Quatre bébés prématurés morts calcinés au service pédiatrie de l’hôpital Maguette Lo. C’est l’horreur qui a réveillé, samedi matin, la population de Linguère. Et au-delà de l’accident, les familles de victimes dénoncent la négligence des autorités hospitalières et exigent que les responsabilités soient situées.
La population de Linguère a été réveillée, ce samedi matin, par une horrible nouvelle. Un incendie violent s’est déclaré, tôt le matin vers 6 h, au service de pédiatrie de l’hôpital Maguette Lô de la ville, plus précisément à la néonatalogie. Le bilan est lourd : 4 bébés prématurés en couveuse sont morts sur le coup et deux autres blessés dans un état critique. Les bébés décédés sont deux jumeaux (fille et garçon) et deux filles. Un court-circuit serait à l'origine du drame.
Selon nos sources, informés, les sapeurs-pompiers ont accusé du retard pour rejoindre les lieux et maitriser le feu. Ainsi, il a fallu qu’un agent de santé défonce la porte de la salle de néonatalogie, pour sauver les deux bébés qui ont ensuite été admis aux urgences dans ladite structure sanitaire. Les quatre autres étaient déjà morts.
Joint par ‘’EnQuête’’, les parents des victimes déplorent la négligence des responsables du centre hospitalier. Grand-père d’une des victimes, El Hadj Sow, habitant de Barkédji, dit avoir été informé aux alentours de 9 h. Sa fille, mère de la victime, était partie, le matin, pour faire téter l’enfant. Arrivée sur les lieux, elle a trouvé le service où était admis son enfant en feu. Impuissante, elle a assisté, la mort dans l’âme, au désastreux évènement et l’a informé, plus tard, que son bébé était mort dans l’incendie. Une nouvelle que la famille a encore du mal à accepter. Elle dénonce la négligence des responsables de l’hôpital qui, estime-t-elle, n’ont pas assez sécurisé les lieux.
‘’Ce qui nous fait surtout mal, c’est qu’on pouvait bien éviter cette tragédie. On pouvait bien éviter cet incendie. Mais la vérité est que l’hôpital de Linguère manque de sécurité, surtout pour les malades. Les gardiens ne devaient pas laisser les bébés seuls dans les chambres, surtout qu’ils savaient qu’il y avait un problème d’électricité’’, déclare El Hadj Sow.
Abou Alassane Ba, grand-père d’une autre victime, abonde dans le même sens. Il dénonce, lui aussi, la négligence de l’établissement hospitalier, même s’il dit tout remettre entre les mains de Dieu. ‘’On ne maitrise pas trop la situation. Mais je me dis qu’on pouvait bien l’éviter, parce qu’un centre hospitalier comme Maguette Lô de Linguère, ne doit pas prendre feu jusqu’à ce qu’il y ait des morts sans secours efficace. Il devait au moins avoir de bouches d’aération ou des alarmes incendie. C’est difficile, parce que c’est une chose qu’on pouvait bien éviter. Les responsabilités doivent être situées’’, estime-t-il.
D’après notre interlocuteur, sa fille, la maman d’une des victimes, avait accouché le mardi au centre de santé de son village, à Thièle. Prématuré, le bébé a ensuite été évacué, le mercredi, à l’hôpital de Linguère où elle a été placée dans une couveuse. Logée à l’hôpital, la maman se rendait, tous les matins, au service de la pédiatrie pour faire téter son bébé. C’est donc impuissante qu’elle a, aussi, assisté, dans la matinée du samedi, à l’incendie de la salle de néonatalogie qui a emporté son nouveau-né.
Depuis lors, elle est inconsolable. Selon ses proches, elle est très affectée et vit difficilement la situation, car ce bébé était son deuxième enfant et que l’ainé était aussi mort, récemment.
Le soutien du gouvernement aux familles de victimes
Informé de ce drame mortel, le ministre de la Santé et de l’Action Sociale s’est aussitôt rendu sur les lieux, en compagnie de son collègue du Développement communautaire et de l’Equité sociale et territoriale, Samba Ndiobène Ka, par ailleurs ressortissant de la localité. Les deux ministres ont rencontré les familles des victimes pour partager leur douleur et leur apporter le soutien de l’Etat.
‘‘J’exprime toute la peine que nous avons pour venir partager la douleur avec les familles qui ont perdu leurs bébés, lors de l’incendie. Nous partageons la douleur de ces mamans qui nous ont parlé dans une très grande dignité. J’aimerais leur apporter le soutien du président de la République, du gouvernement et du peuple sénégalais tout entier. C’est extrêmement douloureux. Nous avons vu trois mamans qui nous ont parlé dans une croyance extraordinaire. Le gouvernement sera à leur côté pour leur apporter tout le soutien nécessaire‘’, a déclaré Abdoulaye Diouf Sarr à sa sortie de la rencontre avec les parents des victimes.
Le ministre de la santé a aussi indiqué qu’une enquête était en cours pour déterminer l’origine de cet incendie mortel.
Venu accompagner Abdoulaye Diouf Sarr pour présenter les condoléances du gouvernement aux familles de victimes, le ministre Samba Ndiobène Ka a aussi exprimé sa compassion. ‘’Que pareille chose ne se reproduise plus au niveau de cet hôpital, encore moins au niveau de la région. Je suis venu pour compatir avec les familles éplorées. Nous réitérons le soutien de l’Etat à côté des victimes. Les mères, malgré la douleur, l’ont accepté. Nous leur manifestons notre solidarité et partageons leur douleur’’, a déclaré le ministre.