Les Origines du coronavirus continuent d’alimenter les débats. Une vingtaine de chercheurs estiment que la responsabilité de l’Institut de virologie de Wuhan dans la propagation du virus a été écartée à tort. Dans une étude conjointe, l’Oms et la Chine concluaient que c’était un virus de chauve-souris qui avait contaminé l’homme, la thèse d’un accident de laboratoire étant considérée «extrêmement improbable».
Et si les complotistes n’étaient, finalement, pas si fantasques que ça ? Dans une lettre publiée le 13 mai dans la revue américaine Science , une vingtaine de scientifiques attestent que l’hypothèse de l’origine accidentelle du virus, qui pourrait s’être échappé du laboratoire de Wuhan, en Chine, a été écartée à tort. En mai 2020, l’équipe de l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) chargée d’étudier l’origine du virus avait ainsi évalué l’hypothèse du «débordement zoonotique» comme «probable voire très probable», au détriment d’un incident humain «extrêmement peu probable», sans qu’il n’y ait pourtant «aucune conclusion qui favorise clairement une propagation naturelle ou un accident de laboratoire», estiment les scientifiques. Or cette conclusion a été donnée, selon eux, par la partie chinoise de l’équipe de l’Oms. «Les deux hypothèses n’ont pas reçu la même considération», pointent les chercheurs dans leur correspondance.
Cette publication survient à peine quelques heures après la divulgation sur Twitter de trois travaux universitaires menés entre 2014 et 2019 à l’Institut de virologie de Wuhan (WIV). Diffusés par le compte d’un scientifique anonyme, les trois mémoires, restés jusqu’à présent dans les archives malgré les informations d’importance qu’ils contiennent, mentionnent notamment des incohérences avec les données fournies par le WIV depuis le début de la pandémie sur le nombre et la nature des coronavirus conservés au laboratoire, et sur les expériences conduites sur ces virus. Selon plusieurs experts consultés par Le Monde , les travaux universitaires remettent même en cause l’intégrité des séquences génétiques virales publiées ces derniers mois par l’institution de recherche de Wuhan pour expliquer l’apparition du virus.
Des scientifiques américains de haut niveau appellent ainsi à une enquête «transparente et objective», invitant à ne favoriser aucune hypothèse tant que davantage de données n’ont été recueillies. Parmi les signataires, le microbiologiste David Relman de l’université Stanford et le virologue Jesse Bloom de l’université de Washington, mais également Ralph Baric, microbiologiste comptant parmi les meilleurs spécialistes mondiaux des coronavirus, et qui a déjà étroitement collaboré avec le WIV. (Avec Le Figaro)