Le 8 mars dernier, le Président Macky Sall s’était adressé à la Nation après de violentes manifestations. Il le fera encore ce samedi 3 avril, veille du 61ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal. Lecture d’une séance de massage à un pays convalescent.
En moins de deux mois, le chef de l’Etat va s’adresser aux Sénégalais. C’était le redoutable Covid-19 qui lui avait dicté cet agenda en 2020, lorsqu’il a décrété l’état d’urgence en fin mars et, quelques jours plus tard, un message la veille de l’anniversaire de l’indépendance. Le 8 mars 2021, Macky Sall a été emmené à faire un «massage» à la Nation forcé après des jours de fortes pressions de la rue publique, qui ont secoué la République. Ces soubresauts nés de l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr nécessitaient au moins une séance thérapeutique pour une jeunesse déchaînée. Macky Sall avait donc le devoir de mettre un peu de baume aux cœurs déjà meurtris par l’ampleur des dégâts. Un Président groggy qui, heureusement, avec une dose d’humilité, a pu trouver les mots qu’il fallait pour annoncer les remèdes contre les maux de la jeunesse. Le ton moins tonifiant que celui de ses ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères terrorisés par des «actes terroristes». Ce samedi 3 avril 2021, dans les salons de la Présidence, le Président Sall va encore faire face aux Sénégalais pour marquer le 61ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale.
Jeunesse, dialogue, cohésion
Mais que va dire le chef de l’Etat au-delà du prétexte, c’est-à-dire la fête de l’indépendance et les hommages aux Forces de défense et de sécurité ? Il paraît aussi évident qu’il reviendra d’une manière ou d’une autre sur les violences de début mars. Mais surtout sur les mesures qu’il a annoncées pour la jeunesse afin d’apaiser ses douleurs, lui tracer des perspectives d’avenir plus réjouissantes. Il a annoncé 350 milliards de F Cfa pour les trois prochaines années, un Conseil présidentiel sur la question et d’autres mesures en direction des jeunes. Personne ne sait ce qu’un Président peut avoir dans la tête, mais le chef de l’Etat peut-il passer sous silence la rupture de confiance entre les acteurs politiques alors que c’est lui-même qui a lancé le dialogue national, celui politique étant déjà bloqué par la suspension de la participation du Front de résistance nationale (Frn) ? Il est le seul à pouvoir sauver ces concertations devant aboutir à des consensus forts. Il serait, en revanche, moins indiqué pour une adresse à la Nation de s’épancher sur le mémorandum du Frn remis au khalife général des Mourides. De même, Macky Sall, convaincu, comme dans son discours du 8 mars dernier, que le Sénégal est une «Nation de sang mêlé», devra s’en mêler pour apaiser les cœurs pour que tous chantent en chœur la cohésion nationale. En père de la Nation, il doit trouver des notions lénifiantes pour un pays en convalescence depuis quelques semaines.
Il lui manquera le public pour célébrer l’indépendance. Ce, sans défilé ni prise d’armes. Fin février, le chef d’état-major général des Armées, Birame Diop, qui a cédé la place, jeudi, au Général Cheikh Wade, avait indiqué que cette sobriété entre en droite ligne avec les «mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus». En revanche, il y aura juste une cérémonie de levée des couleurs et l’illustration du thème «Forces de défense et de sécurité, et protection des frontières à travers des plateaux télévisés, en liaison avec la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa)». Il faudra les en remercier pour leur attitude exemplaire face à des hordes de jeunes coléreux et difficilement maîtrisables qui ont failli tout gâcher