Les manifestations et les émeutes qui ont secoué le Sénégal, au début du mois de mars, n’étaient pas seulement concentrées à Dakar. Elles avaient éclaté suite à l’affaire Ousmane Sonko, le leader du parti d’opposition les Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), qui est inculpé de viol et de menaces de mort. D’autres régions se sont mobilisées, et pour « défendre la démocratie », comme à Saint-Louis, au nord du pays, une ville particulièrement touchée par le chômage des jeunes qui est aussi le point de départ de l’émigration irrégulière.
Le quartier populaire de Pikine est encore meurtri par le décès de plusieurs dizaines de jeunes candidats à l’émigration clandestine qui voulaient rejoindre l’Europe en octobre dernier. Papis Lam, enseignant de 35 ans, est aujourd’hui le seul à avoir un salaire fixe pour faire vivre toute sa famille. « J’ai perdu deux frères en mer. Ils voulaient chercher du travail. On vit le pire, nous dit Papis Lam. Dans une famille, on a une seule personne qui est salariée. Tous les autres se débrouillent, avec des difficultés pour l’alimentation et le loyer. »