Le tribunal de grande instance (TGI) de Louga (nord) a déclaré mercredi avoir ouvert une information judiciaire pour imprudence et négligence présumées à l’encontre de trois personnes dont le directeur de l’hôpital Maguatte-Lô, Abdou Sarr, à la suite de l’incendie à l’origine de la mort de quatre nouveau-nés dans cet établissement public de santé, le 24 avril.
L’enquête concerne, outre M. Sarr, une aide-infirmière chargée de la surveillance de la salle de néonatologie et la cheffe du service de pédiatrie de l’hôpital.
L’‘’imprudence’’ et la ‘’négligence’’ des trois personnes mises en causes ‘’ont été à l’origine de la mort des quatre bébés et des blessures causées aux deux autres’’, affirme le TGI de Louga dans une note d’information parvenue à l’APS.
’’Le drame aurait pu être évité si une garde permanente ou au moins à intervalles plus réduits était’’ assurée aux nouveau-nés, ajoute-t-il.
Quatre nouveau-nés ont été tués et deux autres blessés dans l’incendie qui s’est déclaré le 24 avril à la maternité de l’hôpital Magatte-Lô, à Linguère, dans la région de Louga.
Le parquet de Louga affirme avoir ouvert l’enquête pour élucider les circonstances et les causes du sinistre.
Un court-circuit pourrait être à l’origine de l’incendie, avaient dit le maire de Linguère, Aly Ngouille Ndiaye, et le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, qui s’était rendu à l’hôpital, le même jour.
’’Les investigations menées avec la Senelec (la société nationale chargée de l’électricité) et le responsable de la maintenance des installations électriques de l’hôpital ont permis de constater que les disjoncteurs n’avaient pas sauté’’, affirme le parquet du TGI de Louga.
Le foyer de l’incendie ’’se trouvait [dans] la table chauffante artisanale en fer sur laquelle était placés les quatre bébés, laquelle comportait des lampes à incandescence de 60 watts, dont le contact avec les moustiquaires a été à l’origine de l’incendie’’, lit-on dans la note d’information du parquet.
’’Les visites n’étaient effectuées que toutes les deux heures dans la salle quasi hermétique où les bébés étaient enfermés’’, ajoute la même source, disant encore se baser sur les recherches menées de concert avec la Senelec et le chef du service de maintenance électrique de l’établissement de santé.
’’Les bébés restaient sans aucune surveillance, dans une salle distante de la salle de garde de plus de 500 mètres et n’étant munie d’aucun dispositif d’écoute à distance ou de vidéosurveillance’’, écrit le TGI.
Mardi dernier, le directeur de l’hôpital Magatte-Lô a annoncé avoir démissionné de ses fonctions. ’’Il y a eu beaucoup de spéculations. Pour mettre à l’aise le chef de l’Etat, le ministre de la Santé, le personnel de l’hôpital, ma famille et moi-même, je démissionne de mon poste de directeur de l’hôpital’’, a-t-il déclaré à la presse locale.
Au lendemain de sa démission, le chef de l’Etat a demandé au ministre de la Santé et de l’Action sociale de veiller à ce que ’’toute la lumière’’ soit faite sur le sinistre.
’’Le président de la République demande (…) au ministre de la Santé et de l’Action sociale de faire toute la lumière sur cette affaire’’, a écrit le porte-parole du gouvernement, Oumar Guèye, dans le communiqué du Conseil des ministres du mercredi 28 avril.
’’Le chef de l’Etat [souligne] la nécessité de sanctionner rigoureusement les manquements constatés et de déployer toute l’assistance psychosociale requise aux parents endeuillés’’, a ajouté M. Guèye.
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