Le Rapport alternatif sur l’Afrique (Rasa) préconise des solutions pour une Afrique souveraine. Pour ce faire, les institutions africaines et internationales qui l’ont produit, ont articulé leurs travaux sur sept axes portant sur l’économie, la politique, la culture, la révolution numérique, entre autres.
Par Justin GOMIS – L’Afrique voudrait-elle voler de ses propres ailes dans tous les domaines ? Tout porte à le croire à la lumière du premier Rapport alternatif sur l’Afrique (Rasa) lancé hier au siège d’Enda Tiers Monde et qui se veut un instrument de reconquête de la souveraineté intellectuelle et politique du continent. Cette initiative des institutions africaines et internationales qui prône la souveraineté africaine, veut se démarquer des rapports qui classent les pays du continent selon «des critères exogènes et néolibéraux». Dr Cheikh Guèye, Secrétaire permanent du Rasa, explique : «C’est une initiative qui veut repositionner l’Afrique dans la production d’un savoir autonome et d’un savoir souverain. Il est ainsi important d’avoir un rapport par l’Afrique et pour l’Afrique. C’est tout le sens de ce rapport élaboré sous le prisme de la souveraineté qui permettra aux pays africains, dans un contexte international où l’hégémonie des pays du Nord est écrasante par rapport aux pays du Sud et africains en particulier, de corriger ces manques.» Mais indique-t-il, «la présentation de ce rapport survient dans un contexte marqué par une lourde crise sanitaire et économique et montre la confirmation de notre dépendance intellectuelle et stratégique. C’est pourquoi, pour sortir des obsolescences idéologiques et scientifiques, les institutions africaines et internationales ont articulé leur rapport sur sept grands axes visant chacun des dimensions de la souveraineté des sociétés africaines face à la mondialisation». Dans le premier axe, souligne le Secrétaire permanent du Rasa, «la souveraineté est aux prises avec l’impérialisme et l’hégémonie extérieure d’une part et en conflit avec ses dimensions nationales et populaires par le bas. Et dans le deuxième axe, il a été rappelé que les orientations de politiques économiques de l’Afrique continuent d’être prescrites par les institutions internationales comme le Fonds monétaire international (Fmi) et l’Organisation mondiale du commerce (Omc), entre autres. Pour résister à cela, les pays africains ont créé la Zlecaf appréciée avec des réserves par les auteurs». Le troisième axe de ce rapport porte sur «la souveraineté monétaire appréhendée sous la perspective de l’après franc Cfa et sous l’angle de la mobilisation des ressources». Le quatrième axe a trait à «la souveraineté culturelle»; le cinquième à «la révolution numérique». Le sixième axe concerne la souveraineté politique et le septième, «les fondements et les contours d’une vraie puissance pour les Etats africains décomplexés et souverains».
En tout cas, le rapport dont il est question veut doter aussi les pays africains d’indicateurs nouveaux sur les produits intérieurs bruts, pour mieux mesurer ce qui est important pour les Africains et qui ne compte pas ailleurs. L’objectif recherché, souligne Cheikh Guèye, c’est de chercher à influencer les politiques au niveau national et continental, et faire en sorte que les populations s’approprient surtout les idées développées dans ce rapport, afin que les décideurs puissent s’en inspirer pour des basculements et des ruptures fondamentales dans l’élaboration des politiques. Ce qui l’amène à dire «que l’Afrique ne peut être souveraine que si elle est unie et si on met en avant le panafricanisme». Ainsi, avec la crise du Covid-19 qui a été un révélateur des insuffisances des pays africains qui vivent en termes de souveraineté, «l’opportunité est de reconstruire une vision africaine propre et qui nous permet d’élaborer de manière décomplexée des projets et des programmes conformes aux intérêts des Africains», croit Dr Guèye.