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Rapport provisoire du fichier électoral - L’opposition relève plusieurs irrégularités
Publié le vendredi 7 mai 2021  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Début du dépouillement dans les bureaux de vote
Dakar, le 24 février 2019 - Les dépouillements des urnes ont démarré dans les différents bureaux de vote du Sénégal.
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Les membres du Front de résistance nationale (FRN) ont fait face, hier, à la presse pour commenter le rapport provisoire de l’audit du fichier électoral, pour le compte de l’année 2021. Ils disent avoir relevé plusieurs irrégularités et s’inscrivent ainsi en faux contre la conclusion des experts.

L’opposition réunie au sein du FRN rejette les conclusions du rapport d’audit provisoire sorti ce mardi, indiquant que le fichier ayant servi à l’élection présidentielle du 24 février 2019, est fiable et cohérent. En effet, en conférence de presse, hier, ces membres de l’opposition ont démontré, point par point, les irrégularités, dans le fichier électoral, qui font que, contrairement à l’avis des experts, ils considèrent que le fichier n’est ni fiable ni cohérent.

Aldiouma Sow et ses camarades se sont basés sur deux éléments majeurs, à savoir la méthodologie qui a été employée par les experts et les informations contenues dans le rapport, pour justifier leur position.

D’abord, concernant la méthodologie utilisée par les auditeurs, le FRN estime qu’elle n’a pas permis de prendre en compte les préoccupations et les recommandations de l’opposition faites lors du dialogue politique. Selon le plénipotentiaire de l’opposition au dialogue politique, Aldiouma Sow, le FRN avait demandé que l’audit soit distinct du précédent, pour être un audit ‘’sur pièce et sur place’’. Autrement dit, qu’il ne soit pas informatique et systémique, mais que les experts aillent sur le terrain, rencontrent les acteurs pour faire le travail.

Mais vu les résultats obtenus, cette recommandation n’a pas été prise en compte, à cause de l’inefficacité de la méthodologie employée. ‘’Nous avions demandé, cette fois-ci, au-delà de l’audit informatique, que les experts puissent apprécier les supports qui ont servi à la constitution de ce fichier. Pour ce faire, nous leur avions demandé d’aller à la base, de rencontrer les acteurs politiques qui interviennent au niveau des comités électoraux et de fouiller les supports qui sont employés dans les commissions administratives auprès desquelles s’inscrivent les Sénégalais pour figurer sur les listes électorales. Mais on a constaté, avec ce rapport provisoire, que beaucoup de questions de l’opposition n’ont pas obtenu de réponses et que les auditeurs n’ont pas procédé à un audit ‘’sur pièce et sur place’’, regrette le chargé des élections du Pastef.

Pour lui, les experts n’ont pas fait le travail demandé et ils n’ont pas répondu ‘’au nombre anormalement élevé d’utilisation de certificats de résidence, lors des inscriptions sur les listes électorales’’.

La conclusion faite par l’opposition sur ce point, est que le fichier contient ‘’des électeurs qui ne sont pas des Sénégalais ou bien qui n’ont pas le droit d’être dans ce fichier, parce qu’ayant fait recours à des certificats de résidence qui ne respectent pas les critères définis par l’article L35 sur la résidence électorale’’.

‘’Les experts n’ont pas fait un audit sur pièces et sur place. C’est pourquoi, ils n’ont pas pu apporter des réponses sur les 515 635 électeurs qui sont sur le fichier électoral, sur la base de certificats de résidence qui ne respectent pas les critères de l’article L35 du Code électoral. Ils n’ont pas également apporté de réponses sur le respect des articles L65 et L66 pour la carte électorale ayant servi à l’organisation des élections’’, dénonce-t-il.

L’autre zone d’ombre soulevée par les opposants, c’est justement cette carte électorale qui, à leurs yeux, ne permet pas d’avoir une élection transparente et équitable. ‘’On a remarqué que dans les départements où les candidats de l’opposition étaient favorables, à savoir Thiès, Dakar, Diourbel et Ziguinchor, la carte électorale ne permettait pas d’organiser une élection dans les meilleures conditions possibles. Or, dans les départements périphériques, elle était faite de sorte qu’on était sûr que plus de 80 % des électeurs allaient voter le jour du scrutin’’, indique-t-il.

