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MANIFS de février mars 2021 - Le M2D entame la bataille judiciaire
Publié le vendredi 28 mai 2021  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DR
Le M2D présente son mémorandum sur les évènements de mars 2021
Dakar, le 26 mai 2021 - Le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) a présenté, mercredi, son mémorandum sur les manifestations violentes du début du mois de mars 2021
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L’opposition sénégalaise a rendu public, hier, un mémorandum de 55 pages relatif aux manifestations de février - mars 2021. Il s’agit, pour elle, de livrer sa part de vérité, inscrire ces événements dans l’histoire du Sénégal, mais surtout, rendre hommage aux martyrs. Ses membres comptent maintenir le cap de la mobilisation pour que la lumière soit faite et les responsabilités situées.



Les événements de février - mars 2021 qui ont secoué le Sénégal font désormais l’objet de deux mémorandums. Après celui du gouvernement, publié en avril, l’opposition a rendu public le sien, dans le but de ‘’rétablir la vérité et restituer les faits’’. Libellé en neuf points retraçant le film de cette période trouble, avec des références (vidéos, sons, photos, témoignages), ce mémorandum, selon le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D), est rédigé en hommage aux martyrs assassinés, aux blessés et mutilés (600) lors des manifestations de février - mars. Des victimes dont le seul tort est d’avoir résisté à l’oppression et d’être sortis pour préserver la démocratie et l’Etat de droit, estime le M2D. ‘’Nous voulons leur dire que nous ne les oublions pas’’, renchérit le porte-parole du mouvement.

L’opposition sénégalaise condamne la répression exercée par les Forces de défense et de sécurité qu’elle qualifie de ‘’disproportionnée, aveugle, condamnable et injustifiée’’. Une répression qui a coûté la vie à 13 Sénégalais âgés de 12 à 35 ans. ‘’Ces répressions ne resteront pas impunies. Nous sommes déterminés à rendre justice à ces victimes et à nous rendre solidaires de toutes leurs familles. Nous sommes décidés à poursuivre les auteurs et les commanditaires de ces actes, en particulier l’Etat du Sénégal, puisque les preuves sont à portée de main. Et cela devant toutes les juridictions nationales, régionales et internationales. Si la justice n’est pas rendue au Sénégal, elle le sera au niveau international’’, déclare le mouvement qui informe que des plaintes ont été déjà préparées dont celle d’un collectif de Sénégalais de la diaspora en vue de saisir la Cour pénale internationale.

Plusieurs éléments de preuves ont été envoyés à la Cour. Selon l’opposition, ‘’toutes ces preuves nous amènent à la conclusion irréfutable que la responsabilité du Président Macky Sall est en jeu dans tout ce qui s’est passé. En tant que Chef suprême des armées, il lui appartenait à un moment donné de pacifier ce pays, de retenir ses partisans et de les amener à respecter les lois de ce pays mais non, il les a laissés faire, il les a encouragés’’. D’ailleurs, elle se demande où sont subitement passées ces forces occultes que le pouvoir accusait de déstabilisation.

De ce fait, le M2D assure qu’une enquête est en cours pour situer les responsabilités et rappelle que ‘’toute autre répression, violence ou assassinat sera traqué, débusqué et livré à la justice’’.

A ces deux aspects (répression et recours juridictionnels) contenus dans le mémorandum s’ajoute l’épisode relatif aux actes de ‘’terreur’’ des nervis recrutés par le régime. Preuve à l’appui, les opposants entendent faire la lumière sur ce recours aux milices lors des manifestations. Ce pan de l’histoire du Sénégal a fini de révéler ‘’la face antidémocratique’’ du Président Macky Sall, soutient l’opposition qui promet que ‘’plus aucune stratégie, plus aucune manipulation, acte ou posture de la part du régime tendant à manipuler, à tordre le cou à la démocratie ou à l’Etat de droit ne sera tolérée. Le Sénégal fera face par tous les moyens légaux disponibles. Nous invitons la diaspora à se mobiliser avec nous, nous n’accepterons pas de retourner en arrière. Au contraire, nous consoliderons les acquis démocratiques et ferons en sorte que ces vies perdues ne soient pas vaines’’.

Invitant le chef de l’Etat à respecter ses engagements quant à l’indemnisation des victimes et leurs familles, le M2D compte bannir de l’espace politique tout discours de haine (ethnique, religieux). Pour y arriver, le mouvement tend la main à Macky Sall, ses partisans et à tous les partis d’opposition à travers le pacte pour l’unité nationale et la paix. Ce langage de haine qui s’est particulièrement développé, depuis la plainte d’Adji Sarr, fait également l’objet d’une restitution dans le mémorandum.

