Le développement récent des vaccins contre le COVID-19, réalisé à une vitesse record et financé par un financement public massif aux Etats-Unis, dans l'Union européenne et au Royaume-Uni, "représente un grand triomphe face à la pandémie", mais "ce succès de l'Occident" a aussi créé une inégalité flagrante dans l'accès aux vaccins, a rapporté lundi le New York Times.
Selon le journal, les habitants des pays riches et à revenu intermédiaire ont en effet reçu environ 90% des près de 400 millions de doses de vaccin livrées jusqu'à présent, et les projections actuelles montrent que la plupart des habitants des autres pays devront attendre des années.
De plus en plus de responsables de la santé et de groupes de défense du monde entier appellent les gouvernements occidentaux à contraindre les entreprises à publier des formules de vaccins, à partager leur savoir-faire et à accélérer la fabrication, a écrit le journal.
Cependant, "les gouvernements ont résisté", et les dirigeants occidentaux ont également "ignoré des années d'avertissements et d'appels explicites de l'Organisation mondiale de la santé pour inclure un libellé contractuel qui garantisse des doses pour les pays pauvres", selon le quotidien.
La perspective que des milliards de personnes attendent des années pour être vaccinées constitue une menace pour la santé même des pays les plus riches. Par exemple, au Royaume-Uni, où le déploiement des vaccins a été fort, les responsables de la santé surveillent un variant du virus qui a émergé en Afrique du Sud, où la couverture vaccinale est faible. "Ce variant pourrait atténuer l'effet des vaccins, ce qui signifie que même les personnes vaccinées pourraient tomber malades", a ajouté le New York Times.
Les responsables de la santé occidentaux ont déclaré qu'ils n'avaient jamais eu l'intention d'exclure les autres. Mais avec leurs pays respectifs confrontés à un nombre considérable de décès, l'accent a été mis sur ce qui se passe chez eux, et le partage des brevets n'a tout simplement jamais été abordé, a écrit le journal.
"Le président américain (Joe) Biden et Ursula von der Leyen, la présidente de l'exécutif de l'Union européenne, hésitent à changer de cap", a encore noté le journal.
Joe Biden a bien promis d'aider une entreprise indienne à produire environ un milliard de doses d'ici la fin de 2022 et son administration a fait don de doses au Mexique et au Canada, mais il a aussi clairement indiqué qu'il se concentrait d'abord sur les Etats-Unis avant ensuite d'essayer d'aider le reste du monde, a encore indiqué le New York Times.
Selon le journal, si les pays riches se battent pour garder les choses telles qu'elles sont, d'autres en revanche comme l'Afrique du Sud et l'Inde ont mené la bataille devant l'Organisation mondiale du commerce, demandant une dérogation aux restrictions sur les brevets pour les vaccins contre le COVID-19,.
La Russie et la Chine, quant à elles, ont promis de combler le vide. L'Institut Gamaleya de Moscou, par exemple, a conclu des partenariats avec des producteurs du Kazakhstan à la Corée du Sud, et les fabricants de vaccins chinois ont conclu des accords similaires avec les Emirats arabes unis, le Brésil et l'Indonésie, a enfin souligné le journal américain.