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Colonel Théodore Adrien Sarr, commandant du 10e détachement du bataillon sénégalais de la Minusma : « Ce que nous faisons au Mali »
Publié le mercredi 9 juin 2021  |  dakaractu.com
L`Armée
© aDakar.com par Nd. F
L`Armée déployée sur des points névralgiques de la capitale
Dakar, le 8 mars 2021 - Des chars de l`armée nationale ont été déployés dans différents points névralgiques de Dakar et devant certaines institutions.
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Le contingent de l’armée sénégalaise déployé dans le centre du Mali était face à la presse ce mardi 8 juin par visioconférence. Une occasion pour passer en revue les principales missions menées par les jambars dans ce pays, en proie à des attaques jihadistes et à des conflits intercommunautaires depuis une décennie.

Commandant du dixième détachement, le Colonel Théodore Adrien Sarr a tenu à rappeler que le bataillon est composé de 850 éléments dont 823 hommes et 27 femmes.

Il convient de souligner que ce bataillon est présent aux régions administratives de Ségou et de Mopti. Il compte trois compagnies mécanisées et une compagnie motorisée. Trois cellules spécialisées viennent en appoint aux unités. « Tout cet ensemble est commandé par un centre des opérations où on a différentes cellules qui permettent la planification et la conduite des opérations », renseigne le Colonel Sarr. Au sujet des opérations auxquelles ce contingent a pris part, l’officier sénégalais révèle qu’elles sont au nombre de trois. « Nous avons contribué à trois opérations. On vient de boucler une opération ponctuelle dans le cercle de Bankass, Koro et Bandiagara.

Faire oublier le massacre d'Ogossagou

Parmi ses missions, la protection des populations civiles et la réduction des violences intercommunautaires occupent une place de choix. Selon le commandant du bataillon sénégalais, nul ne peut nier l’existence de ces violences intercommunautaires. « Les violences intercommunautaires sont un fait réel », a insisté l’officier sénégalais qui cite l’exemple d’Ogossagou où il y a eu des massacres à plusieurs reprises. Le dernier en date, en mars 2019 a emporté plus d’une centaine de civils de l'ethnie peulh.

D’ailleurs, c’est pour éviter une résurgence de ces violences qui ont opposé peulh et dogon dans cette localité qu’une unité a été déployée en permanence par le bataillon sénégalais de la Minusma. En sus, il fait savoir qu’un processus de réconciliation a été initié et suit son cours.
Si veiller sur la sécurité des civils est une mission primordiale pour ces soldats de la paix, elle ne se fait pas sans risque.

C’est presque le quotidien de ces troupes étrangères qui doivent faire face à des protagonistes armés appartenant tantôt aux groupes jihadistes, principalement de la Katiba du Macina et de la Katiba Gourma Serma affiliés au Groupe de soutien à l’Islam et aux musumans, mais aussi à d’autres acteurs éparpillés dans des milices d’auto-défense des communautés peulh et dogon. « C’est principalement les menaces que nous avons dans notre secteur », avoue le colonel Sarr.

« Lors de nos déplacements, nous risquons de rencontrer des engins explosifs improvisés parce que ça fait partie des modes d’action des groupes armés », ajoute le commandant du bataillon des « jambars » selon qui, il y a un risque d’attaques complexes sur les convois.

Le détachement sénégalais face à l'hostilité de certains autochtones

À ces risques auxquels ils sont préparés, les militaires sénégalais déployés au Mali doivent aussi faire face à l’hostilité de certains locaux qui ne veulent plus de la Minsusma sous prétexte qu’elle ne sert à rien dans leur pays. Le Colonel Théodore Adrien Sarr est conscient que l’acceptation de la Minusma reste l’un des défis majeurs pour le détachement. C’est d’ailleurs pour gagner cette bataille qu’une cellule spécialisée a été créée au sein du bataillon. Selon le colonel Sarr, cette cellule action civilo-militaire est chargée de la planification en amont au même titre que les autres cellules du centre des opérations.

« Elle planifie des actions d’influence sur le terrain (à travers) des dons de médicaments dans une localité ou de consultation gratuite dans une autre, de l’appui pour le transport des vivres... », explique le patron du contingent militaire sénégalais de la Minusma. Ce genre d’action porte ses fruits et contribue efficacement à l’acceptation des détachements étrangers par les autochtones. La transition est toute trouvée pour aborder le moral des troupes.

« Jusque-là, nous n’avons pas d’atteinte sur le moral. Les missions peuvent être difficiles sur le terrain, mais nous sommes en mesure de les exécuter », confie le Colonel Sarr qui en est à sa troisième mission onusienne. Déployé en 2002-2003 en République démocratique du Congo, il a fait la Côte d’Ivoire dix ans après, avant d'être porté à la tête du contingent sénégalais qui selon lui, s’est préparé en conséquence avant son déploiement au Mali.
Parler de sécurité par ces temps qui courent, sans évoquer la suspension des opérations conjointes entre l’armée française et les Fama suite au coup d’État du 24 mai, c’est passer à côté de la plaque. Heureusement que la question a été soulevée par un confrère. Et le colonel Sarr n’a pas esquivé le sujet.

Cependant, il a joué la carte de la prudence. « Nous n’avons pas encore d’impact direct sur le contingent, mais nous savons que la situation opérationnelle va sensiblement être différente du fait de la suspension des opérations conjointes de l’armée française avec le Mali. Nous attendons de voir ce qui va se faire au niveau politique », commente le militaire.

Menace terroriste sur le Sénégal

Interpellé sur le niveau d’exposition du Sénégal à la menace terroriste, le Colonel Sarr dit : « les frontières étant ce qu’elles sont dans nos pays respectifs, on s’attend effectivement que si les problèmes ne sont pas gérés ici au Mali, qu’ils puissent déborder au Sénégal ».

Il se dit cependant convaincu de la conscience que les autorités sénégalaises ont de cette menace palpante pour parer à toute éventualité. À l’en croire, « c’est une question qui est prise en compte par les États majors qui s’activent pour prévenir ce qui pourrait éventuellement passer à l’est du Sénégal ».

« C’est dans ce cadre que la manœuvre Falémé 2020 s'est focalisée essentiellement sur des risques d’actions terroristes à l'intérieur du Sénégal », renchérit l’officier sénégalais.

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