Un traitement judiciaire rapide et impartial de l’affaire Sweet beauté

Par ailleurs, le mouvement exige un traitement rapide, diligent, impartial et honnête du dossier judiciaire impliquant le député Ousmane Sonko. Aida Mbodj, Babacar Diop et Cie sont convaincus que le dossier ne contient pas assez d’éléments pour aboutir à un procès. A la place, ils préconisent une instruction juste et équitable pour que la vérité éclate, ou même un non-lieu.

‘’Si on va en procès, déclare le porte-parole, on verra que tout ceci n’est qu’un tissu de montages qui va se dégonfler comme un ballon de baudruche’’. Et Cheikh Tidiane Dièye d’ajouter qu’ ‘’il est inacceptable que ce contrôle judiciaire soit comme une épée de Damoclès sur la tête d’un opposant politique. Le contrôle judiciaire n’est qu’une stratégie pour limiter le député dans ses activités politiques. Nous allons vers des élections et nous n’accepterons pas qu’ils usent de subterfuges et de stratégies pour le clouer au sol. Nous n’accepterons pas qu’il fasse à Sonko ce qu’ils ont fait à Karim Wade et Khalifa Sall’’.

Quant à la présidentielle de 2024, les opposants campent sur leur position: ‘’Macky Sall n’a pas le droit d’être candidat en 2024. S’il veut qu’il y ait la paix dans ce pays, qu’il oublie la présidentielle de 2024. Tout ce qu’il adviendra, s’il s’entête, sera de sa pleine responsabilité parce qu’il sera écarté de la loi’’.

Pour l’heure, le M2D demande à la majorité présidentielle de cesser toutes ses manigances actuelles afin d’éviter un autre soulèvement. Et visiblement, il compte maintenir le cap de la mobilisation. ‘’’Notre démocratie et nos droits ne s’éteignent pas, nous allons continuer à manifester. Nous nous rassemblerons quand il le faudra. Nous marcherons quand il le faudra. Tout cela en respectant la Constitution du Sénégal. Il appartient au régime de respecter aussi la Constitution et d’autoriser toutes les marches pacifiques’’.

‘’On ne peut pas violer le droit pour atteindre ses objectifs’’

Les cinq autres points du mémorandum retracent les éléments du complot d’Etat (dont l’utilisation du corps de la femme comme arme politique), les violations multiformes des droits d’Ousmane Sonko, son arrestation arbitraire, la responsabilité de l’Etat du Sénégal et l’intervention des guides religieux qui a permis d’éviter le pire. Toutefois, les revendications de l’opposition transmises par le Khalife au chef de l’Etat tardent à se matérialiser. C’est le cas de la libération de tous les prisonniers liés aux manifestations. Certains sont encore derrière les barreaux. Les opposants demandent à Macky Sall de tenir parole en œuvrant pour l’apaisement par la libération de ces derniers. Ils demandent également le soutien des magistrats.

Revisitant l’‘’arrestation inédite’’ d’Ousmane Sonko le 3 mars 2021, au nom du mouvement, le porte-parole se désole d’une violation de droit et de pratiques arbitraires d’un Etat censé être démocratique. ‘’On ne peut pas violer le droit comme un morceau de tissu en coupant par ci et collant par-là juste pour atteindre ces objectifs, nous condamnons cette insécurité juridique et judiciaire’’, martèle-t-il.

L’opposition sénégalaise n’a pas manqué de rappeler à Macky Sall, la date historique du 23 juin. Quand il se trouvait du côté de la démocratie et qu’il menaçait même de déloger le Président Abdoulaye Wade, si ce dernier opérait un forcing pour se maintenir au pouvoir. ‘‘Lorsque tout le monde se battait contre la candidature du Président Wade personne ne le faisait contre lui. Tous nous aimions Wade et nous l’aimons toujours pour ce qu’il représente pour notre pays.

Mais lorsqu’il fallait se battre pour la démocratie et l’Etat de droit, nous sommes sortis parce que nous avons placé le Sénégal au-dessus. Le Président Macky Sall, qui était avec nous, avait pris des engagements, aujourd’hui, tous ces engagements ont été trahis. C’est le même qui menaçait de déloger Wade qui nous accuse aujourd’hui de vouloir le déloger, alors que nous n’avons pas voulu poser un acte qui aurait pu faire vaciller son régime. Au contraire, nous avons appelé la jeunesse à un cessez-le-feu et Dieu sait qu’à un moment donné, si les jeunes étaient restés 48 heures de plus dans les rues, tout aurait pu se passer dans ce pays, mais nous avons refusé cette éventualité’’, détaille Cheikh Tidiane Dièye.

A la place des menaces proférées, ces derniers temps, l’opposition conseille au chef de l’Etat de plutôt renoncer à ses actes antidémocratiques au risque de provoquer une nouvelle résistance. ‘’Si cet Etat veut la paix et la stabilité, nous sommes prêts’’.

EMMANUELLA MARAME FAYE
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