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litige foncier à Ndingler -Djilakh à la rescousse de Babacar Ngom
Publié le jeudi 6 mai 2021  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par SB
Le ministre de l’Environnement et du Développement durable visite le site du technopôle
Dakar, le 21février 2018 - Le ministre de l’Environnement et du Développement durable a effectué une visite sur le site du Technopôle, à Pikine, pour s`enquérir de la situation sur le litige foncier sur cette zone.
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C’est un nouveau rebondissement dans le litige opposant le patron de la Sedima à la population de Ndingler. Des habitants de Djilakh réclament la paternité des terres et estiment que s’il doit y avoir restitution, ce sera à leur bénéfice et non de Ndingler. Face aux risques d’affrontements entre les deux villages, un important dispositif sécuritaire a été déployé sur les lieux par la gendarmerie.



Le conflit entre le milliardaire Babacar Ngom et le village de Ndingler a pris une autre tournure. Cette fois, c’est Djilakh qui monte au créneau pour réclamer les mêmes terres et exiger le départ de leurs ‘’frères’’ de l’autre côté, jusque-là en lutte contre l’homme d’affaires sénégalais.

Face à la presse hier, ils ont mis en garde les différents protagonistes. ‘’Nous nous sommes retrouvés pour alerter l’opinion nationale et internationale. Il y a eu trop de contrevérités. Depuis l’année dernière, la population de Djilakh a été très disciplinée, laissant d’autres populations entrer dans nos surfaces pour réclamer des terres. Aujourd’hui, nous tenons à apporter un démenti catégorique. Ces terres litigieuses appartiennent à notre village et non à Ndingler. Et il est hors de question de leur laisser ces terres. Nous allons défendre nos terres au prix de nos vies, s’il le faut’’, a martelé Aliou Faye, responsable des jeunes de Djilakh. Selon lui, le conflit n’a que trop duré. Et ils ne vont plus laisser faire. ‘’Depuis l’année passée, peste-t-il, on a permis à la population de Ndingler de cultiver en lésant celle de Djilakh. Si Macky Sall donne la terre à la population de Ndingler, on va nous enterrer ici, car ni lui ni un autre n’a cette prérogative’’.

Ancien conseiller rural, cet habitant de Djilakh, Abdoulaye Faye, charge : ‘’Nous avons mal, à cause du comportement de la population de Ndingler. La terre nous appartient. Le village de Ndingler se situe entre 6 et 8 km de ces terres. C’est le village de Djilakh qui avait remis la terre au promoteur. Nous ne contestons rien, car le promoteur a respecté les engagements. La terre appartient à l’Etat et suite au titre foncier, elle revient à Babacar Ngom. Nous ne sommes pas frontaliers au village de Ndingler, car il y a deux villages intermédiaires, Kasmass et Ngoyé’’.

Ainsi, s’il doit y avoir restitution, cela ne saurait se faire qu’au bénéfice de leur village. Pas de Ndingler. Abdoulaye Faye : ‘’Je mets en garde Babacar. Si jamais il s’aventure de donner un mètre carré à la population de Ndingler, il va tout perdre, parce que nous de Djilakh, nous allons lui arracher les terres. Nous avons sonné la fin de la récréation, car la population de Ndingler a abusé dans les mensonges et cela ne peut plus continuer. A partir d’aujourd’hui (hier), on va se faire entendre.’’

‘’C’était une bataille entre des populations de Ndingler et de Djilakh’’

Revenant sur les dernières échauffourées, le responsable des jeunes de Djilakh accuse le n°2 du Pastef d’Ousmane Sonko. Il déclare : ‘’Nous avons entendu des contrevérités dans les médias, véhiculées par Bassirou Diomaye Faye disant que les gardiens de Sedima se sont affrontés à la population de Ndingler. C’est faux ! J’étais sur place. C’était une bataille entre des populations de Ndingler et de Djilakh.’’

Avant cela, explique-t-il, leur village avait organisé trois audiences publiques pour se prononcer sur le projet de Babacar Ngom. ‘’Ndingler n’a rien ici. Je ne parle plus de la gendarmerie, mais plutôt du président de la République, en lui disant qu’il ne peut rien faire d’autre que de remettre les terres à la population de Djilakh, s’il doit les restituer’’. Et d’ajouter, comme pour défendre l’industriel sénégalais : ‘’Nous sommes dans une période où l’emploi des jeunes est devenu un casse-tête pour la population. Or, ici travaillent plus de 1 000 jeunes. Donc, ce n’est pas la population de Ndingler, qui ne fait pas plus de 200 jeunes, qui viendra arrêter ce projet et chasser le promoteur. Ces projets créent de l’emploi pérenne pour des jeunes de tous les horizons du pays.’’

