en plus de jeunes se voient arrêtés et envoyés en prison pour avoir osé jouer pleinement leur rôle de citoyen, avec tout ce que cela implique comme privilèges et devoirs dont celui de contrôler l’action publique. Malheureusement, les autorités de l’Administration territoriale, qui devaient veiller à ce que le droit constitutionnel à l’expression soit protégé et exercé sans danger, fait montre d’une condescendance voire d’une complicité caractérisée avec les autorités politiques en violant à l’envi les droits inaliénables des citoyens.
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