‘’214 199 électeurs sont dans le fichier sans empreinte biométrique’’

Outre l’utilisation abusive des certificats de résidence pour s’inscrire dans les listes et la problématique de la carte électorale, les opposants disent constater une utilisation massive des extraits de naissance, soit 9 442 électeurs ont été inscrits sur les listes au moyen d’actes d’état civil. Sur ce point, les membres du FRN relèvent aussi le non-respect des dispositions de la législation.

‘’Les experts ont précisé, dans leur conclusion, que certaines dispositions de la loi n’ont pas été respectées. C’est, par exemple, celles relatives à l’inscription sur les listes électorales et la révision des listes électorales. En effet, le rapport dit que pendant la période allant du 24 février 2019 au 24 février 2021, plus de 400 000 électeurs sont entrés dans le fichier électoral. Or, à cet intervalle, il n’y a pas eu de révision des listes électorales ou de la refonte du fichier électoral. Cela veut dire que ces personnes sont entrées de manière illégale dans le fichier. On peut donc dire que le fichier ne respecte pas les prescriptions légales en la matière. Pire, les auditeurs avouent que l’article 48 alinéa 5 du Code électoral actuel ne permet pas une participation efficiente et efficace de l’opposition pour le contrôle du fichier électoral’’, indique-t-on.

L’autre problème soulevé par le FRN, c’est l’inadéquation technologique. En effet, suivant les explications données par les membres de l’opposition, les experts ont montré, à travers le rapport, que 214 199 électeurs sont dans le fichier sans empreinte biométrique et que parmi ces 214 199 personnes, 22 000 sont absentes. Ce qui veut dire, selon le plénipotentiaire de l’opposition au dialogue politique, que ces 22 mille ont des cartes électeur, mais ne se sont jamais présentés dans un centre administratif pour qu’on puisse prendre leur empreinte biométrique, alors qu’ils ont voté à l’élection présidentielle du 24 février 2019.

La conclusion de l’opposition est donc que ce fichier n’est pas biométrique et ne peut garantir des élections libres et équitables.

Selon toujours, le chargé des élections du Pastef, la représentativité démographique fait aussi défaut dans ce fichier. ‘’Les études démographiques de l’ANSD (Agence nationale de la statistique et de la démographie) de 2013 avaient conclu que le Sénégal a une démographie dont plus de la moitié a l’âge de vote. Mais l’audit nous apprend que 47 % des nouveaux majeurs ne figurent pas dans le fichier. Ce fichier n’est donc pas représentatif de la démographie du pays. Il ne reflète pas la démographie du pays et, de ce point de vue, on ne peut se targuer d’avoir une légitimité sur une élection organisée sur cette base’’, considère-t-il.

La fameuse question du parrainage

L’autre point qui fait que ces opposants s’inscrivent en faux contre la conclusion des experts sur la fiabilité du fichier électorale, c’est le fameux parrainage. En effet, selon les camarades de Mamadou Diop Decroix, concernant la question du parrainage, les experts ont tout simplement avoué qu’ils n’ont pas rencontré les membres du Conseil constitutionnel et n’ont pas eu possession du logiciel ayant servi au contrôle des listes de parrainage.

‘’Dans ce contexte, on ne peut pas se baser sur un tel rapport pour dire que le parrainage, tel qu’il a été fait durant l’élection présidentielle, est conforme à la loi. D’ailleurs, les auditeurs disent que les articles L57 et L116 du Code électoral n’ont pas été respectés au moment du contrôle des listes de parrainage. Ce contrôle a été fait en se basant sur des plateformes électroniques et avec des fiches manuelles publiées par le ministère de l’Intérieur. Ils concluent donc que cela peut conduire à des risques élevés d’erreurs, au moment du contrôle des listes de parrainages’’, indique M. Sow.

Le dernier point qui fait que les membres du FRN considèrent que le fichier n’est ni fiable ni équitable, ‘’c’est l’ampleur des recommandations’’ des experts, soit 33. Parmi ces recommandations, il y a l’article 48, Alinéa 5 du code qui doit être reformulé pour préciser les conditions dans lesquelles l’opposition doit avoir accès au fichier. Et sur cette question, l’opposition exige la mise en place d’une plateforme qui informe l’électeur à temps réel sur sa situation électorale.

Ainsi, selon les représentants du FRN à la conférence de presse d’hier, avant les prochaines élections, l’opposition compte travailler pour que certaines recommandations pertinentes du rapport de l’audit soient mises en œuvre.

ABBA BA
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