Aux origines du litige

D’une superficie de 76 ha environ, les terres litigieuses font partie d’une vaste étendue qui a été cédée au milliardaire sénégalais, d’abord, par la mairie de Sindia – polarisant le village de Djilakh - sous forme de délibération, ensuite, par l’Etat du Sénégal, sous forme de titre foncier.

Depuis lors, il y a de cela plus de cinq ans, le village de Ndingler se bat, invoquant des droits coutumiers sur lesdites surfaces litigieuses. Suite à l’escalade notée l’année dernière, à la veille de l’hivernage, le gouvernement avait réagi et réussi à désamorcer la bombe, mais de façon provisoire.

Sous la direction de l’ancien ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, il était convenu, entre les parties, de laisser les paysans cultiver durant la campagne écoulée, en attendant de trouver une solution définitive. Depuis, c’était le statu quo. Avec la fin de l’hivernage, les hommes de Babacar Ngom ont encore manifesté des velléités de récupérer les terres, mais les villageois campent toujours sur leur position.

Le climat était donc délétère jusqu’au dimanche dernier, quand un cultivateur de Ndingler a franchi les tranchées de séparation du projet de Babacar Ngom pour labourer. Les vigiles s’y sont opposés et ont confisqué son matériel. Cela a fini par ameuter les populations de Ndingler venues soutenir leur parent. S’en est alors suivie une ‘’Intifada’’ qui a occasionné trois blessés dont un dans un état grave. Ces nouveaux affrontements ont poussé Djilakh à entrer dans la danse et à contester tout droit du village voisin sur ces terres.

LITIGE FONCIER

Ndingler crie à la manipulation

Responsable dans le Collectif pour la défense des terres de Ndingler, Mbaye Diouf estime que les gens de Djilakh sont surtout utilisés comme bouclier par le milliardaire Babacar Ngom. Il déclare : ‘’Il leur a fait croire que si ce projet n’aboutit pas, ils vont perdre des emplois. C’est pourquoi ils ont décidé d’entrer dans cette bataille qui ne les regarde pas. L’objectif est de laisser penser que c’est un problème entre deux villages, qui ne concerne pas Babacar Ngom. Mais c’est peine perdue.’’

Hier, Ndingler s’était ainsi mobilisé, selon M Diouf, pour laver l’affront, car les voisins avaient juré qu’ils allaient se rendre sur le terrain pour protéger ‘’leurs’’ terres. Heureusement, confie notre interlocuteur, un important dispositif sécuritaire a été dépêché sur les lieux par la gendarmerie nationale. Mbaye Diouf : ‘’Il n’y a jamais eu de problème entre deux villages. C’est un problème entre Sedima et Ndingler. Mais ils sont venus soutenir Babacar pour mener cette bataille. Ils veulent ainsi faire croire que c’est un problème entre deux villages. Il n’en est rien.’’

Selon M. Diouf, les pandores leur ont signifié que le périmètre est désormais interdit à toutes les parties, jusqu’à ce qu’il y ait un arbitrage de l’Etat. Le Ndinglérois de déplorer vigoureusement le manque de diligence de l’Etat. ‘’Depuis l’année dernière, soutient-il, on avait largement le temps. Aujourd’hui, on aurait dû dépasser cette situation. Mais avec le départ d’Aly Ngouille Ndiaye et Abdou K. Fofana, toutes les discussions initiées par le gouvernement étaient à l’arrêt. Nous avons essayé, à maintes reprises, d’entrer en contact avec le nouveau ministre (Antoine Félix Diome), mais en vain’’.

Toutefois, a-t-il tenu à préciser, il y a toujours eu des bonnes volontés qui ont continué à les rapprocher de Babacar Ngom pour trouver un terrain d’entente, mais sans succès. ‘’Nous ne refusons pas de travailler avec lui. Mais il faut que l’Etat lui retire le titre foncier dont il se prévaut’’.

Selon le représentant des cultivateurs, il y a eu trois blessés dont un grave dans leurs rangs, suite aux derniers affrontements.

MOR AMAR

IDRISSA AMINATA NIANG
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