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Macky voit rouge à Matam, les raisons d’une frustration
Publié le lundi 22 mars 2021  |  senenews.com
Macky
© Autre presse par DR
Macky voit rouge à Matam, les raisons d’une frustration
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Même s’il décrit Matam comme son « titre foncier » électoral, du moins c’est l’idée que ses responsables locaux lui vendent, le président Macky Sall sait que la donne commence timidement à changer. Tant qu’il reste président, peut-être que personne ne le battra dans cette partie du Sénégal où il sera toujours prophète chez lui. Cependant, à moins d’être daltonien, comme il avait lui-même annoncé ne pas voir la couleur rouge, le constat saute aux yeux: le Fouta, ce bastion fort du régime, commence a exprimé son ras-le-bol. Parce que son vase de patience, à ras-bord depuis 2012, commence à déborder du fait d’une négligence caractérisée.

« Titre Foncier », cette expression pour décrire la mainmise de Macky Sall sur ce terroir ne semble pas de trop. En effet, depuis son divorce avec Wade en 2008, il n’a cessé de voir sa popularité accroître dans tout le Fouta. Cela a été prouvé dans toutes les élections auxquelles il a eu à participer depuis les locales de 2009. Cependant, il relève d’un euphémisme que de dire que Matam et ses environs ne sont pas bien servis durant le magistère de ce président, ressortissant de la région de surcroît.

En vérité, Macky Sall avait mille et une raisons de faire plus que son prédécesseur Wade, pour le Sénégal mais aussi et surtout pour Matam. Hélas, la réalité est toute autre. Abdoulaye Wade a non seulement fait de cette localité la 11ème région du Sénégal mais il lui a notamment doté d’un nouveau visage. Il l’a sorti de l’anonymat et de l’enclavement avec la réalisation d’infrastructures telles que la route Linguère-Matam dont il a été le concepteur et l’initiateur. Elu pour ses promesses, les nombreux projets annoncés par l’Etat sous Macky Sall restent à l’étape d’idées s’ils ne sont pas d’éléphants blancs tout simplement.

On ne sera pas si nihiliste pour ne pas reconnaitre que des chantiers sont initiés sous son règne pour autant. Pour s’en convaincre, il suffit d’emprunter la route de Saint-Louis-Ourossogui qui est en chantier depuis pas moins de 3 ans. Aussi le projet de création de l’ISEP (Institut supérieur d’Enseignement public) peut être mis à l’actif de l’actuel régime, mais sa construction n’est pas arrivée à terme et cette lenteur a été souvent l’objet de vives critiques de la part des jeunes puisque c’est le décret 2016-811 du 14 juin 2016 qui avait annoncé sa mise sur pied.

La frustration de la population contre le régime de Macky Sall est grande. Cela n’a rien à voir avec le sentiment d’affection que les autochtones lui vouent en tant qu’un des leurs, mais sur le plan de la réalisation, trop d’attentes ont été déçues. Tout comme la ville de Louga qui a été oubliée sous le président Diouf- très peu de réalisations pendant 20 ans de règne- Matam se montre victime de sa proximité avec le Chef de l’Etat. Celui-ci, interpelé dans le passé sur ce quasi-oubli envers ladite région, aurait déclaré en pulaar « la fille du tresseur doit être la dernière à se tresser ». En d’autres termes, selon lui, charité bien ordonnée doit commencer par les autres, c’est-à-dire les populations des autres région. Même s’il est possible de lui trouver arguments à cette assertion, il faut reconnaitre que cela pose problème de la part d’un président qui se doit d’être de tous les Sénégalais.

Depuis l’annonce de sa visite dans la région de Matam, des messages lancés par les ressortissants de la localité, dont des intellectuels et gens de la diaspora, ont fait le tour des réseaux sociaux demandant aux jeunes de ne plus servir d’appât aux responsables politiques locaux. De « Titre foncier » (TF), on s’est retrouvé avec un slogan largement partagé « Fouta tampi » (FT). Si on en est arrivé au renversement de la courbe de la sympathie, c’est parce qu’il n’y a pas eu un renvoi de l’ascenseur à cette population qui a accordé à M. Sall 93,32% de ses suffrages lors de l’élection présidentielle de 2019.

Les voix discordantes lors de la venue du président aujourd’hui constitue une alerte importante à capter et à analyser par la coalition au pouvoir. Il y a une totale rupture de confiance entre les résidents et leurs autorités sur le plan local. Nombre de maires des communes de Matam se signalent par leur absence permanente et font montre de négligence énorme envers leurs administrés. Aujourd’hui, une partie de cette population exprime son amertume et sonne la fin de l’état de grâces longtemps accordé à Macky Sall qui visiblement n’a pas érigé la localité au statut de priorité.

Pour ceux qui utilisent le PUDC ou autres programmes pour faire miroiter les « Foutankés », il est temps de leur dire que la question est plus profonde que cela. Il y a surtout urgence de travailler à réduire le chômage qui envoie tous les jeunes dans la conduite de Jakarta et de parer à l’insécurité alimentaire qui est un problème réel dans quelques poches de la zone. Matam mérite mieux, et sans une oreille attentive, les prochains rendez-vous électoraux peuvent voir l’exclusivité accordée à l’APR disparaitre tout simplement.
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