Hier, les conséquences de la grève de 72h du Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz, entamée jeudi, étaient palpables dans plusieurs stations-services de la capitale. Des stations Shell sur les avenues Cheikh Anta Diop et Blaise Diagne à Ola energy de la poste Médina, en passant par Total et Star oil, les pompes sont vides.
Le syndicat annonce la fin de la grève et le retour progressif à la normale
Ce fut un calvaire. «J’ai fait presque tout Dakar», grogne un homme au volant de son véhicule particulier, à la recherche de carburant dans la capitale. Automobilistes et motocyclistes ont fait les frais de la grève de 72h du Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz. Ces derniers réclamaient une convention collective. Hier, des files de véhicules devant les stations d’essence étaient visibles un peu partout dans la ville et dans la proche banlieue. Klaxons, vrombissements de moteur des voitures et la fumée des pots d’échappement ont rythmé l’après-midi à la station Star oil, vers Abass Ndao, près de l’hôpital qui porte son nom.
A l’entrée, des extincteurs usagés servent de barrage. Le vigile, casquette noir ajusté sur la tête, d’un signe de la main, informe du manque de carburant chez eux. «C’est fini, il ne reste que le fond de cuve qui ne se vend pas, sinon les pompes auront des pépins», renseigne le gérant Mouhamadou Sow, trouvé le flotteur à la main en train de vérifier le niveau de contenu du cuve.
Pendant ce temps, les va-et-vient incessants de voitures et de motos se poursuivent. «Vous vendez du carburant à certains. Vous faites de la ségrégation», râle le jeune Mamadou Faye sur sa moto. «J’ai cherché de l’essence comme pas possible. Depuis ce matin, je ne cesse de chercher du carburant. Nous ne comprenons rien de cette situation. J’ai fait près de 10 stations en vain. S’il y a grève, qu’ils règlent leurs problèmes entre eux et nous laissent travailler. Nous avons des familles à nourrir», ajoute-t-il. Cette galère, Mamadou Faye l’a partagée avec de nombreux usagers des stations. Au volant de son taxi jaune-noir, des «khassaïdes» en sourdine, El Hadji Ass Ciss se confie : «Si je ne trompe pas, j’ai fait déjà 6 stations d’essence à la recherche de carburant. C’est une situation qui nous porte préjudice. Nous souffrons vraiment. Qu’on nous vienne en aide ! Nous, taximen, profitons des heures de descente pour faire le plein pour le lendemain ou avant de mettre la voiture à la disposition d’un autre conducteur. C’est pénible. Là je suis obligé d’aller garer mon taxi. Qu’on vienne au secours des chauffeurs», déclare-t-il.
Taximan de son état, Babacar Sangaye, au volant de son véhicule, une chanson de Alioune Mbaye Nder sortant à fond de sa radio, soutient qu’il a fait une dizaine de stations. Il est venu juste, dit-il, pour renforcer ce qui lui reste, sinon il dispose assez d’essence dans son réservoir. Le scootériste Meïssa Diop, lui, était venu de la Gueule Tapée, située non loin de là. «J’ai vu de nombreux automobilistes en panne en pleine circulation, des motocyclistes qui poussent leur moto faute de carburant. Vraiment nous souffrons. Je lance un appel au président de la République pour trouver une solution aux revendications des grévistes», dit-il.
Un chauffeur de particulier, plus chanceux, déclarait être sorti de la ville pour se rendre dans la zone des Niayes, à Bambylor, pour trouver du carburant. Face à ce désarroi, un gérant de station-service assure : «Ce que je peux dire de la situation, c’est que le problème n’est pas à notre niveau, nous gérants de station, parce que ce sont nos commandes qui tardent à arriver. Raison pour laquelle il y a pénurie de super et de gasoil. C’est la grève des transporteurs qui a fait qu’on manque de carburant. Mais on nous a dit que la situation reviendra à la normale demain ou après-demain (Ndlr. samedi ou dimanche). Nous espérons que nos commandes seront vite livrées au grand bonheur des clients.»
A quelques mètres de là, à la station Shell située près de la station de police 4 de la Médina, l’entrée est barrée par des plots. Ici aussi, les cuves sont à sec. La station Shell, située vers la maison de la culture Douta Seck, est ouverte, mais pas fonctionnelle. A quelques heures de la rupture du jeûne, les chauffeurs des transports en commun ou particuliers, non frappés par le manque de carburant, roulent dans les deux sens de l’avenue Blaise Diagne. La station Total près de la poste Médina reçoit en peu de temps des usagers qui retournent aussi bredouilles qu’ils étaient venus. Même décor au niveau de la station Ola energy où le ballet de véhicules n’a pas cessé.